Un Breizh Park au zoo de Pont-Scorff

21 mai 2021 à 9h17 - Modifié : 12 octobre 2021 à 16h18 par Alexandra BRUNOIS

Sébastien Musset, repreneur du zoo de Pont-Scorff
Crédit : Yann LAUNAY - Hit West

Dans le dossier du zoo de Pont-Scorff, le tribunal de commerce de Lorient a tranché : c’est le projet de reprise "Breizh Park" qui est retenu, face au projet concurrent de Sea Shepherd. Interview du porteur de projet par Yann Launay

Pont-Scorff avait été placé en liquidation judiciaire en mars dernier, un peu plus d'un an après le rachat du zoo par Rewild, une coalition d'ONG qui souhaitait réintroduire les animaux dans leur milieu naturel. Le projet Breizh Park est porté par l'entrepreneur costarmoricain Sébastien Musset, ancien directeur du groupe bancaire Arkéa, qui avait le soutien des collectivités locales. Il conserverait la plus grande partie des 16 employés actuels.

Mais pas question pour Sébastien Musset de refaire de Pont-Scorff un zoo classique. Il sera réouvert au public, oui, mais dans un esprit différent, et la réintroduction de certains animaux dans leur milieu naturel reste un objectif. Sébastien Musset

"L'ouverture au public est calée, mais pas dans n'importe quelles conditions. On a des enclos aujourd'hui à Pont-Scorff qui sont déplorables, on a des conditions d'accueil des animaux qui sont inacceptables, donc il va falloir casser et reconstruire beaucoup de choses. Et on n'est plus dans le monde des animations, du hareng qu'on balance au phoque par dessus une vitre en plexiglas, ou des loups à qui on donne des knacki ball pour s'amuser... On n'est pas du tout dans ce cadre-là. Il y a un parc animalier qui va permettre d'accueillir des animaux, pour certains de pouvoir les exposer au public, et de parler de la biodiversité. Et il y aura d'autres composantes dans le projet : la partie réintroduction d'animaux sauvages, et la partie centre de soins."

Sébastien Musset, porteur du projet de Breizh Park
Sébastien Musset, porteur du projet de Breizh Park
Crédit : Yann LAUNAY

De gros travaux de réaménagement du parc devraient démarrer cet automne. Mais que vont devenir les éléphants, les panthères et autres ours encore présents sur le site ? La réponse de Sébastien Musset :

"Pour pouvoir faire ces travaux très lourds, il faut que la plupart des animaux puissent ne pas être sur le site. Il y a 3 options : les sanctuaires, les espaces naturels, en particulier pour les animaux qui n'ont pas vocation à revenir à Pont-Scorff, pour des raisons climatiques, pour des raisons d'espace. Et pour ceux qui ne peuvent pas être réintroduits, ou pour lesquels il n'y a pas de solution, essayer de trouver des parcs partenaires, pour qu'ils nous aident à conserver ces animaux, pour nous permettre de les récupérer le jour où on sera en capacité de leur offrir un habitat à la hauteur."

Sébastien Musset, repreneur du zoo de Pons-Scorff
Sébastien Musset, repreneur du zoo de Pons-Scorff
Crédit : Yann LAUNAY

Sea Shepherd, ainsi que les employés eux-mêmes, souhaitaient une poursuite des objectifs de Rewild. Mais Sébastien Musset estime que son projet n'est pas si éloigné de l'esprit Rewild, et il se dit prêt à travailler avec ses concurrents déçus :

"Le zoo d'il y a quelques années, ce n'est pas du tout ce que l'on veut faire. Je me revendique, avec mes associés, non pas comme un zoo classique, mais comme quelque chose qui veut se projeter dans les années 2030 et au-delà. Donc ça veut dire qu'on a des points en commun avec les employés, et j'espère qu'on arrivera à travailler aussi avec Sea Shepherd, qui porte de très belles thèses, qui a beaucoup travaillé sur la partie réintroduction des espèces, ils ont des réseaux mondiaux, pourquoi ne pas imaginer faire des choses ensemble... La main est tendue..."

Sébastien Musset, porteur du projet de Breizh Park
Sébastien Musset, porteur du projet de Breizh Park
Crédit : Yann LAUNAY

Pour Sébastien Musset, son projet a été un peu trop vite classé dans la catégorie "zoo classique". Pour l'entrepreneur, la rentabilité à court terme n'est pas l'objectif, et la réintroduction d'animaux dans leur milieu naturel, comme la création d'un centre de soins, n'ont rien de gadgets, rien d'un alibi :

"Nous avons un axe très important sur la partie réintroduction d'espèces, en le faisant avec des approches scientifiques, avec des vétérinaires, avec des gens qui en ont l'habitude. Il y a dans l'équipe que je porte des gens qui ont fait de la réintroduction. Tout comme la partie centre de soins est quelque chose que l'on veut développer. Mais il ne s'agit pas de faire un centre de soins pour ensuite récupérer les animaux dans nos enclos et enrichir les enclos du parc, ce sont bien 2 choses séparées."

Sébastien Musset, repreneur du zoo de Pont-Scorff
Sébastien Musset, repreneur du zoo de Pont-Scorff
Crédit : Yann LAUNAY

La réouverture au public est envisagée pour le début de l'été 2022.