Aurez-vous des huîtres à Noël ?

13 décembre 2018 à 15h14 par Katell LAGRE

A l'approche de Noël, c'est le grand rush, chez les ostréiculteurs : une grande partie de leur chiffre d'affaires se joue sur les 15 derniers jours de l'année.

HIT WEST
Philippe Le Gal, ostréiculteur à Surzur
Crédit : Yann Launay

Philippe Le Gal est ostréiculteur à Surzur, sur la côte morbihanaise, et président du Comité national de la conchyliculture. Chez lui comme chez ses confrères, les trieuses et calibreuses entrent en action tôt le matin pour préparer les précieux coquillages :

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"Ces huîtres ont 4 ans : elles sont triées, calibrées, et on va les remettre en bassin de manière à ce qu'elles se purifient, qu'elles soient bien fines, bien claires pour pouvoir les vendre au consommateur... Cette année, on a un beau produit, même si l'année a été difficile : on a eu un déficit de pluviométrie depuis le printemps, et la pluie est importante pour nous : elle apporte en mer des minéraux qui permettent le développement du phytoplancton, dont se nourrissent les coquillages... Cette année les huîtres sont plus petites, les tonnages sont en baisse d'environ 30%."

Cette année, dans l'Ouest comme sur les toutes les côtes françaises, la qualité est au rendez-vous, mais la production est en baisse.

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LES OSTREICULTEURS IMPACTES PAR LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES

Il y a quelques mois, les ostréiculteurs pensaient qu'il n'y aurait peut-être pas d'huîtres pour Noël, à cause d'une année trop sèche. Paradoxalement, à quelques jours des fêtes, c'est la peur de ne pas vendre toute la production qui a pris le dessus. Entre-temps, le mouvement des Gilets jaunes est passé par là. Les ostréiculteurs sont impactés, et ne cachent pas leur inquiétude :

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"Le commerce de l'huître est figé depuis 15 jours, les plates-formes de distribution tous les jours nous envoient les listes de livraisons possibles ou impossibles en fonction des lieux, cela crée un climat qui n'est pas serein, et je ne suis pas sûr que le consommateur aille dans les magasins ou chez les producteurs pour cosommer, le climat est morose... Nous, on dépend de Noël à 70, 80%.. les choses peuvent être dramatiques, tout se joue dans la semaine qui vient, on tremble un peu..."

Des mouvements sociaux qui menacent une activité fragilisée depuis une dizaine d'années par les épisodes de mortalité massive des huîtres : un phénomène qui n'a pas disparu, mais avec lequel les producteurs ont appris à composer :

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"Il faut essayer de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier : on essaye de produire sur différents sites, sur différents parcs, pour limiter le risque... On peut avoir des mortalités fortes sur un secteur et pas sur d'autres, et l'année suivante, cela peut être différent : il n'y a pas de règle, c'est aléatoire... on a du mal à comprendre : qu'est-ce qui se passe dans la masse d'eau ? On évoque le réchauffement climatique, le taux de dioxyde de carbone dans l'eau, mais on n'a pas de réponse claire pour l'instant."

DES HUITRES BRETONNES QUI VOYAGENT

Pour Philippe Le Gal comme pour nombre de ses confrères, la marché français est le premier débouché commercial, et en majorité pour les fêtes de fin d'année. Mais les exportations d'huîtres n'ont rien d'anecdotique, et elles se développent même vers des clients particulièrement lointains :

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"12 000 tonnes environ d'huîtres produites en France sont exportées : pour l'Europe, c'est l'Italie qui est notre principal client, au niveau mondial, c'est la Chine qui est devenu notre principal importateur... c'est assez surprenant, parce que la Chine est le premier producteur mondial d'huîtres... sauf qu'ils les consomment cuites, ils n'ont pas des eaux de qualité, ils nous achètent des huîtres françaises pour les consommer crues, avec un verre de vin : c'est l'image de la France... et ils les achètent 5 euros pièce."

Reportage de Yann Launay.