Saint-Pol-de-Léon : le président de la SICA tire à boulets rouges sur la proposition de prix plancher !

27 février 2024 à 10h11 - Modifié : 27 février 2024 à 10h21 par Dolorès CHARLES

Stand fruits et légumes dans un supermarché de Loire-Atlantique
Stand fruits et légumes dans un supermarché de Loire-Atlantique
Crédit : Yann Launay

En visite au salon de l'Agriculture à Paris, le président Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un prix plancher, censé garantir un revenu décent aux paysans. Mais la proposition est loin de faire l'unanimité. Pour le président de la SICA de Saint-Pol-de-Léon, Marc Kéranguéven, "quand bien même ces prix planchers réussiraient à voir le jour, ils ne seraient pas difficiles à contourner."

Des prix planchers pour garantir le revenu des agriculteurs : c'est ce que souhaite Emmanuel Macron. Le Président de la République l'a promis lors de son passage au 60è Salon de l'Agriculture samedi dernier. Une promesse qui a fait beaucoup réagir. Des prix minimum seraient calculés pour chaque filière à partir des coûts de production. Une proposition simpliste et impossible à mettre en place, estime Marc Kéranguéven, producteur de légumes et président de Prince de Bretagne.

"40 % des coûts de production moyen d'un légume, c'est de la main d'œuvre et cela peut aller jusqu'à 70 %. Aujourd'hui, on est concurrencés sur notre marché français avec des produits de pays très proches comme l'Italie ou l'Espagne où le coût de main d'œuvre est 36 - 37 % inférieur à celui de la France ! Comment allez-vous mettre un prix plancher en Europe : est-ce qu'on se base sur le coût de production de la main d'œuvre en France, en Espagne ou en Italie ? Même dans le pays, comment voulez vous faire un prix plancher identique ? Le coût de production en lait est nettement inférieur aujourd'hui en Bretagne que dans les montagnes par exemple."

Marc Kéranguéven, président de Prince de Bretagne :"ça ne marchera pas"

Pour Marc Kéranguéven, quand bien même ces prix planchers réussiraient à voir le jour, ils ne seraient pas difficiles à contourner. "J'ai vu des palettes à certains endroits, évidemment pas chez nous parce que nous sommes des structures organisées mais ce genre de pratiques existe - c'est à dire des palettes de 50 colis vendues avec dix colis gratuits. Il est où le prix plancher du produit là ? Comment vous allez contrôler ? Vous faites une facture avec 40 colis, mais il y en avait 50 et c'est plein de choses comme ça, donc ça ne marchera pas !"

Marc Kéranguéven, producteur de légumes et président de Prince de Bretagne
Crédit : Yann Launay

Un système à reconstruire

Plutôt que des prix planchers, pour Marc Kéranguéven, les producteurs attendent un soutien de leur compétitivité, de la part des pouvoirs publics. Le président de la SICA de Saint-Pol de Léon estime aussi que les producteurs doivent s'organiser, dans toutes les filières, pour mieux adapter l'offre à la demande et soutenir les prix.

Marc Kéranguéven, producteur de légumes et président de Prince de Bretagne
Crédit : Yann Launay

"Il faut qu'on se prenne en main, car attendre toujours que les politiques décident pour nous n'est pas la solution. Aujourd'hui, je prône que la production - que les producteurs entre eux se regroupent - et on sait le faire aujourd'hui dans les organisations de producteurs pour défendre nos intérêts et nos prix. C'est là qu'on arrivera à mutualiser, c'est là qu'on va gérer le marché, qu'on va empêcher les prix de s'effondrer. Malheureusement, il y a toujours des aléas qui font que ça pousse beaucoup et que le consommateur en mange moins, il y en a trop sur les marchés et un moment on vendra à des pays autres ou on ne gagnera pas d'argent. Comment on fait pour éviter que ces prix soient catastrophiques et proches de zéro, c'est tout ce système là qu'il faut construire."