Football. A Nantes, la Beaujoire à huis-clos, une sanction collective inutile ?

Un match de Ligue 1 s'annonce particulier ce week-end : FC Nantes – Lyon se jouera à huis-clos dimanche soir (7 avril) au Stade de La Beaujoire. Comme à l'époque du Covid, aucun spectateur n’y sera autorisé. Une décision de la commission de discipline de la Ligue de Football Professionel, qui fait la guerre aux supporters ultras et à leurs fumigènes. Ces engins pyrotechniques ont été utilisés massivement lors du dernier Nantes – Strasbourg en tribune Loire, à l'occasion du 25e anniversaire des ultras de la Brigade Loire.

 

"L'enjeu sur la période actuelle est d'identifier les fauteurs de troubles et d'être capable de les interdire de stade individuellement."

 

Faut-il pour autant punir collectivement tous les fans ? "Non, c’est une erreur française", répond le sociologue Nicolas Hourcade, professeur agrégé de science sociales. "En France, on va interdire de déplacement l'ensemble des supporters d'un club, ce qui ne se fait quasiment jamais en Angleterre ou en Allemagne. On va fermer des tribunes ou un stade entier suite à l'allumage d'engins pyrotechniques, ce qui ne se fait quasiment jamais en Allemagne et qui ne se fait pas en Angleterre. Finalement, ces mesures collectives ont l'avantage d'être symboliquement fortes, mais elles sont pas très efficaces. Elles présentent des effets pervers : on sanctionne de la même manière les gens qui ont commis des actes répréhensibles et ceux qui n'ont rien fait. Et une fois que la sanction est finie, tout le monde revient au stade. L'enjeu sur la période actuelle est d'identifier les fauteurs de troubles et d'être capable de les interdire de stade individuellement."

Les Ultras : "les meilleurs et les plus mauvais supporters"

Spécialiste des supporters ultras, Nicolas Hourcade décrit une situation où les autorités du foot ont autant besoin des ultras qu’elles les ont en horreur : "Aujourd'hui, le football est construit comme un spectacle et les ultras ont su se rendre indispensables parce qu'ils apportent ce spectacle en tribunes. Le problème des ultras, c'est que c'est à la fois les meilleurs et les plus mauvais supporters aux yeux des autorités du football.

Les meilleurs, parce que ce sont eux qui produisent des ambiances incroyables, des images qu'on va pouvoir vendre, sur lesquelles on va pouvoir voir de la ferveur. Mais en même temps, ils utilisent des engins pyrotechniques que les autorités ont pu interdire. Ils sont critiques par rapport à la politique des clubs, on le voit à Nantes, et par rapport aux transformations du football. Ils n'hésitent pas à critiquer la Ligue et parfois, ils sont violents. Les autorités, elles, sont un peu embêtées car elles voudraient les aspects positifs des ultras, sans les aspects négatifs."

Retrouvez ci-dessous en longueur cet échange passionnant sur les supporters ultras avec le sociologue Nicolas Hourcade, invité du podcast "Sans Contrôle" :

 

L'interdiction des fumigènes est remise en question par de nombreux acteurs des tribunes, car si leur dangerosité est avérée, elle reste limitée et les accidents sont rares. Certains imaginent d'ailleurs une pyrotechnie encadrée, comme l'a expliqué récemment l'avocat Pierre Barthélémy dans une interview accordée à Ouest-France.

FC Nantes - Olympique Lyonnais est programmé à 20h45 ce dimanche soir à la Beaujoire, match diffusé sur Prime Vidéo.