Tara part étudier la pollution plastique

24 mai 2019 à 15h40 par Emilie PLANTARD

Tara, le bateau scientifique rattaché au port de Lorient, repart bientôt en mission. Cette fois il s'agit de remonter aux origines de la pollution plastique.

HIT WEST
Le Tara, sur les pontons de son port d'attache, Lorient
Crédit : Hit West

Une nouvelle mission  pour Tara : la goélette scientifique quitte Lorient lundi (27 mai), pour un périple de 6 mois dans toute l'Europe. Tara va remonter 10 des plus grands fleuves européens et traquer les microplastiques avant même que ces polluants n'aient atteint la mer. Et pour mener cette enquête, l'équipage va donc partir à la pêche aux microplastiques, au sens premier du terme, comme l'explique Martin Hertau, capitaine de Tara :

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"On fait un trait de filet  pendant 30 minutes, on remonte le filet, ensuite on tamise, et après il faut trier : cela se fait avec des pinces à épiler, c'est assez laborieux.. Il faut trier tous les mirco-plastiques des organismes vivants qu'on trouve, voir quelles sont les interactions avec tous ces microorganismes.."

L'étude des échantillons et des données collectées se poursuivra dans différents laboratoires.

Cette nouvelle mission de Tara n'est pas seulement scientifique :

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"Il y a deux choses : comprendre comment ça marche, quelle action ces microplastiques peuvent avoir sur les écosystèmes, et après, c'est de sensibiliser sur le fait qu'il est illusoire de vouloir nettoyer la mer, il faut agir en amont, tout se passe à terre... Il faut commencer à orienter les politiques, faire pression sur les entreprises pour qu'elles diminuent les emballages, et stimuler la recherche sur de nouveaux types d'emballages moins nocifs pour l'environnement.."

Si l'étude de la pollution aux microplastiques est l'objet principal de la misson, une autre étude va être menée les premiers jours du voyage, dans le Golfe de Gascogne : Tara va mettre le cap sur un "bloom" qui a été repéré au large des côtes bretonnes, pour mieux comprendre ce phénomène de prolifération massive et ponctuel de plancton. Les explications de Sarah Romac, biologiste à la station de Roscoff :

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"C'est une prolifération de microalgues que nous allons étudier, c'est du plancton végétal, c'est la base de la chaîne alimentaire, et cela produit la moitié de l'oxygène que l'on respire sur Terre.. Il y a un enjeu climatique : on étudie les mécanismes d'adaptation et d'acclimatation du placton dans l'écosystème marin.."


Tara devait initialement larguer les amarres jeudi (23 mai), mais la goélette n'était pas prête, elle qui sortait pourtant de plusieurs mois de chantier. Le bateau (qui vient de fêter ses 30 ans) aurait-il pris un  coup de vieux ? La réponse du capitaine, Martin Hertau :

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"On a eu un petit incident technique, qui est réglé, qui peut arriver après 6 mois d'arrêt technique aussi lourd : on a changé les lignes d'échappement, mis deux groupes pour avoir plus d'énergie, on a changé des parties du gréement, elle a fait une vraie cure de jouvence, elle est repartie pour de nouvelles aventures.."

Sur les 6 mois d'expédition, 18 escales sont programmées au total, Tara va lancer ses filets à l'embouchure de la Tamise, du Rhin, de la Seine, de la Loire, de la Garonne, ou encore du Tibre en Italie. Mais dans l'immédiat, Tara met donc le cap sur le Golfe de Gascogne, pouir étudier une prolifération de plancton, avant de faire escale à Saint Malo, début juin, au début du festival Etonnants Voyageurs.

Un reportage de Yann LAUNAY