Lycées agricoles privés bretons : le ras-le-bol des enseignants "maltraités" par l'Etat

26 mars 2024 à 12h09 - Modifié : 26 mars 2024 à 12h13 par Valentin Monnier

Lycée Briacé du Landreau (44) - illustration
Lycée Briacé du Landreau (44) - illustration
Crédit : Dolorès Charles

Retards de paiement, absence de contrat de travail et de communication : les personnels enseignants des lycées agricoles privés dénoncent ce qu'ils considèrent comme une "maltraitance institutionnelle" dans la région, et ce depuis des mois. Explications avec la FEP-CFDT Bretagne.

Ils sont exaspérés : les  enseignants bretons des lycées agricoles privés expriment aujourd'hui leur ras-le-bol. Entre les gros retards de paiement de salaire, ou d’avancement, l’absence de contrat de travail, les refus de titularisation et surtout l’absence de communication, depuis deux ans les enseignants bretons sont à bout, et pour Boris Genty, délégué Agri FEP-CFDT Bretagne, la situation la plus inquiétante concerne les agents en arrêt maladie.

C'est la situation "la plus dramatique. Au bout d'un moment, ces personnels en arrêt maladie ne sont plus payés par l'État, c'est la prévoyance qui doit prendre le relais, et je peux vous dire qu'on a des situations dramatiques. Les collègues nous disent que c'est plus dur de lutter contre l'administration que contre la maladie... Nous en tant qu'organisation syndicale, on reçoit la souffrance des collègues et c'est eux qui nous parlent de maltraitance... ce n'est pas normal de traiter les gens comme ça... et c'est le cas le plus flagrant.'

Boris Genty, délégué FEP – CFDT Bretagne
Crédit : Valentin Monnier

"Pour les retards de salaire, on est sur plusieurs mois..."

Dans certains cas, les retards de paiement sont de plusieurs mois. "Ce sont des retards, des oublis, des erreurs notamment sur les salaires... Quand des jeunes collègues entrent dans l'enseignement agricole, l'Etat - leur employeur - peut parfois attendre quatre mois, voire plus pour leur verser un salaire ! Ce sont les établissements qui donnent une avance sur salaire, mais sur fonds propres. En Bretagne, c'est une procédure qui marche à peu près bien, mais dans certaines régions, il y a des lycées qui n'ont pas le financement et les collègues n'ont pas d'argent pour vivre ! Ils travaillent depuis quatre mois sans que leur employeur - l'Etat - ne leur ait versé un salaire."

Boris Genty, délégué FEP – CFDT Bretagne
Crédit : Valentin Monnier

Certains "préferent quitter l'enseignement pour un poste où ils sont sûrs d'être payés !"

Face à cette situation, certains agents décident purement et simplement de quitter la profession. "Quand vous arrivez dans un lycée et qu'on vous dit que finalement vous ne serez pas payé tout de suite et que le collègue d'à côté dit qu'il a attendu six mois pour avoir le bon échelon .. eh bien, les gens ils disent 'Non, je m'engage pas'. Dans certaines disciplines comme l'agro équipement par exemple, ce sont des métiers qui sont extrêmement prisés et certains préferent quitter l'enseignement pour un poste où ils sont sûrs d'être payés !"

Boris Genty, délégué FEP – CFDT Bretagne
Crédit : Valentin Monnier

Le syndicat ne remet pas la faute sur les services des Ressources Humaines mais plutôt sur le manque de moyens qui leur sont attribués. Des députés et des sénateurs ont alerté le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, et des professeurs ont contacté les syndicats pour envisager la saisie du tribunal administratif sur le non-paiement des salaires.