En Bretagne, attention au soleil !

20 juillet 2020 à 7h57 par Emilie PLANTARD

Le message semble avoir du mal à passer, et pourtant le soleil est aussi nocif en Bretagne que sur les plages méditerranéennes. Résultat, chaque année, la région est celle qui compte le plus de cancers de la peau. Un dermatologue tire la sonnette d'alarme et rappelle combien il est important de se protéger.

HIT WEST
Crédit : @Hit West

Il y a 3 fois plus de cas de mélanomes en Bretagne (1350 en 2014), qu’en moyenne en France. Le constat n’est pas nouveau et pourtant il perdure, malgré la prévention faite à ce sujet. Le docteur Marc Pérussel, dermatologue à Auray et au CHU de Pontchaillou à Rennes l’a lui-même observé.

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"Moi j’ai la particularité d’avoir eu une grande partie de mon temps d’exercice en région parisienne, et il y a 6 ans j’ai débarqué en région Bretagne et donc j’ai vu la différence sur le plan de la fréquence de ce type de cancers de la peau et qui m’a alerté. On sait qu’on est une région à risque et en 2017 il y a eu une étude et sur les 5 départements où il y en avait le plus, il y avait les 4 départements bretons. Et à tel point que la fréquence était 3 fois plus élevée que dans les autres départements."

Une sensation de fraîcheur trompeuse

Et ce qui fait la différence en Bretagne, c’est la météo. Non pas le manque de soleil, l’indice UV est aussi fort qu’ailleurs, mais cette petite brise rafraîchissante, ces nuages qu’on croit protecteurs et cette température, un peu moins élevée, qui sont en réalité des pièges.

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"En Bretagne, on a l’impression qu’il fait doux, alors qu’il fait le même temps qu’à Cannes, et à Cannes lorsque vous sortez à midi, ça pique, c’est un élément d’alerte que nous n’avons pas en Bretagne. Lorsque nous sortons, nous avons l’impression que c’est agréable et nous allons rester plus longtemps au soleil, sans gêne, mais les dégâts causés par les UV sont identiques. Et donc ils vont arriver au niveau de la peau, provoquer des dégâts cellulaires, que la peau n’aura plus le temps de cicatriser."

Des comportements peu prudents

On a donc tendance à prendre plus de risques en Bretagne. Or, qu’on soit un homme ou une femme, on doit se protéger du soleil, en particulier pendant l’enfance.

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"Dès la première enfance, notre peau est immature vis-à-vis des UV et le temps passé au soleil va provoquer une consommation du capital soleil. Et il faut savoir qu’à partir de 3 coups de soleil au même endroit, on augmente de 30% le risque de développer un mélanome. Lorsqu’on sort entre midi et 16H, et qu’on reste discuter sur la place du marché, on est exposé au soleil. Et enfin la 3è chose c’est la surexposition, la toast attitude. Vous augmentez le temps de contact au soleil, plusieurs minutes qui vous font dorer la pilule mais qui brûlent la peau."

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Une protection indispensable

Ainsi, des professions sont particulièrement exposées, dans le bâtiment, la pêche ou l’agriculture. Il est donc recommandé, si vous ne pouvez pas éviter les heures les plus chaudes, de vous protéger. Et sur toutes les parties du corps.

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"La protection elle est avant tout mécanique. Chapeau, lunette de soleil, vêtements amples… Après, sur les zones qu’on ne peut pas couvrir, mettre un écran solaire le plus élevé possible, en quantité suffisante, par exemple, le creux de la pomme de la main au niveau du visage et à appliquer le matin au petit dej, le midi à l’apéro, à 14H au café et à 16H au goûter. Et puis si on va se baigner, il faut en rajouter une couche !"

Des consultations gratuites

Si toutefois vous aviez un doute, sachez que la CPAM autorise et rembourse une consultation chez le dermatologue par an, sans avoir à passer chez le médecin traitant. D’autant que certains signes doivent alerter.

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"La première chose lorsqu’on s’examine, et qu’on voit qu’il y a quelque chose de bizarre, il faut faire la règle de l’ABCDE. A si la tâche est asymétrique, B si les bords sont irréguliers, C si les couleurs ne sont pas homogènes, un diamètre supérieur à 6mm et E, le bouton change dans le temps. A partir du moment où on a 5 critères, il faut consulter un dermatologue. La deuxième chose, vous avez plein de boutons, de grains de beauté, ils sont tous pareils, sauf 1. Il faut consulter."

Sachez enfin que plus un cancer ou un mélanome est détecté tôt, plus la chance d’en guérir est importante. Chaque année, on dénombre 9000 nouveaux cas de mélanomes en France.