Des coquilles St-Jacques en abondance

27 octobre 2020 à 7h31 par Alexandra BRUNOIS

Alors que la saison de la coquille Saint-Jacques a démarré, le mollusque est au rendez-vous, et même dans des proportions surprenantes. Les explications d'un chercheur de l'Ifremer avec Yann Launay

HIT WEST
Crédit : Hit West (Archives)

En baie de Saint Brieuc, où une étude a été menée en septembre, la coquille semble en pleine forme, avec une augmentation du nombre de coquilles adultes comme des plus jeunes, comme le confirme Spyros Fifa, chercheur à Ifremer et spécialiste de la Saint-Jacques :

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"La croissance, et le potentiel immédiatement exploitable, par rapport à 2019, a augmenté de 43%, et c'était déjà une des valeurs les plus fortes observées depuis un demi-siècle... Pour les coquilles qui entrent dans la phase exploitable, celles qui ont 2 ans, c'est l'abondance la plus forte jamais enregistrée... C'est énorme..."

LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE PLAIT A LA COQUILLE

Pour Spyros Fifas, plusieurs facteurs expliquent cette abondance :

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"La coquille Saint Jacques, en Manche, apprécie bien les caractéristiques actuelles du climat : elle s'accomode bien du réchaufement climatique, dans ses limites actuelles. Deuxième élément : des mesures de sélection des tailles ont été prises, en augmentant le diamètre des anneaux des dragues de pêche, ce qui permet de sauvegarder les jeunes coquilles. Et troisième élément : covid... Le confinement, pui une reprise de la pêche très modérée, après la mi-mars..."

Le réchauffement climatique profite aux coquilles Saint Jacques en Manche, en favorisant leur reproduction :

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"Il faut un seuil de température pour que les coquilles Saint Jacques commencent à développer le corail, la partie rouge que l'on trouve sur une coquille, qui est l'appareil génital de la coquille Saint Jacques. Avant, il y a avait une reproduction qui devait réussir en peu de temps. Maintenant, cela commence plus tôt, et peut-être y a-t-il plus de reproductions réussies sur l'année. Actuellement, des coquilles Saint Jacques, on en trouve jusqu'au cercle polaire, c'était inimaginable il y a 50 ans..."

LA SAINT-JACQUES MENACEE

Cette abondance est donc une bonne nouvelle en apparence seulement : pour Spyros Fifas, à terme, le réchauffement climatique menace la survie de la coquille dans nos eaux :

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"S'il y a un réchauffement trop précoce, il peu y avoir une dégénérescence de l'appareil génital de la coquille. Ensuite, il y a aura forcément moindre renouvellement des générations. Si la pression de pêche reste au même niveau, l'avenir n'est pas rose pour la coquille. Au Moyen-âge, il y a eu des coquilles Saint Jacques en Galice, en Espagne, d'où le pélérinage de Compostelle, il n'y en a plus : elles ont une adaptabilité, ces espèces, mais il y a des limites..."

La pêche se poursuit en Baie de Saint-Brieuc, jusqu'en avril. Elle démarre tout juste en rade de Brest, alors que les pêcheurs morbihanais devront attendre la fin du mois pour lancer leurs dragues autour de Groix et Belle-Ile.