Colère des salariés de Thalès à Cholet: la direction annule sa venue en Maine-et-Loire

14 février 2024 à 11h23 - Modifié : 15 février 2024 à 5h38 par Tom ROSSI

Logo de Thalès
Logo de Thalès
Crédit : Thalès

Attendu ce jeudi 15 février à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire) pour une rencontre avec les 2000 salariés du site de Thalès à Cholet, la direction a finalement décidé de ne pas se déplacer pour des raisons de "sécurité". Les syndicats les attendaient de pied ferme pour faire entendre leur mécontentement après l'échec des négociations annuelles obligatoires sur les salaires (NAO).

La nouvelle action des salariés de Thalès n'aura finalement pas lieu ce jeudi 15 février. Après cinq débrayages en un mois sur le site de Cholet où travaillent 2 000 personnes, l’intersyndicale appelait à manifester à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire) à l’occasion de la venue des dirigeants du groupe qui devaient présenter aux salariés le bilan de 2023 et les objectifs de 2024. La direction a décidé d'annuler sa venue ce mercredi 14 février pour des raisons de "sécurité".

"Une entreprise qui n'est pas endettée, c'est rare !"

Les syndicats réclament la reprise des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, arrêtées sur la proposition de la direction d’une hausse de 3,7 %. C’est en dessous de l’inflation (4,9% en 2023), regrette Anaël Thomas. Le délégué syndical CGT considère que Thalès a les moyens d’augmenter les salaires d’au moins 7%. "Thalès est une entreprise qui va très bien. Notre branche Thales SIX GTS France s'est même permise de rembourser toutes ses dettes. Une entreprise qui n'est pas endettée, c'est rare ! En plus, les dividendes du groupe ont augmenté de plus de 200 % depuis 2015, alors que la hausse des salaires correspond à environ 12 %."

Pour enfoncer le clou, le syndicaliste ajoute que "Thalès s'est permis de mener une politique de rachats d'actions ces deux dernières années. Cela fait polémique. Certains ministres ont même réagi, car si le groupe a les moyens de racheter des actions, c'est qu'il a les moyens d'investir."

Anaël Thomas, délégué syndical CGT
Crédit : Tom Rossi

"Nous luttons pour faire avancer notre pouvoir d'achat, nos droits et ceux de tout le monde."

Même si le salaire médian à Thalès - environ 2 600€ net en CDI pour les non cadres* -  est plus élevé que le niveau national (2091€), ce n'est pas une raison pour ne pas davantage redistribuer aux salariés la hausse du chiffre d'affaires (+8,5% entre 2022 et 2023), selon Anaël Thomas.

"Le discours de la direction est souvent de dire que nous sommes mieux payés que les autres, souligne le délégué CGT. C'est vrai dans le bassin choletais puisque nous avons beaucoup de cadres. Mais, cela ne justifie pas la perte du niveau de vie (avec l'inflation). Par contre, c'est moins vrai si on se compare aux entreprises de Nantes. Nous avons de plus en plus de salariés qui choisissent de démissionner pour aller travailler à Nantes ou Angers où ils trouvent de meilleurs salaires."

"Dire que nous sommes mieux lotis qu'ailleurs, c'est vrai, mais cela culpabilise parfois les salariés. Notre ligne, c'est de lutter pour faire avancer notre pouvoir d'achat, nos droits et ceux de tout le monde parce que si on commence à arrêter de se battre sous prétexte que nous sommes mieux payés, nous serons tous tirés vers le bas dans le temps. Nous soutenons d'autres luttes pour augmenter les salaires de tous". 

Anaël Thomas, délégué syndical CGT
Crédit : Tom Rossi

A la suite de cette annulation de dernière minute, l'intersyndicale prévoit de se réunir pour réfléchir à l'avenir de la mobilisation. Un nouveau débrayage est envisagé.

* Salaire médian de 2600€: la moitié des salariés gagne plus que 2600€, l'autre moins.