Greenpeace a bloqué un entrepôt de soja dans le port de Saint-Nazaire

31 mai 2021 à 12h54 - Modifié : 31 mai 2021 à 13h01 par Dolorès CHARLES

La mobilisation d’une dizaine d’activistes ce matin de Greenpeace au port de Saint-Nazaire, pour dénoncer la déforestation au Brésil.

Une dizaine de militants de Greenpeace sont enchaînés depuis 5h ce matin à Saint-Nazaire devant l'entrepôt de la société Sea Invest, qui importe du soja du Brésil. Une déforestation massive est pratiquée en Amazonie au Brésil pour produire ce soja. Un soja utilisé en grande partie pour l'agriculture de l'Ouest de la France, explique Cécile Leuba, chargée de campagne déforestation pour Greenpeace. Cédric Mané l'a jointe, alors qu'elle fait partie des activistes du matin.

"La déforestation en Amazonie et dans tous les autres écosystèmes forestiers au Brésil et en Amérique Latine, cela nous concerne nous aussi européens et français, parce que ces écosystèmes sont en partie détruits pour le soja, et ensuite ce soja on l'importe donc on a une responsabilité en France, et le président de la République Emmanuel Macron avait même reconnu en 2019 une part de complicité de la France" dans les incendies et la déforestation en Amazonie.

Cécile Leuba
Cécile Leuba
Crédit : Cédric Mané

Les militants de Greenpeace devaient être délogés à la mi-journée.

Communiqué de GREEPEACE

"Depuis 5h30 heures ce matin, 10 activistes de Greenpeace France bloquent un entrepôt de soja dans le port de Saint-Nazaire, premier port d'importation de soja en France. L’objectif : dénoncer l’inaction du gouvernement sur le sujet de la déforestation importée. Les activistes se sont enchaîné•es aux grilles d’accès d’un entrepôt qui stocke chaque mois des tonnes de soja importé et ont bloqué le tapis roulant sur lequel sont acheminées les cargaisons.

Une banderole déployée

D’autres militant•es activistes ont ensuite déployé des banderoles sur lesquelles on peut lire “Déforestation : Soja hautement inflammable”, ou encore “ Entrepôts pleins de soja / Politiques vides de sens”.

“Nous sommes ici pour dénoncer l’inaction climaticide de la France, qui importe chaque année dans ses ports 3 millions de tonnes de soja destiné à nourrir nos animaux d’élevage, sans aucune garantie ou traçabilité suffisante, explique Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France. Or la culture du soja est l’une des causes majeures de la déforestation et de la destruction d’écosystèmes précieux en Amérique latine. Les derniers chiffres de la déforestation sont une nouvelle fois catastrophiques : il faut de toute urgence que le gouvernement prenne des mesures contraignantes pour s’assurer que nos importations de soja ne contribuent plus à détruire des forêts à l’autre bout du monde.

Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE) et l'Observatoire brésilien du climat, la déforestation en Amazonie brésilienne a de nouveau atteint un niveau record au mois d’avril 2021. Cela laisse présager le pire pour l’été 2021 qui sera cette année encore frappé par des incendies criminels détruisant à une vitesse vertigineuse les écosystèmes forestiers. Ces incendies contribuent à accélérer le dérèglement climatique alors qu’une récente étude publiée dans Nature Climate Change met en lumière le point de bascule alarmant qu’a franchi l’Amazonie brésilienne : elle émet désormais dans l’atmosphère plus de CO2 qu’elle ne contribue à en séquestrer.

Une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) a été adoptée en 2018 par le gouvernement français. Plus de deux ans après son adoption, le constat est amer : sa mise en œuvre est un échec car le gouvernement refuse de prendre des mesures juridiquement contraignantes et préfère miser, en dépit des leçons tirées ces dernières années, sur le bon-vouloir des entreprises.

Greenpeace France demande au gouvernement de prendre de toute urgence des mesures contraignantes pour mettre en œuvre ses engagements et garantir que le soja importé en France n’est pas connecté à la déforestation. Greenpeace demande également à la France de rejeter définitivement l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Selon une expertise scientifique mandatée par le gouvernement, l’entrée en vigueur de cet accord augmenterait significativement la déforestation dans les pays du Mercosur - jusqu’à 25% par an pendant 6 ans.