Un auditeur raconte la crise depuis Taïwan

9 avril 2020 à 8h50 par Dolorès CHARLES

De nombreux témoins chaque jour sur Hit West au micro des animateurs ! Auditeurs, professionnels de santé, citoyens à l'origine d'initiatives positives, ou autres bons plans. Ce matin c'est Olivier, expatrié à Taïwan, qui raconte la gestion de la crise, là-bas.

HIT WEST
Crédit : Pixabay

Olivier est un auditeur installé à Taïwan depuis quelques années. Là-bas, la crise a été prise au sérieux très rapidement et les premières mesures ont été appliquées dès le mois de décembre. A Taïwan, 25 millions d’habitants et seulement 398 infections déclarées et 5 décès. Il a raconté ce matin, au micro de Julien et Pierre, son quotidien d’expatrié depuis quelques mois.

Interview en longueur :

Écouter le podcast

"En fait, Taïwan qui est très proche des frontières de la Chine, on est à 700 km, en plus il y a une promiscuité entre la Chine et Taïwan, parce qu’il y a énormément de résidents taïwanais qui travaillent et vivent en Chine en permanence donc par les rumeurs, en dehors des déclarations officielles de la Chine, on a su très tôt que quelque chose se passait à Wuhan, qu’il y avait une multiplication des pneumonies en particulier. Et Taïwan, qui est très méfiant de tout ce qui arrive de Chine, en particulier des virus, des épidémies, ce n’est pas la première fois, il y a eu le SRAS en 2003, des grippes aviaires… Donc Taïwan se protège de façon assez drastique et très rapidement, de tout risque épidémique. Il ne faut pas oublier que Taïwan est une île et que chaque épidémie pourrait être catastrophique. Chaque année, on a la fièvre dingue, chaque année on a un virus qui s’appelle l’entérovirus qui touche les enfants particulièrement. Et donc là, très rapidement, dès le mois de décembre, le gouvernement a décidé d’abord de restreindre les voyages entre la Chine et l’île de Taïwan, ensuite de les interdire complètement, d’interdire aux ressortissants non chinois, qui auraient transité par la Chine, de venir à Taïwan. Pour finalement, la situation actuelle, si vous voulez venir à Taïwan, désolé, vous ne serez pas les bienvenus.

Ceux qui faisaient des voyages de business ont arrêté dès fin décembre, de faire ces voyages. Ceux qui résidaient en chine ont eu le droit au moment des vacances du Nouvel An chinois qui se tenait fin janvier, de rentrer. Ca a été la première vague d’épidémie parce que certains sont rentrés avec le virus. Ils ont été mis soit en confinement, soit isolés à l’hôpital. Et depuis, ils ne sont pas repartis.

Pour autant à Taïwan, on n’est pas confinés à la maison, il y a des règles qui sont assez strictes cependant. Les restaurants ne sont pas fermés, les bars ne sont pas fermés, il n’y pas de confinement obligatoire. Par contre il y a une culture sanitaire, face à ces épidémies, face à la propagation de n’importe quoi, ça va jusqu’au rhume. Bien avant le virus, on se protégeait, on protégeait les autres. Ce que vous appelez gestes barrière, ce que j’aurais tendance à appeler des gestes de respect et de politesse, c’est-à-dire garder ses distances, porter un masque quand on a un rhume, se laver les mains quand on va à La Poste, à la banque… Ce sont des habitudes que j’ai toujours connues ici. J’avoue que quand je suis arrivé à Taïwan, il a fallu que j’apprenne des choses.

Le monde entier va se sortir de ce virus. Mais les habitudes que vous aurez prises à l’occasion de ce coronavirus, il faudra se dire que ça pourra aider l’année prochaine à limiter le nombre de morts dans la grippe saisonnière.

En janvier, quand il y a le premier cas confirmé à Taïwan -Taïwan a commencé à mettre en place des mesures de restriction et à alerter la population avant qu’i y ait un premier cas- nous sommes allés au supermarché et à l’entrée, il y avait 2 grandes palettes des boîtes de 50 masques. J’ai acheté une boîte pour moi et pour mes beaux-parents. Si j’avais su, j’aurais acheté 10 ou 20 boîtes, mais je n’ai pas eu ce reflexe-là. Trois jours après, les boîtes avaient disparu de tous les magasins. Tout de suite, le gouvernement a mis en place un système de rationnement. Aujourd’hui on a le droit à 9 masques par personne tous les 15 jours."