Un jour historique pour le breton !

9 avril 2021 à 7h12 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h35 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : pixabay

C'est une victoire voire un jour historique pour la langue bretonne. Hier les députés ont adopté la proposition de loi du député morbihannais Paul Molac sur les langues régionales comme le breton. Les réactions recueillies par Yann Launay.

Le texte adopté hier à l'Assemblée nationale reconnaît notamment l'enseignement des langues régionales par immersion - c'est à dire en utilisant la langue régionale tout au long de la journée, pour enseigner toutes les matières, et aussi pour l'accueil périscolaire et la cantine. Une méthode utilisée dans les écoles Diwan, et qui pourra l'être aussi dans les écoles bilingues publiques. Le breton, le basque ou l'alsacien ne seront pas des matières obligatoires, mais les cours auront lieu dans le cadre de l'horaire normal des écoles, des collèges et des lycées. De vraies victoires pour Paul Molac :

Paul Molac 1

"Je dirais que c'est une loi de réconciliation entre la République et le territoire. Le but, c'est de pouvoir proposer, à tous ceux qui le veulent, de pouvoir faire des langues régionales. C'est une étape, mais après il va falloir mettre tout ça en musique : former des enseignants, ouvrir des classes... Il y a encore beaucoup de boulot à faire..."

La reconnaissance de la méthode par immersion est un soulagement pour les écoles Diwan, qui appliquent cette méthode parfois décriée jusque dans les rangs de l'Education nationale, comme l'explique Stéphanie Stoll, présidente de Diwan :

Stéphanie Stoll 1

"Cela devenait tout de suite compliqué : on nous disait "ce n'est pas constitutionnel"... Quand j'étais jeune parent d'élève, je ne comprenais pas pourquoi... On me perdait dans des arguties incroyables, pour me faire croire que l'école que le proposais à mes enfants était mauvaise ou illégale, ce qui n'est pas du tout le cas..."

La langue bretonne va survivre

Pour Stéphanie Stoll, cette reconnaissance de l'immersion donne des chances de survie supplémentaire à la langue bretonne, sans affaiblir la langue française :

Stéphanie Stoll 2

"La vie scolaire, tous les cours sont en breton, ça permet aux enfants de devenir bilingues. Quand on fait ça, on ne retire rien à la langue française, puisque par ailleurs les enfants bénéficient d'un bain linguistique en langue française, sont francophones, et ils étudient bien le français dans le cadre scolaire puisque toutes nos écoles sont sous contrat et suivent les programmes officiels de l'Education nationale..."

Autre soulagement -et pas des moindres- pour Diwan : le texte de Paul Molac prévoit le versement d'une somme d'argent, le fameux forfait scolaire, par la commune de résidence de l'enfant, vers la commune où est installée l'école Diwan :

Stéphanie Stoll 3

"L'école Diwan est une école gratuite, mais elle a un coût, et pour la financer, étant donné que l'on fait partie du service public d'éducation, il est bien nécessaire que les communes de résidence des enfants versent le montant du forfait scolaire à l'école. J'espère bien que ce sera plus simple pour titulariser les assistantes maternelles, ou la personne qui fait la cantine, ou même pour payer le bus pour aller à la piscine..."

Quid des signes diacritiques ?

Ce texte de loi aura donc des conséquences directes sur l'enseignement des langues régionales, mais il en aura aussi sur les prénoms choisis par les parents, comme sur les panneaux bilingues :

Paul Molac 2

"Quand vous autorisez la signalétique bilingue, un citoyen ne peut plus vous envoyer au tribunal en disant que cela va provoquer des accidents, qu'il ne va pas bien voir... Le fait que cela soit dans la loi, le maire est sécurisé. Les signes diacritiques sont désormais autorisés pour les noms et les prénoms de toutes les langues régionales de France : demain, si des parents veulent que leur fils s'appelle Fañch, le procureur de la République ne pourra plus s'y opposer..."

La loi devrait rapidement pouvoir entrer en vigueur.