Metoo. L'école de St-Cyr Coëtquidan montrée du doigt : Laetitia Saint-Paul réagit

18 avril 2024 à 21h39 - Modifié : 19 avril 2024 à 15h08 par Dolorès CHARLES

MeToo
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Crédit : MeToo

L’Académie militaire du Morbihan pointée du doigt sur France 2. Trois enquêtes ont été ouvertes par la Justice pour des soupçons d’agressions sexuelles et de misogynie, au sein de l'école de Saint-Cyr Coëtquidan, où le climat serait très difficile pour les femmes. Le point de vue de la députée du saumurois, Laetitia Saint-Paul, ancienne militaire.

Des agressions sexuelles au sein de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan : c'est ce que dénoncent des témoignages recueillis par France 2. Plus largement, c'est un climat de sexisme, de racisme qui est dénoncé, dans cette école fondée en 1802 et basée à Guer, dans le Morbihan. Les filles, toujours extrêmement minoritaires dans l'école, subiraient insultes et brimades.

"Quand j'entends le général dire tolérance zéro., pardonnez moi de m'étouffer !"

Des témoignages qui résonnent avec ce que Laetitia Saint-Paul a pu vivre elle-même : la députée du Maine-et-Loire, une ancienne militaire qui a grandi à Rennes, était à Saint-Cyr au début des années 2000. Elle souligne le poids des "tradis", le nom donné à ces élèves aux idées réactionnaires. Pour elle, rien n'a vraiment changé depuis 20 ans : "les élèves, notamment les tradis, estimaient que la place de bobonne était à la maison, que tout ce qui ne leur ressemblait pas n'avait pas sa place. Il y avait les grosses, les filles, les élèves étrangers, les sous-hommes qui parlaient aux filles, les tradis tout puissants... et comme souvent, ils étaient fils d'officiers supérieurs, l'encadrement avait peur d'eux... J'étais allée voir mon capitaine en disant "c'est un scandale ce que je vis". On m'avait répondu : "Mieux vaut être insulté qu'ignorer, cela vous fait exister !" C'était autorisé en totale impunité. Quand j'entends le général dire tolérance zéro., pardonnez moi de m'étouffer !"

La députée du saumurois, Laetitia Saint-Paul
Crédit : Yann Launay

"La chape de plomb des tradis, c'est fini."

L'actuel commandant de Saint-Cyr Coëtquidan, le général Hervé de Courrèges, affirme que son académie militaire "applique une tolérance zéro sur tous les sujets graves liés au harcèlement et aux discriminations". Mais depuis l'affaire Manon Dubois, la députée du saumurois a "reçu des témoignages de dérives extrémistes, d'ostracisme, qu'une chape de plomb s'était abattue sur l'école avec le début du #Metoo des Armées. Quelque part c'est un signe d'espoir, cela veut dire qu'ils sont très nombreux à vouloir saisir le moment et à dire non ! Cette école ne respecte pas les valeurs de la République française. La chape de plomb des tradis, c'est fini."

La députée du saumurois, Laetitia Saint-Paul
Crédit : Yann Launay

"C'est toute la mécanique de l'enseignement et des écoles militaires qu'il faut remettre à plat."

L'ancienne capitaine de l'armée de terre demande au ministre des Armées Séabstien Lecornu la mise en place d'un plan d'action. Pour la députée, ce ne sont pas des faits isolés, il faut à la fois intervenir dans l'urgence et initier une réforme en profondeur. "Cette école a besoin de respiration. Dans l'immédiat, je suis inquiète pour les élèves qui y sont actuellement, l'école a peut-être besoin d'une mise sous tutelle préfectorale. On voit bien la mécanique en œuvre : les scouts d'Europe, les lycées militaires, les classes prépa militaires, un sentiment de toute puissance, d'élitisme et d'impunité et l'entrée à Saint-Cyr ne corrige rien.. C'est toute la mécanique de l'enseignement et des écoles militaires qu'il faut remettre à plat."

La députée du saumurois, Laetitia Saint-Paul
Crédit : Yann Launay

Le procureur de la République de Rennes confirme que trois enquêtes sont ouvertes pour des faits de nature sexuelle, commis au sein de l'académie militaire de Saint-Cyr, entre juillet et novembre 2023.

Le général de division Hervé de Courrèges a annoncé ce jour à Ouest-France un quatrième signalement.