Retour en présentiel des étudiants les plus fragiles

4 janvier 2021 à 16h11 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : pixabay

Ce lundi 4 janvier marque le retour en présentiel à l'université des étudiants les plus fragiles et vulnérables. Une urgence pour le responsable du service de médecine préventive à l'université de Nantes, interrogé par Mathieu Lopinot.

Sur les campus, retour des étudiants les plus fragiles, et de tous les étudiants un peu plus tard. Objectif de la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, éviter le décrochage scolaire et lutter contre la dépression des étudiants confinés seuls, loin de chez eux. La crise et les confinements à répétition ont impacté la santé mentale des jeunes, plus nombreux à consulter le service universitaire de médecine préventive de Nantes. Voilà ce qui préoccupe le Dr Michel Blanche, responsable du service de médecine préventive sur le campus nantais, avec Mathieu Lopinot :

Écouter le podcast

"Les cours en distanciel ne sont pas évidents... et le grand risque est le décrochage. Si les jeunes décrochent, ils sont perdus, et ce sont des éléments qui vont entraîner des angoisses, du stress et de la dépression. Le deuxième élément c'est la rupture de la vie sociale. Les étudiants se sont retrouvés seuls dans des appartements ou des chambres en ville ou des studios, c'est un élément qui a entrainé de grandes difficultés psychiques chez les jeunes et puis troisièmement, la plupart des étudiants n'a plus de job et donc (cela pose) d'énormes difficultés financières."

Les étudiants se rendent au service du Dr Blanche, car ils sont angoissés, déprimés, et ils enregistrent des problèmes de sommeil. Ils voient l'infirmière pour une écoute en premier lieu et si le jeune 'patient' ne va pas bien, il peut y avoir une hospitalisation. La situation n'est pas inédite, la précarité étudiante n'est pas nouvelle : pendant ces confinements, ce sont les mêmes pathologies que d'habitude, il n'y a pas plus de recours aux urgences psychiatriques, mais il y a davantage de cas.

Des dépistages massifs à l'étude

Plus 20% d'étudiants par rapport à l'an dernier sont venus consulter le service de médecine préventive à l'Université de Nantes pour demander de l'aide. Plus de consultation, mais pas d'aggravation de cas. Pour le Dr Blanche, la reprise des cours est l'une des solutions :

Écouter le podcast

"La reprise des cours en présentiel permettrait moins de difficultés dans l'apprentissage et le parcours académique, et la deuxième chose c'est la reprise un petit peu de la vie sociale, qu'on le veuille ou non, avec les précautions indispensables et nécessaires... Ce n'est pas parce que nous reprenons les cours à l'Université que l'on va reprendre la totalité de sa vie sociale... On est en train d'étudier en cas de reprise, l'organisation de dépistages massifs...On envisagerait par exemple 4 à 5 jours après la reprise universitaire ... on testerait pour pas que cela recontamine... c'est une solution que l'on va voir avec l'Agence régionale de santé."

Une solution urgente

La reprise des cours en présentiel est urgente pour le Dr Blanche, d'autant plus que l'université n'est pas un lieu de contamination :

Écouter le podcast

"Ce n'est pas sur les bancs de l'Université que les étudiants se contaminent, car les étudiants sont masqués. Ils sont masqués dans les cours et à l'intérieur sur les campus, et donc les clusters sont surtout nés dans les fêtes étudiantes, lors de la vie festive... Tous les clusters ont été relevés après des soirées... C'est pour cela que nous demandons au gouvernement de pouvoir reprendre les cours rapidement en présentiel, même en jauge adaptée dès le mois de janvier."

Une circulaire ministérielle donne la priorité aux étudiants les plus fragiles et vulnérables, inscrits en première année. Sont aussi concernés, les étudiants en situation de handicap, de précarité numérique, ou les étudiants étrangers. Pour les autres, il faudra encore patienter un peu.