Santé : Les collectifs préparent l’après Buzyn

19 février 2020 à 16h05 par Emilie PLANTARD

Agnès Buzyn partie en campagne pour les municipales de la ville de Paris, les Collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux vont devoir discuter avec un nouveau ministre, Olivier Véran, médecin lui aussi.

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Crédit : Hit West

Depuis presque 1 an, le collectif Inter-Urgences alerte sur les conditions d’accueil et de travail dégradées au sein des services des urgences et se bat pour obtenir des améliorations. Un an de grèves, de discussions avec la ministre de la santé Agnès Buzyn, un an de mobilisations et de désillusions… Jusqu’à la démission de la ministre de la santé le 16 février dernier, quelques jours seulement après un énième rassemblent des personnels hospitaliers, pour cause de course à l’investiture à la mairie de Paris.

A Nantes, où on prépare un débat sur les enjeux de la santé avec les candidats aux élections municipales, c’est la douche froide. Philippe Bizouarn est médecin anesthésiste à l’hôpital Laënnec et membre du collectif Inter-Hôpitaux, il ne cache pas sa colère :

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"Ça m’inspire du mépris, de cette dame médecin vis-à-vis de nos revendications. Ça fait des mois qu’on essaie de travailler avec elle, d’être écoutés par elle, elle nous dit qu’elle a le dossier en main, qu’elle le connaît très bien, et puis tout à coup elle s’en va, en nous laissant bouche-bée… On sait qu’il y aura des gens qui vont rester, des directeurs de cabinet, des experts avec qui elle a travaillé, mais cette manière de quitter le dialogue, même qu’il n’y en n’a pas eu beaucoup, pour moi c’est pas une éthique."

Un relai pas inconnu

Pour la remplacer au pied levé, un nom connu de l’univers hospitalier : Olivier Veran. Médecin neurologue au CHU de Grenoble, cet homme de 39 ans a également été élu conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2015 puis député de la première circonscription de l’Isère en 2017 et a rempli plusieurs missions auprès du gouvernement, autour des sujets de santé.

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"C’est quelqu’un qui connaît certainement l’hôpital, mais il est aussi devenu député, encarté LREM, il a quand même été rapporteur du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, il est peut-être de bonne foi mais les moyens qu’il va avoir ou la manière dont il va comprendre les choses ne vont pas changer, donc on n’en attend rien."

Un espoir...?

Les membres des collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, qui attendent des réponses concrètes de la part du gouvernement, veulent cependant continuer à croire en l’avenir de l’hôpital public en France. Si Agnès Buzyn était elle-même médecin, elle a beaucoup déçu. Olivier Véran aura peut-être une oreille plus attentive.

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"On va espérer qu’un dialogue nouveau s’installe, c’est un homme, ce n’est pas qu’un robot pour l’instant donc peut-être que les choses vont se passer différemment. C’est vrai qu’on ressentait du mépris dans les discussions qu’on a eu avec elle, on n’a pas senti l’écoute qu’un médecin pourrait avoir vis-à-vis d’un patient, d’un soignant ou d’un collègue, peut-être qu’avec M. Véran il y aura plus d’écoute, plus d’ouverture d’esprit, même s’il va suivre la politique gouvernementale mais peut-être qu’il a des failles lui aussi et qu’il va redevenir médecin, c’est ce qu’on souhaite."

En attendant la reprise des discussions au niveau national, les membres des collectifs et des syndicats de soignants proposent un débat avec les candidats aux élections municipales de Nantes, ce jeudi 20 février 2020 de 18H à 20H à l’amphithéâtre BIAS 400 de l’UFR Pharmacie (9, rue Bias à Nantes). Intitulée « De l’hôpital à la ville », cette rencontre vise à interpeller la future maire de Nantes autour des enjeux de la santé à Nantes.

Un reportage d'Emilie Plantard.