Un concert en plein air en test à Saint-Malo

25 février 2021 à 15h45 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h35 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
LA VIE EN RÊVE
Crédit : Festival No Logo

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé la tenue de concerts tests au printemps à Paris et Marseille (en salle). Une première étape vers l'organisation de festivals et d'évènements festifs. A Saint-Malo, le festival No Logo planche sur des concerts tests en extérieur. Reportage de Jules Housseau.

Deux week-ends consécutifs de concerts en public, avec 2.000 spectateurs à chaque fois debout face à la scène, campant, se restaurant et se désaltérant aussi sur place : c'est le projet des équipes du festival de reggae "No Logo" qui entendent mener un test presque grandeur nature en mai prochainn sur le site même de son festival annuel près de Saint-Malo. Un évènement en plein air, contrairement aux expériences équivalentes, qui se tiendront au printemps à Marseille et Paris en salles. L'idée est de montrer (ou pas) que le Covid-19 ne s'acharne pas plus sur des mélomanes rassemblés dehors que sur des clients enfermés dans des supermarchés par exemple.

Un protocole vu avec le CHU de Rennes

Le tout sous l'oeil des autorités médicales puisque le CHU de Rennes, notamment, est partenaire de cette opération via le professeur Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses, qui décrit ici le protocole inscrit au cahier des charges pour les festivaliers.

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« Il consiste à prélever trois fois les gens : juste avant les concerts, 8 et 15 jours après, et on va regarder si les gens se contaminent plus ... pendant la semaine où ils vont aux concerts ... ou pendant la semaine où ils n'y vont pas. Ce n'est pas le risque zéro puisque si vous prenez 2 000 personnes et que vous les testez dans une semaine, vu l'épidémie qu'il y a en ce moment vous aurez des cas positifs. Il faut juste montrer qu'il n'y a pas plus de positifs, quand les gens vont aux concerts que quand ils vivent une vie normale... On compte bien aussi analyser le parcours des personnes avec des applis. Il y aura des contaminés certainement, mais il faudra savoir s'il s'agit de personnes qui ont fait telle ou telle activité, si elles sont restées plus longtemps, s'il y a eu des clusters au sein d'un concert... Rester fléchés pendant les deux jours du concerts apporterait pas mal d'informations ».

Le professeur Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses à Rennes, ne serait pas opposé à ce qu'un tel test soit pareillement mené lors de concerts plus mouvementés :

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« Notre expérimentation telle qu'elle se présente, en plein air, je ne serai pas opposé si un mois plus tard quelqu'un dépose un projet avec du métal ou du pogo je ne vois pas de raison de le refuser... Il faut évaluer et commencer prudemment. Je pense qu'on a été trop prudent en France vis à vis de ces spectacles-là, en arrêtant tout comme ça pendant un an, et en fermant tous les robinets. Je pense qu'avec des précautions, en baissant un peu la jauge pour la reprise, et en s'inspirant des expériences ailleurs, on va apprendre, il ne faut pas s'interdire tout ça... Ca ne paraît pas plus fou que de rouvrir les grands magasins au moment de Noël comme on se l'est finalement autorisé. »

4.000 festivaliers choisis

Comment vont être sélectionnés ces 2 000 spectateurs chanceux, ou plutôt 4 000, puisque l'idée est d'avoir deux publics différents sur deux week-ends de suite. Kévin Rayes, le directeur de production du festival No Logo BZH :

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« La sélection des gens qui auront la chance de participer à ces concerts tests sera faite d'abord, en puisant dans nos fichiers festivaliers et clients des précédentes éditions. Après si par chance il reste des places on ouvrira les vannes, mais je ne suis pas inquiet sur l'adhésion des gens à venir participer à un événement comme celui-ci. Ils sont totalement prêts à jouer le jeu jusqu'au bout, ils ont compris notre démarche. L'idée est de tomber dans la situation la plus normalisée d'un festival comme le nôtre. On va retrouver du camping, des points de restauration et débits de boisson, et tout ce qui peut y avoir autour d'un événement comme celui-ci pour le rendre divertissant, sous réserve qu'on est toujours un accord global pour tout ce qu'on souhaite mettre en place vis à vis des autorités. »

Quid de la programmation ?

Quant à savoir si la programmation sera plus soft que d'ordinaire pour éviter les grands mouvements de foule, Kevin Rayes, directeur de production du festival No Logo BZH, n'entend pas proposer des berceuses pour inciter le public à rester tranquille, comptant au contraire sur la responsabilité de chacun :

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« On va en tenir compte mais le but malgré tout, vu que nous, on n'est pas dans une formule assise mais on souhaite porter une formule debout, c'est justement de retrouver ce côté festif qu'on peut avoir dans un événement comme le nôtre... et je reste convaincu qu'il ne faut pas se contraindre à ne mettre que des groupes calmes, il faut rester dans notre mouvance habituelle avec des choses cool et des choses un peu plus énervées et justement faire confiance au public. Ce sera la responsabilité de chacun, pour apprendre à s'amuser différemment le temps de cette période covid qui, je l'espère, durera le moins longtemps possible. »

Les organisateurs doivent présenter leur projet complet devant la commission nationale de recherche covid ce vendredi (26 février) laquelle ne délivrera qu'un avis. Au final, seules les autorités (type préfecture) donneront leur feu vert. Côté musique, le groupe Pierpoljak a d'ores et déjà donné un accord de principe pour y participer.

Propos recueillis par Jules Housseau.