"Non-assistance à l’enfance en danger" : les professionnels lancent un cri d'alarme à Nantes

25 avril 2024 à 9h11 - Modifié : 25 avril 2024 à 11h02 par Dolorès CHARLES

Les droits des enfants
Crédit : @sarahelhairy

L’enfance en danger a besoin de moyens : les travailleurs sociaux ont manifesté mardi (23 avril), sous les fenêtres de la Maison des adolescents de Nantes, où la ministre chargée de l’enfance, Sarah El Hairy était en déplacement. Selon eux, 1 500 mineurs attendraient une mesure de protection à domicile en Loire-Atlantique.

"Non-assistance à l’enfance en danger". C’est l’une des phrases chocs, que l’on a pu lire sur des pancartes à Nantes, devant la Maison des adolescents mardi (23 avril), à l’occasion de la visite de la Ministre de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, lanantaise Sarah El Haïry. Les travailleurs sociaux ont manifesté pour la cinquième fois en trois mois pour dénoncer "l’état catastrophique" du secteur de la protection de l’enfance en raison du manque de moyens.

"L'enfant est en danger et il devrait être une cause nationale"

Cléo, éducatrice spécialisée, et membre du collectif Travail social en lutte 44 et de la CGT. "La situation est grave et le danger est immédiat pour un grand nombre d'enfants, puisqu'aujourd'hui il y a des mesures qui sont ordonnées par des juges, soit des mesures d'accompagnement à domicile, soit des mesures de placement, des enfants qui devraient être retirés de leur famille pour être protégés, des mesures qui sont prononcées et qui ne peuvent pas se mettre en place ... faute de place. On peut imputer une responsabilité au gouvernement, dans le sens où l'enfant est en danger et il  devrait être une cause nationale. Par contre, ce sont les départements qui doivent mettre les financements au service de la protection de l'enfance, et aujourd'hui ils ne mettent peut être pas assez d'argent pour qu'on ait les moyens de travailler, et de protéger les enfants."

Cléo, éducatrice spécialisée
Crédit : Tom Rossi

310 enfants en danger dans leur famille

En Loire-Atlantique, environ 1 500 enfants attendent une mesure de protection à domicile. 310 enfants, en danger dans leur famille, sont en attente d’un lieu sécurisé. Ils sont environ 150 en Maine et Loire et 100 en Côte d’Armor, déplore Cléo."On attend des moyens financiers et des moyens humains... Le problème étant que tout est lié, c'est à dire que nos conditions de travail sont tellement détériorées, avec des salaires de plus en plus bas, qu'il y a un manque d'attractivité grandissant dans nos boulots. On a moins de jeunes qui ont envie de faire ce travail, que ce soit assistante sociale, "éduc spé", ou famille d'accueil... Ce manque d'attractivité engendre un manque de personnel et ce manque de personnel engendre des accompagnements qui ne peuvent se faire."

Cléo, éducatrice spécialisée
Crédit : Tom Rossi

La réaction des élus

Pour Michel Ménard, président PS du département de Loire-Atlantique "La refonte du système de la  protection de l'enfance urgente", et  il a porté devant la ministre Sarah El-Haïry ses "attentes sur l'organisation d'états généraux sur le sujet. L'Etat doit réagir et faire de la protection de l'Enfance - la priorité nationale promise par Emmanuel Macron." Michel Ménard publie ce jeudi une tribune dans les colonnes de Presse-Océan.

La ministre chargée de l'enfance Sarah El-Haïry est consciente des difficultés rencontrées par les professionnels de l'enfance. Elle prône un accompagnement financier pour attirer vers ces métiers, et de meilleures conditions de travail. "Ces enfants ont des parents qui sont malheureusement en difficulté, pas à la hauteur, ou au contraire violents avec eux... et nous devons bien sûr les protéger de ces violences, les accompagner et être à la hauteur de ce qu'on attend en terme de l'accompagnement éducatif, de santé... et pour ça, j'ai besoin d'hommes et de femmes, d'assistants familiaux, d'éducateurs spécialisés (...) Il faut d'abord un accompagnement financier, une revalorisation des salaires : je l'ai fait pour la petite enfance, j'ai augmenté de 150 € net en moyenne les professionnels de la petite enfance..."

Sarah El-Haïry sur l'enfance en danger
Crédit : Dolorès Charles

"Il faut aussi des conditions de travail qui soient de meilleure qualité : pas de surpopulation par exemple dans un foyer. Aujourd'hui, cette surpopulation est due à un manque de places... Il faut avoir des places parfois dans des établissements médico sociaux pour des jeunes en situation de handicap... et il ne faut pas "laisser peser sur les épaules des travailleurs sociaux ou des éducateurs spécialisés l'ensemble de ces enfants. Il faut créer un bouclier et c'est je serai la garante de ce bouclier de protection judiciaire. Pour avoir cette garantie affective, il faut enfin aller peut-être jusqu'à faciliter l'adoption simple, pour ceux qui ont aujourd'hui des liens forts au sein de leur famille d'accueil."