LDLC, cette entreprise qui croit aux 32 heures

21 septembre 2020 à 9h16 par Emilie PLANTARD

A partir de janvier 2012, les 130 salariés du groupe LDLC implanté à Grandchamp-des-Fontaine vont gagner 1 journée par semaine en passant aux 32 heures. Un choix de leur patron lui-même, convaincu par cette avancée.

HIT WEST
Elodie, salariée heureuse de cette décision
Crédit : @Hit West

Quand l’annonce est tombée en juillet dernier, c’est la surprise qui a dominé tous les salariés de cette entreprise de Grandchamps-des-Fontaines, en Loire-Atlantique. Matériel.net, vous connaissez peut-être ce spécialiste de la distribution et du montage de matériel informatique, a été racheté en 2016 et fait désormais partie du groupe lyonnais LDLC. Or, le PDG du groupe a pris la décision rare de passer la plupart de ses collaborateurs aux 32 heures hebdomadaires, pour le même salaire. Une heure de plus travaillée par jour, mais un jour de moins dans la semaine. Laurent de La Clergerie s’est inspiré d’autres expériences :

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"Ça fait plusieurs années qu’on travaille sur le bien-être des salariés en entreprise, et ce qui m’a planté la graine de ce sujet c’est Microsoft qui, au Japon, a mis ses salariés sur 4 jours, en leur offrant le vendredi et s’est rendu compte qu’il y avait une meilleure productivité. Et en lisant cet article, je me suis renseigné sur le fait de travailler 4 jours, j’ai vu qu’il y avait des boîtes dans plein de pays qui le faisaient, que globalement, ils étaient en gain de productivité. Je me suis dit, est-ce que ce truc-là, je peux l’appliquer chez moi ? Et en faisant le calcul, je me suis dit, oui je peux le faire, donc je vais le faire."

Un coût maîtrisable par l'entreprise

On imagine le bénéfice pour les salariés, mais moins facilement pour l’employeur qui va devoir embaucher un minimum pour compenser une partie de ce manque de présence humaine. Et pourtant, lui affirme que cela ne devrait pas trop impacter le groupe, qui gagnera en productivité sur le long terme.

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"Pour l’entreprise, c’est un investissement d’1 million d’euros à peu près. Ce sont les embauches que j’ai estimé faire pour compenser les heures qui va me manquer à la fin. Il faut ramener ça au fait que l’entreprise fait 600 millions de chiffre d’affaire et va faire environ 38 millions de résultat cette année. Donc ce n’est pas très cher pour l’entreprise, et même si à la fin je ne devais pas m’y retrouver, parce que moi le paris c’est que je ne vais pas perdre à la fin, au pire j’aurai 1 million de résultat en moins à la fin et ça ne serait pas si grave, j’aurais au moins des salariés heureux de travailler."

Un patron convaincu...

L’heure est aujourd’hui à la préparation et à l’anticipation pour réussir à passer au mieux ce cap important. A partir de janvier prochain, tout le monde se lancera. La direction, elle, observera mais Laurent de la Clergerie n’imagine pas faire machine arrière.

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"L’hypothèse c’est qu’on y va, on aura certainement des choses à recaler parce qu’on n’aura pas imaginé 1 ou 2 cas et je le vois déjà type des salariés chez nous qui travaillent en plus de LDLC et qui prennent 3 heures de travail en plus le soir pour compléter leur salaire. Le fait de travailler 8 heures par jour sur 4 jours, ils vont travailler 11H par jour, ils n’ont pas le droit. Ça les embête finalement. Il y a quelques travers dans le système il va falloir qu’on arrive à caler ça, mais ce sont des minorités. A moins qu’il y ait un gros problème que je n’ai pas vu, il n’y a aucune raison qu’on revienne en arrière."

Et des salariés enthousiastes

Côté salarié, à Grandchamps-des-Fontaines, l’étonnement a vite laissé la place à l’enthousiasme. Ici, on gère le service commercial, l’entrepôt et le montage des ordinateurs. Et cette journée supplémentaire de repos apparaît comme un cadeau.

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"Beaucoup d’étonnement parce que, compte tenu du contexte actuel ce n’est pas forcément le genre d’annonce auquel on s’attendait… A part le mot Whouaou il n’y a pas grand-chose d’autre à dire, parce que c’est surprenant et c’est forcément une bonne nouvelle, surtout que je suis enceinte donc je me projette très bien… On est heureux, moi en tous cas je le suis, si je peux je prendrai mon mercredi donc un jour de qualité en plus avec mes enfants, et un gain pour tous, un gain d’argent puisque j’aurai moins de frais de garde, il y aura une journée de moins de frais de route aussi donc forcément on y gagne."

32H LDLC BUREAUX.JPG (974 KB)

Ce n’est tout de même pas tout à fait gratuit puisque la quantité de travail reste la même. Mais le bien-être du salarié est gage de qualité de travail, les salariés sont d’accord et y voient tout de même un sérieux avantage.

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"Tout de suite on fait des plans sur la comète en se disant que ce jour, on va l’utiliser à bon escient, que ce soit pour des démarches administratives qui seront plus simple s’un samedi, ou bien tout simplement faire une pause et penser un peu à nous… De nombreuses fois dans ma journée je décroche 5 minutes, je me dis qu’il faut que je pense à ce rendez-vous, et là ce sont autant de tâches personnelles que je pourrai placer ce jour-là, à me dégager de ça de l’esprit et me concentrer sur mon travail… Après, à voir la mise en pratique t les lignes qui seront mises en place et imposées pour cette semaine à 4 jours, ça ne sera que positif je pense."

Il faudra que tout le monde joue le jeu de la réussite, on vous en reparlera certainement !