Bénéteau s’apprête à réduire la voilure

15 septembre 2020 à 6h57 par Emilie PLANTARD

Le groupe vendéen fabriquant de bateaux et de mobile-homes doit affronter la tempête Covid et prévoit, pour ça, de fermer des usines. Les discussions avec les syndicats sont en cours.

HIT WEST
Crédit : @Beneteau/Facebook

En juillet dernier, la direction du groupe Bénéteau dévoilait son plan stratégique pour les 5 prochaines années, « Let’s go beyond », traduisez : « Allons au-delà ». Baisse des ventes pendant le confinement, contexte mondial morose concernant le nautisme… Le groupe veut se restructurer en fonction. Cela passera par un plan de réorganisation mondial, annoncé dernièrement, qui prévoit des fermetures ou des mises en sommeil d’usines et des licenciements. En Vendée, 2 sites de production sont concernés. Les discussions avec les syndicats ont d’ores et déjà démarré avec, entre autres, Emmanuel Landreau, délégué central CFDT. Le défenseur des salariés ne renie pas les nuisances causées par le Covid, mais il les replace dans une gestion globale du groupe :

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"On a changé de direction depuis 1 an 1/2, la nouvelle direction est venue étudier un peu toutes les façons de fonctionner de l’entreprise et a jugé qu’elle n’était pas assez performante et qu’elle était en perte de vitesse. Donc il y avait une réorganisation de l’entreprise qui était dans le tuyaux, qui devait être annoncée mais le Covid est passé par là, qui est venu aggraver la situation. S’en suit un plan social décidé par la direction. Malgré tout, il ne faut quand même pas se voiler la face, la baisse du chiffre d’affaire estimé est entre 20 et 50% suivant les entités donc on ne peut pas ne rien faire…"

Les remous causés par la Covid-19

En Vendée, fief de Bénéteau, 2 usines et 395 salariés sont concernés. Ces annonces ne sont pas une réelle surprise, les employés étaient lucides sur les effets du confinement sur le marché du nautisme et sur les conséquences en interne…

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"Pas trop de production, pas trop de livraisons, les gens étaient déjà inquiets et s’attendaient à des nouvelles de ce genre. Ça devient violent à partir du moment où on explique aux gens qu’à partir du 1er janvier, votre usine est fermée, vous ne travaillerez plus dedans, il faudra accepter de travailler ailleurs. Donc en Vendée, il y a l’usine de Challans et celle de L’Herbaudière sur l’île de Noirmoutier, qui vont fermer. Donc les employés de ces usines vont devoir se positionner sur de la mobilité interne, à Saint-Gilles et éventuellement sur le pourtour yonnais où il y a des usines, à Belleville, à Dompierre-sur-Yon, ou alors s’ils n’acceptent pas cette mobilité, ils seront licenciés."

Opération sauvetage des salariés

L’objectif dans un premier temps est de trouver un accord sur le chômage partiel de longue durée. Puis les 2 parties devront trouver un accord sur la mise en place du PSE, via un plan de mobilité notamment. Les syndicats vont devoir défendre aux mieux les salariés mais la direction semble aujourd’hui ouverte au dialogue. Emmanuel Landreau :

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"On va se battre. Si notamment les licenciements sont finalement contraints, pour que les gens ne partent pas les poches vides. Pour que la direction mette ce qu’il faut pour les accompagner, que ce soit dans du reclassement, dans des primes de licenciements, de l’accompagnement psychologique… Pour les personnes qui vont accepter de bouger, il faut aussi qu’on leur donne les moyens de bouger. Ça passe par de l’argent, ça peut être des primes à la mobilité, mise ne place de navettes avec des cars… Il y a plein de façons de faire pour que ce soit plus facile à digérer pour les gens."

Un horizon pas si sombre

Ce plan de restructuration est loin d’être le premier pour le groupe, tant le milieu du nautisme est sensible et cyclique. Les syndicats en ont conscience. Pour autant, le groupe est solide et il ne faudrait pas que la crise sanitaire masque une volonté de faire des économies sur le dos des salariés.

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"Malgré tout l’entreprise a de solides réserves financières, des moyens de rebondir… Même si c’est compliqué, notamment les salons qui sont annulés, les services commerciaux peuvent trouver d’autres moyens de contacter les clients et de leur faire visiter des bateaux, virtuellement… Nous on ne veut pas que les salariés fassent les frais d’une réorganisation qui ne chercherait que de la performance supplémentaire, sous couvert du Covid."

Les accords sur le chômage partiel devraient aboutir à la fin du mois, ceux concernant le PSE devront quant à eux trouver une issue avant la fin de l’année 2020. Nous avons joint le groupe Bénéteau, mais la direction a refusé de répondre à nos questions.