Coup d'envoi du 7ème Festival Photoreporter à Saint-Brieuc

5 octobre 2018 à 6h06 par Alexandra BRUNOIS

Le Festival Photoreporter, ça démarre ce samedi à Saint-Brieuc et pour un mois jusqu'au 4 novembre prochain. Cette 7ème édition présente une sélection de reportages financés par le festival depuis sa création en 2012. Rendez-vous sur plusieurs sites de Saint-Brieuc et son agglo.

HIT WEST
Le photographe Vincent Paulic et l'un de ses portraits
Crédit : Yann Launay

C'est la grande particularité de ce festival organisé par Saint Brieuc Agglomération... Les reportages exposés, réalisés par des photographes du monde entier, sont rendus possibles grâce au mécénat d'entreprises briochines, comme le souligne Lénaïck Hemery, coordinatrice du festival :

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"Depuis 2012, il y a pas moins de 70 photoreportages qui ont été produits, et financés par des entreprises, et que nous, agglomération, montrons pendant un mois pour parler de sujets dont on parle peu ou pas dans les grands medias... Donc en fait nous sommes aussi une réponse à la crise du photojournalisme, puisque les photojournalistes ont vraiment du mal à financer leurs voyages au bout du monde pour nous ramener une information."


Nouveauté, cette année : les images s'affichent dans les rues, certaines en format géant :

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"C'est important pour nous : l'idée, c'est de rendre accessible l'information au plus grand nombre. On casse le décorum culturel, puisqu'il y a certaines personnes qui disent : "les expos, ce n'est pas pour moi, c'est un truc d'intello", là au contraire on veut casser ça, et on met de la grande bâche photographique sur les façades de Saint Brieuc."

Les thèmes sont d'une grande diversité : des prisons pour femmes d'Afghanistan aux barrages géants de Chine, des mariages italiens à la Russie de Poutine. Tout le programme sur le site www.festival-photoreporter.fr


Autre nouveauté de cette édition 2018 : les expositions ne concernent plus seulement la ville de Saint Brieuc. Au total : 22 reportages sont présentés dans les 11 communes de l'agglomération.

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"Les communes se sont emparées du catalogue et ont choisi chacune un photoreportage, qu'elles exposent soit en extérieur, dans la mairie ou la médiathèque. Des communes ont sélectionné des photoreportages par rapport à leurs habitants : Trémuson a choisi un photoreportage sur l'immigration en Turquie, parce que Trémuson héberge une famille syrienne, que la commune veut faire témoigner lors du vernissage."

Des nouveautés sur la forme, mais une sélection de travaux des années précédentes : pourquoi cette pause dans le financement de reportages ?

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"Cette année nous avons eu de gros événements, comme la Solitaire du Figaro, le Trophée des multicoques, Art Rock.. les partenaires privés ont été fortement sollicités pour financer ces événements, et nous nous posons la question d'une réforme de notre modèle, d'une réforme du fonds de dotation, il nous fallait cette année de réflexion pour mieux repartir en 2019."

Parmi les travaux présentés : une série de grands portraits en noir et blanc signés Vincent Paulic, photographe installé à Saint Brieuc : des portraits de la jeunesse "afro-armoricaine", ces Bretons dont l'un des parents - ou les deux, sont d'origine africaine. Chaque portrait est accompagné du témoignage de la personne représentée. Vincent Paulic :

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"Je me suis posé la question de la construction de l'identité à l'adolescence, quand l'on ressent quelque chose et que l'entourage ne le voit pas, ou le refuse. Je suis venu les voir en leur demandant de me parler de leur identité bretonne, et pour la plupart j'étais le premier à leur poser cette question, puisqu'on leur posait plutôt la question : "mais en vrai tu viens d'où?", alors qu'ils étaient nés en Bretagne et, pour certains, n'étaient jamais allé dans le pays d'origine du parent."

Des portraits aux regards intenses réalisés en argentique, avec du matériel ancien :

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"J'allais chez eux faire les interviews, et une fois l'interview terminée, j'installais un fond blanc en extérieur. Je travaille à la chambre, et au moment de prendre la photo, je tourne systématiquement le dos, c'est ce qui fait que l'on arrive à des expressions des personnes très sincères, qui leur ressemble."

Le festival s'expose partout même sur le Viaduc du Gouët

Photo reporter à Saint Brieuc, c'est aussi un festival "off", avec une vingtaine d'expositions dans des lieux publics ou des commerces. Et parmi les projets présentés cette année : des photographies réalisées par -et pour des malvoyants, comme l'explique Bertrand Therezien, membre de l'association "le Off"

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"Le concept, c'était de donner à des personnes malvoyantes ou non voyantes des appareils photo jetables, qui pendant un à 2 mois leur permettait d'illustrer 4 sujets : l'autoportrait, la sphère intime, leur chez eux, la vie à l'extéieur et leur vision de l'avenir.. On essaie de trouver un moyen d'intégrer les personnes atteintes de ce handicap à des expositions pour lesquelles ils n'avaient pas l'habitude d'être pris comme public."

Les photos sont imprimées pour qu'elles puissent être "vues" de façon tactile, par les malvoyants :

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"On a décidé de les faire en noir et blanc, pour avoir un très fort contraste, et de passer plusieurs couches d'encre : c'est en relief, cela permet de toucher, de "voir" la photo par les doigts."

Des interviews de Yann LAUNAY