A Lorient ou Brest, les entreprises de TP attendent une réponse de l'Etat sur le GNR

13 février 2024 à 11h31 - Modifié : 13 février 2024 à 11h33 par Dolorès CHARLES

Blocage dépôt pétrolier de Lorient (56)
Blocage dépôt pétrolier de Lorient (56)
Crédit : Yann Launay

Ce mardi (13 février), les entreprises de BTP attendent toujours une réponse du gouvernement à leur contre-proposition : le remboursement de l'augmentation de la taxe 2024 sur le GNR, soit 6 centimes par litre, pour les entreprises de moins de 50 salariés, à concurrence de 200 000 litres de carburant sur l'année. Reportage au dépôt pétrolier de Lorient (56).

Les dépôts pétroliers de Lorient et Brest toujours bloqués, ce mardi matin : les entreprises du BTP estiment que le compte n'y est toujours pas. Les professionnels ont compris qu'ils n'obtiendraient pas l'annulation pure et simple de la hausse des taxes sur le gazole non routier. Les négociations portent uniquement sur le remboursement de l'augmentation de 6 centimes par litre prévue sur 2024. Mais les conditions posées par le gouvernement sont inacceptables aux yeux de Norbert Guillou, président de la CNATP 56, la Chambre nationale des artisans des travaux publics du Morbihan. "C'était prévu qu'entre 2024 et 2030 le carburant augmente de 0,06 € par an, et ce que l'on demande depuis le départ, c'est que le carburant reste au même prix que 2023. Aujourd'hui, on nous propose que pendant un an, on récupère les 0,06 € mais uniquement les entreprises qui ont moins de quinze salariés et on avait demandé moins de 50, donc on n'est pas d'accord... car cela va empêcher les entreprises de grandir. Les entreprises ne vont pas embaucher parce que si elles embauchent, elles vont perdre au niveau des avantages."

Norbert Guillou, président de la CNATP 56
Crédit : Yann Launay

Une différence de 57 centimes avec le monde agricole

Les entreprises du BTP dénoncent une distorsion de concurrence qui va se creuser avec le monde agricole, qui lui a obtenu l'annulation de la hausse du prix du gazole non routier. Entreprises agricoles et entreprises des travaux publics sont en concurrence sur certains chantiers. Et pour Norbert Guillou, la différence de prix du litre de carburant, qui existe aujourd'hui, va devenir un réel handicap pour le secteur du BTP. "A terme, ce sera 0,57 € de différence entre nous et le monde agricole, ce n'est pas normal... Ils font du TP, ils ont des pelleteuse, un forestier aujourd'hui coupe du bois avec les pelleteuses, mais ils ne font pas que couper du bois, ils font des chemins avec et des souches. Ce genre de travaux, les TP les faisaient avant. Aujourd'hui, on en fait de moins en moins, parce qu'ils ont leur propre pelles. Quand il y a 6 centimes ce n'est pas pareil, il y avait déjà 0,15 € avant et on ne disait rien... maintenant c'est six de plus, et ce sera douze l'année prochaine, 18 l'année d'après... Le gouvernement nous divise pour mieux régner."

Norbert Guillou
Crédit : Yann Launay
Blocage dépôt pétrolier de Lorient
Blocage dépôt pétrolier de Lorient
Crédit : Yann Launay

"Bercy nous prend pour des imbéciles et on ne va pas laisser faire !"

Ce mardi le tribunal de Lorient doit se prononcer sur le blocage du dépôt pétrolier. Norbert Guillou sera à l'audience, en fin de matinée, et ne compte pas braver une éventuelle décision de justice, mais il ne compte pas non plus s'avouer vaincu si facilement : "je serais obligé de partir si on me le demande, mais je reviendrai. Je ferai constater avec un huissier mon départ et après je reviendrai, parce que je n'ai pas ce que je veux. Bercy nous prend pour des imbéciles et on ne va pas laisser faire. Il faut bien que le gouvernement comprenne : à force de nous mettre des taxes, il y aura un gros souci. Cela fait plus d'une semaine qu'on nous mène en bateau !"

Norbert Guillou
Crédit : Yann Launay
Pelle de chantier
Pelle de chantier
Crédit : Yann Launay

Les entreprises du BTP ont envoyé lundi (12 février) une contre-proposition au gouvernement, soit le remboursement de l'augmentation de la taxe 2024 sur le GNR, soit 6 centimes par litre, pour les entreprises de moins de 50 salariés, à concurrence de 200 000 litres de carburant sur l'année. Proposition toujours en attente...

Pénurie en stations...

Du côté des stations-service, certaines pompes peuvent se retrouver ponctuellement en rupture de carburant, dans le Morbihan, le Finistère et les Côtes d'Armor, souvent du fait d'une surconsommation : les automobilistes complètent leur plein par précaution, et les cuves se vident plus rapidement. Dans le Finistère, 30 stations sont en rupture de carburant sur 147. Pour la préfecture, "il ne s’agit pas d’une situation de pénurie de carburant : l’alimentation des stations-service est garantie dans la durée malgré les blocages en cours des dépôts pétroliers de Brest et Lorient."

Les ruptures de stock sont indiquées sur le site www.prix-carburants.gouv.fr