Langouët : Le maire prêt pour son audience

21 août 2019 à 16h00 par Emilie PLANTARD

Le maire de Langouët (35) se dit déçu de la préfète mais il assume son arrêté, qu'il doit défendre devant le tribunal administratif ce jeudi 22 août.

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Crédit : @Langouët / Facebook

Le 18 mai dernier, lorsqu’il a pris son arrêté interdisant l’épandage de pesticide à moins de 150 mètres d’une zone d’habitation pour protéger les habitants, Daniel Cueff, le maire de la petite commune de Langouët, ne s’attendait certainement pas à devoir être convoqué devant le tribunal administratif quelques mois plus tard. Mais après avoir refusé de le retirer, le voilà obligé de se présenter devant la justice à la demande de la préfecture, cette dernière jugeant qu’il n’a pas la compétence de prendre une telle décision. Daniel Cueff ne comprend pas cette décision.

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"Madame la préfète, c’est elle qui saisit le tribunal administratif, donc je suis un peu déçu car j’avais quand même un argumentaire de plusieurs pages qui justifiait le fait de protéger la population de façon rapide. Aucun de mes arguments n’est retenu par madame la préfète qui s’en tient à quelque chose de purement formel qui est le fait que, de son point de vue, cela ne relève pas de la compétence d’un maire. Ce n’est pas un caprice, en se levant le matin, tiens je vais prendre un arrêté qui va emmerder tout le monde ! Nous avons une connaissance aujourd’hui très importante du danger que représentent les pesticides. Quand vous prenez un bidon de produits phytopharmaceutiques, il y a une tête de mort dessus, on demande à l’agriculteur de ne pas retourner dans son champ 20 minutes après l’épandage tellement c’est dangereux et on voudrait faire comme si ça n’existe pas ? Les gens ne sont plus du tout d’accord de se laisser empoisonner. "

Faire face à cette épreuve

Alors le maire de Langouët assume et fait front. Il se présentera mercredi au tribunal et défendra sa position. Ce premier jugement en déféré est censé déterminer s’il faut suspendre l’arrêté le temps de l’instruction, avant de juger ultérieurement si le maire est fautif ou pas. Un exercice inédit pour Daniel Cueff mais pour lequel il s’est préparé.

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"Je ne suis pas un habitué des tribunaux du tout donc je suis entouré par un staff de juriste qui m’aident à construire mon argumentaire, sur des bases juridiques nombreuses et cohérentes. Je vais essayer d’avoir une défense vertébrée, probablement offensive."

Des soutiens nombreux

Depuis le mois de mai, 5 plaintes ont été déposées auprès du procureur de la république pour non-respect de l’arrêté municipal. A Langouët, le sujet divise les agriculteurs et les riverains, depuis déjà longtemps et le maire voulait agir pour éviter des conflits entre les habitants de la commune, sans imaginer les proportions que prendrait cet arrêté. Malgré tout, les soutiens affluent. Les pétitions en ligne lancées spontanément pour appuyer la position du maire ont récolté plus de 100.000 signatures au total.

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"J’ai hésité longtemps à prendre cet arrêté parce que je ne voulais pas chagriner une partie de la population mais je voyais bien que je laissais s’installer un conflit entre agriculteurs et non-agriculteurs et cet arrêté posait les choses sur la table. Par contre je suis surpris des milliers de soutiens que je reçois, je ne m’attendais pas à ça donc ça fait sens. Il y a quelque chose qui se passe dans la population, il y a une bascule."

Le comité de soutien du maire organise une dernière manifestation ce jeudi 22 août à partir de 9H30, devant le tribunal administratif de Rennes.

La position des agriculteurs

A la veille de la comparution du Maire de Langouet, Cédric HENRY, le président de la FDSEA35, prend la parole dans une tribune :

communiqué FDSEA Langouet.PNG (133 KB)