Les motions de censure rejetées par l'Assemblée

4 mars 2020 à 7h10 par Alexandra BRUNOIS

Il l'a fait⬦ Edouard Philippe a eu recours au 49-3 ce week-end ! Une journée de mobilisation nationale est prévue ce mardi partout en France à l'appel de l'intersyndicale déjà mobilisée depuis samedi. Reportage d'Emilie Plantard

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Après 13 jours de débats sans fin sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le Premier Ministre a dégainé samedi le 49-3 pour faire adopter le texte sans vote. Il avait obtenu un peu plus tôt le feu vert du Conseil des Ministres.

Une décision dénoncée évidemment par l'opposition et les syndicats… C'est "la pire des solutions". Une journée de mobilisation nationale est d'ailleurs prévue ce mardi à l’appel de l’intersyndicale après le recours du gouvernement au 49-3. 

Sans surprise, l’Assemblée nationale a rejeté hier soir, les motions de censure de droite comme de gauche opposées à l’usage du 49-3 pour faire passer la réforme des retraites sans vote. Les deux motions de censure ont rassemblé respectivement 148 et 91 voix contre les 289 suffrages de la majorité absolue nécessaire. Le projet de loi est donc adopté sans vote.

Dans la rue, la mobilisation a été plutôt clairsemée hier mardi contre le 49-3. A l’appel de l’intersyndicale, ils étaient 700 à Nantes, 400 à Saint-Nazaire, 300 à Angers, 250 devant la sous-préfecture de Brest, idem à la préfecture de Saint-Brieuc, Laval et Rennes, 200 à La Roche-sur-Yon, 80 à Cholet,une soixantaine à Quimper. A Rennes, 80 avocats ont manifesté pour une marche funèbre hier soir.

Pour rappel dans le Morbihan, il n’y a aucune manifestation du fait des mesures de précautions mises en place face au coronavirus. Les syndicats avaient appelé à manifester dans les départements limitrophes.

De nouveaux rassemblements sont prévus demain jeudi à 18h partout en France… avant une nouvelle journée d’action le 31 mars.

PLUSIEURS MANIFESTATIONS DEPUIS SAMEDI

L'annonce du recours au 49.3 par le 1er ministre, samedi 28 février, n'a pas achevé la volonté des syndicats de mettre fin à ce projet de loi contre la réforme des retraites. Après un dimanche de consultations, coups de fil et réunions, le mot d'ordre a été donné de se rassembler dès lundi soir.

Dans le Finistère par exemple, ils étaient 250 à Quimper, 150 à Morlaix, 80 à Quimperlé, manif aussi à Brest et Carhaix. 150 personnes mobilisés aussi à Lannion. Ils étaient une trentaine aux Sables d'Olonne et une soixantaine à Châteaubriant. A Rennes, le cortège était plus fourni avec 1 500 manifestants.

A Nantes, environ 1200 personnes selon Ouest-France se sont données rendez-vous devant la préfecture, pour dénoncer le geste du gouvernement, qu'ils associent à un déni de démocratie. Un rassemblement dans l'urgence, mais indispensable selon Céline Sierra, co-secrétaire SNUIPP 44

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"Oui dans l'urgence et dans la colère. C'est quand même invraisemblable que le gouvernement utilise le 49.3 pour faire passer une loi, suscite autant de désaccords, de débats, donc oui il faut être mobilisé aujourd'hui, il faudra certainement l'être demain, parce qu'on est dans un déni de démocratie total, dans lequel l'assemblée nationale est même privée de sa fonction".

Le cortège a ensuite défilé dans les rues de Nantes, jusqu'à la gare ou un groupe a réussi à pénétrer sur les voies, bloquant les trains. Dans les rangs, on est lucide sur l'avenir de cette loi, mais l'élan revendicateur n'est en rien altéré.

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"Elle va passer, on en est conscients. Nous ce qu'on espère c'est que la pression de la rue soit suffisante pour que le gouvernement la retire. Le gouvernement pour l'instant est convaincu qu'elle peut passer parce que la pression de la rue, à ses yeux, est insuffisante, or nous on est convaincue que la pression de la rue elle peut augmenter, l'opinion publique est toujours défavorable à la loi et elle a la capacité de le dire".

L'intervention du 1er ministre n'est pas réellement une surprise, l'utilisation du 49.3 était évoquée depuis quelques temps. Yann Couroussé est secrétaire adjoint FO44, lui, c'est autre chose qui l'a surpris.

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"Le 49.3, on savait qu'il était dans les tuyaux depuis au moins 1 semaine, on va dire que la surprise c'est que ça se passe avant les municipales, ce qui veut dire que le gouvernement est de plus en plus isolé, on a l'impression que les municipales sont déjà derrière, qu'is ont déjà acquis la défaite, et que, perdu pour perdu, il faut passer en force le plus vite possible".

Dans la manifestation, on retrouve des hommes, des femmes, syndiqués ou pas, qui ont déjà participé à de nombreuses manifestations contre ce projet de loi. Le sentiment général est l'écoeurement.

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"On est en colère, parce qu'on s'en fout, parce qu'on ne nous écoute pas. On ne peut pas continuer à nous imposer à des choses comme ça, en se foutant des gens, en continuant à nous faire trimer comme ça, on a déjà du mal à vivre et maintenant on nous envoie travailler jusqu'à pas d'âge... Moi je pense que c'est une déclaration de guerre contre la population, on nous fait les poches, pour enrichir encore plus les riches... Je pense que le scénario était déjà écrit mais ça ne nous empêche pas de dire haut et fort ce qu'on pense, le patronat veut nous casser nos retraites, et ça c'est hors de question, c'est juste pas possible."

Une nouvelle manifestation sera organisée dès aujourd'hui mardi à 12H49 devant la préfecture. D'autres devraient être rapidement calées.

LES PREMIERS RASSEMBLEMENTS DE CE WEEK-END

Ils étaient une cinquantaine de personnes rassemblées en centre-ville de Quimper samedi soir.

Une centaine de gilets jaunes venus notamment de Lorient, Rennes, Saint-Malo, de Mayene et Angers ont manifesté hier au Mont-Saint-Michel. Une action symbolique pour montrer leur mécontentement.

Une manifestation contre le 49 .3 hier aussi à Rennes. Une nouvelle manifestation est prévue ce soir à 18H à Rennes

A Saint-Brieuc, près de 300 manifestants ont manifesté hier.

A Nantes, samedi soir, un 1er rassemblement s'est déroulé quartier du Bouffay, les manifestants qui ont tenté de rejoindre la Préfecture ont été bloqués par les forces de l'ordre.

A Angers, une manif elle s'est tenue hier soir devant la préfecture.