Des pompiers de l'Ouest s'équipent de caméras

24 septembre 2019 à 19h18 par Emilie PLANTARD

Face au nombre grandissant d'agressions en cours d'intervention, les sapeurs-pompiers de Loire-Atlantique, du Morbihan et du Maine-et-Loire vont tester le port de caméra-piétons à partir de Novembre.

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Crédit : Hit West

Un décret du 17 juillet 2019 autorise désormais les sapeurs-pompiers à s’équiper de caméras individuelles à titre expérimental. Un test à échelle nationale qui concerne 11 départements, dont la Loire-Atlantique, le Morbihan et le Maine-et-Loire. Le SDIS 44 fait partie des 5 SDIS les plus exposés en France, 16 caméras mobiles vont donc y être réparties dans 9 centres des agglomérations nantaise et nazairienne, ainsi qu’à Châteaubriant. Jusqu’à février 2022, les pompiers pourront s’en équiper lorsqu’ils partiront en intervention et la déclencher lorsque la situation leur semblera dégénérer.

Le capitaine Yvonnik Tacet, officier de mission caméra au SDIS 44 décrit leur utilisation de la caméra :

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"Concrètement, à l’appel de secours, le pompier va monter dans le camion avec une caméra, via arriver sur l’intervention, la caméra est toujours en veille. Si le pompier se fait agresser, il déclenche la caméra en prévenant l’agresseur. Il arrête l’enregistrement quand l’agression cesse. Au retour à la caserne, il remet la caméra sur son chargeur et l’enregistrement vidéo sera déchargé et sécurisé automatiquement sur un dock informatique. Le pompier n’aura pas accès au contenu."

Un usage très encadré...

L’agresseur ne peut pas s’opposer à être filmé. En revanche, la loi est rigoureuse en ce qui concerne l’utilisation des images, qui ne seront à la portée que des personnes autorisées à les exploiter. Face à l’augmentation des faits de violence envers les pompiers en intervention, ce nouvel outil peut s’avérer efficace. Le colonel Michel Tellanger est directeur adjoint du SDIS 44 :

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"D’abord l’objectif c’est d’assurer la sécurité des pompiers en intervention et pour cela, de pouvoir disposer d’éléments de preuve à disposition la justice en cas d’agression. Ça veut dire que les images filmées seront mises à disposition des enquêteurs et des services de Police et de justice en cas de dépôt de plainte. L’autre volet c’est le volet dissuasif c’est à dire que le retour  d’expérience des policiers et gendarmes qui utilisent ce dispositif depuis plusieurs années montre que à chaque fois que le dispositif est utilisé, le niveau d’agressivité des individus auxquels les sapeurs-pompiers pourront être confrontés aura tendance à baisser."

Caméras piétons pompiers.jpg (175 KB)

Mais dissuasif

Au centre de secours de Rezé, le capitaine Tassé explique comment les pompiers sont de plus en plus régulièrement confrontés à des victimes agressives, souvent alcoolisées, parfois armées, en milieu urbain, comme en milieu rural. Ils sont le plus souvent victimes d’insultes, de menaces de mort, de coups, de projections d’objets mais parfois aussi de tentatives d’agression avec des armes blanches. C’est ce qui est récemment arrivé à un des pompiers de la caserne. Même si ils auront toujours le choix de s’en équiper, l’arrivée des caméras est plutôt bien perçue.

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"Le dispositif est expérimental et va durer 18 mois. Ca rassure énormément les pompiers de pouvoir porter ces caméras et je pense que l’expérience montrera que cela va pouvoir désamorcer des situations conflictuelles où par exemple un bon père de famille qui ne va pas bien et qui agresse des pompiers, quand il verra la caméra, se calmera tout de suite et revenir à une sérénité importante pour la délivrance des secours. On espère énormément de l’aspect préventif. Il faut comprendre que la priorité c’’est que le pompier ne se fasse pas agresser."

Compte tenu de cette augmention constante des actes de violences, dégradations et vols, les pompiers vont également renforcer la sécurité de leurs centres de secours. Des films anti-projectiles seront posés sur les vitres des véhicules. Ils vont enfin pouvoir bénéficier de formations sur l’approche relationnelle de la victime et sur les comportements à adopter face à l’agresseur. En France, les sapeurs-pompiers subissent en moyenne 5 agressions par jour.