Les pompiers du 44 en campagne contre les agressions

22 septembre 2020 à 9h06 par Emilie PLANTARD

Ce n'est pas nouveau, mais ça continue et les pompiers tiennent à le dire. En Loire-Atlantique, le SDIS vient de lancer une grande campagne de prévention, en équipant 9 de ses camions d'affiches choc.

HIT WEST
Crédit : @Hit West

Vous avez peut-être croisé un camion de pompier floqué d’une grande affiche, ils sont 9 sur le département. Le message y est clair : Stop aux agressions de sapeurs-pompiers. La nouvelle campagne de prévention du SDIS de Loire-Atlantique veut taper fort dans les consciences et alerter la population sur les difficultés de leur quotidien. En 2019, les pompiers du département ont recensé une centaine d’agressions, on en compte déjà 90 en septembre 2020, malgré le confinement. Le colonel Michel Tellanger est directeur départemental adjoint du SDIS 44 :

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"Ça se traduit par des insultes, des menaces, qui peuvent être verbales ou physiques, ça peut aller jusqu’à des menaces de mort. En ce qui concerne les violences physiques, il y a très fréquemment des coups qui peuvent entraîner des blessures, nous avons des SP qui ont dû subir des interventions chirurgicales suite à des objets qu’ils ont pu recevoir ou des gestes brutaux, qu’ont eu des personnes sur lesquelles nous étions venues porter secours."

Un problème sociétal

Le problème n’est pas spécifique au département, mais au SDIS 4, on a décidé de réagir et de profiter d’une volonté du gouvernement de lutter contre cette violence. D’abord via le port de caméras de protection, dès 2019 puis aujourd’hui à travers cette campagne de sensibilisation.

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"Cette campagne s’inscrit dans une démarche qui est plutôt nationale. Ce plan comporte plusieurs volets, il a un renforcement de la collaboration avec les services de Police et gendarmerie, il y a un volet qui concerne la formation et la sensibilisation, et cette campagne en Loire-Atlantique s’inscrit dans cette volonté de sensibilisation de la population, nous avons aussi développé des formations spécifiques pour leur permettre de mieux appréhender les personnes agressives, et le troisième volet concerne les équipements."
Une veste anti-agressions est d’ailleurs actuellement testée dans le département.

Une image choc sur les camions

Cette campagne d’affichage est propre à la Loire-Atlantique. On y voit un jeune pompier l’air presque étonné, derrière une vitre brisée. Elle traduit l’incompréhension de tout un corps de métier face à une évolution de la société. Colonel Tellanger :

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"C’est une campagne de sensibilisation. Il faut se rendre compte de l’évolution de la société depuis quelques années, tant en zone urbaine qu’en zone rurale. Ce qu’on souhaite c’est une prise de conscience de l’évolution de la société qui devient de plus en plus complexe et qui peut entraver, par l’agissement d’un petit nombre, la bonne distribution de secours et ça, il faut que les gens le sachent."

Une violence quotidienne

Au centre de Rezé, Rodrigue est sergent-chef, sapeur-pompier depuis 18 ans. Lui s’est fait agresser une fois en 2019, poursuivi avec ses collègues par un homme armé d’un couteau. Puis une nouvelle fois en janvier dernier lorsque la victime à qui il portait secours lui a porté un violent coup de poing au visage. Il n’est pas du tout découragé, mais il a dû intégrer cette violence à son quotidien.

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"Oui on y pense, malheureusement on est obligé d’en tenir compte. Je suis rentré il y a 18 ans, on n’avait pas de formation sur ça, on n’avait pas de matériel adapté, pas de caméras à porter pour prévenir les agressions, maintenant ça fait partie du métier. Ça nous rassure d’être formés et en même temps c’est qu’on n’a pas le choix non plus parce qu’on arrive à une agression tous les 3 jours… On fait avec."

CAMION POMPIER CAMPAGNE.jpg (176 KB)

Les pompiers veulent le dire

80 % des agresseurs sont les victimes elles-mêmes. Mais très souvent, ce ne sont pas elles qui ont prévenu les secours. De d’alcool ou des stupéfiants, souvent. De la peur, peut-être. D’où l’intérêt de cette campagne, pour exprimer ce malaise.

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"Il faut exprimer les choses, il faut faire comprendre aux gens ce qu’est notre métier et où on en est. Le but ce n’est pas de le banaliser non plus, c’est vraiment de dire qu’il y a un souci sur les interventions, qu’on ne nous laisse plus faire notre travail. On n’est pas là pour embêter les gens, si on nous appelle c’est pour porter secours et on ne veut pas s’immiscer dans la vie privée, ça reste secret, on ne dit pas ce qu’il se passe. Je pense qu’il y a une inquiétude de la part des gens et d’en parler je pense que ça va ouvrir plus facilement les portes, les gens vont avoir un regard différent sur nous je pense."

Les camions d’assistance et de secours aux victimes sont intégrés aux centres de secours de Nantes Gouzé, Rezé, Saint-Herblain, Saint-Nazaire et Nantes Nord (Orvault). L’affichage sera également présent dans plusieurs commerces et lieux publics de ces villes, ainsi que sur les réseaux sociaux.