Rentrée scolaire : Les syndicats enseignants inquiets

20 août 2020 à 14h13 par Emilie PLANTARD

A 10 jours de la rentrée scolaire, la sérénité n'est pas franchement au rendez-vous et les syndicats commencent à s'impatienter de n'avoir aucune nouvelle de leur ministre Jean-Michel Blanquer⬦

HIT WEST
Crédit : @Hit West

La fin des vacances d’été s’annonce au moins aussi mouvementée que la fin de l’année scolaire… Alors que l’épidémie de Covid-19 regagne du terrain, le ministère de l’éducation n’a toujours pas évoqué d’évolution des conditions sanitaires pour accueillir les élèves. Le SNUIPP-FSU demande officiellement au ministre le décalage d’une semaine de la date de rentrée. Une position pas tout à fait partagée par le SNEP-FSU, le syndicat des enseignements du second degré, qui ne l’envisage pas dans les collèges et les lycées.
Gwenaël Le Paih est secrétaire général SNES-FSU de Bretagne :

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"Dans le 1er degré, je pense qu’il y a nécessité de décaler comme le demandent nos camarades du SUIPP-FSU, dans le second degré on est plutôt dans l’idée qu’il faut avoir une rentrée en présentiel pour les élèves dès la semaine du 1er septembre. Par contre il faut étaler la rentrée des élèves dans les classes, il ne faut pas que tous arrivent le premier jour, pour pouvoir faire avec eux un accueil qui leur permettra de bien appréhender les gestes barrière, le rappel sera essentiel, comment le self va être réorganisé… Il y a lieu en tous cas de se donner le temps de la pré-rentrée avec les élèves en échelonnant leur arrivée dans les établissements."

Un protocole sanitaire daté...

Après le confinement durant lequel une continuité pédagogique avait été mise en place, les enfants qui le souhaitaient avaient progressivement pu retourner en classe, selon un protocole sanitaire rigoureux. Allégé une première fois en juin, il l’a de nouveau été en juillet et n’a plus évolué ensuite, une situation qui inquiète les syndicats enseignants.

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"On était à un moment où la situation sanitaire revenait presque à la normale, et on s’imaginait une rentrée où le virus circulerait peu, sauf que les faits montrent qu’on est exactement dans un schéma contraire. On voit que les mesures ont été amplifiées, notamment dans les entreprises, avec les masques obligatoires, et pour l’instant nous en sommes, à l’éducation nationale à un schéma où le protocole a été considérablement allégé, on a enlevé toute distanciation physique dans les salles de classe, donc on voit qu’il n’y a pas de mesures qui sont prises pour protéger les élèves ni le personnel."

Un contexte pédagogique particulier

Le contexte sanitaire n’est pas le seul à inquiéter le monde enseignant. La situation pédagogique est également très particulière et une feuille de route du ministère serait la bienvenue. Si les enseignants et les parents ont fait de leur mieux au premier semestre pour que les enfants ne décrochent pas, certains ont pris du retard et il apparaît évident que tous les élèves ne sont pas au même niveau…

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"Je rappelle que l’école n’était pas obligatoire sur cette fin d’année et que tous les parents n’ont pas fait le choix de remettre leurs enfants à l’école. Donc nous allons retrouver des élèves qui n’ont pas vu d’enseignants depuis le mois de mars donc il y a lieu de renouer des liens avec les adultes, avec l’activité scolaire, avec le travail, la remise au travail de tous ne sera pas une évidence. On ne peut pas imaginer par exemple qu’un élève qui arrive en 6è ait un programme entier alors qu’il a eu 1/3 de CM2 en moins en classe. Donc il faut réinventer et aménager les programmes, ça, ça doit être une volonté ministérielle, et pour l’instant rien ne vient."

Un rattrapage nécessaire

Pour les syndicats et en particulier le SNES-FSU, les établissements auraient besoin de diviser les groupes pour s’adapter aux différents niveaux. Ils demandent donc des moyens supplémentaires au ministre de l’éducation, afin de s’adapter à cette rentrée si particulière et ne laisser aucun élève sur le bord du chemin. Pour l’instant, pas de déclaration en ce sens… 

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"Nos jeunes ont vécu une fin d’année particulière, difficile où ils ont très souvent été éloignés de l’école, en permettant plus de groupes à effectifs allégés, ça veut dire qu’il faut des moyens dans les classes. L’académie se prépare par exemple pour les collèges et lycées publics, à une rentrée avec des moyens qui vont être supprimés, la rentrée a été organisée sur un schéma qui n’est pas du tout convenable au vu des besoins des élèves et il y a lieu rapidement, d’avoir une discussion avec le ministère et le rectorat, pour imaginer une rentrée sur une autre base."

Le ministre s’exprime au JT de France 2 ce jeudi soir, ses déclaration sont très attendues des enseignants et des parents d'élèves.