Qui sont les Gilets jaunes ? Quelles sont leurs revendications ? Et pourquoi ?

16 novembre 2018 à 6h30 par Alexandra BRUNOIS / Dolorès CHARLES

La journée d'action de samedi s'organise pour les gilets jaunes. Pour protester contre la hausse des prix du carburant, les manifestants prévoient des blocages, des barrages sur les routes, partout dans l'Ouest. Le mouvement se dit spontané et apolitique, mais qui sont ces "Gilets jaunes" ? Exemples dans le nord du Morbihan, où la mobilisation est particulièrement forte.

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Crédit : Yann Launay

A Pontivy, Isabelle a participé à la création du comité gilets jaunes. Cette habitante d'Evellys est actuellement sans emploi, elle a dû s'arrêter de travailler pour soigner une grave maladie, mais Isabelle explique qu'elle ne pouvait rester passive devant cette hausse du prix du carburant, une hausse qui n'a rien d'anecdotique dans son quotidien :

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"J'ai une reconnaissance adulte handicapé, je vis avec des aides sociales, c'est extrêmement compliqué déjà en termes de budget, quand il faut se déplacer pour les enfants, pour les rendez-vous médicaux, pour les courses, je suis obligé maintenant d'optimiser mes déplacements, de faire d'une pierre 2 coups, d'éviter d'aller voir les copains qui habitent un peu loin parce qu'en termes d'essence, c'est trop cher... c'est ça ou je mange, donc je préfère manger et nourrir mes enfants."

Pourtant Isabelle explique avoir une profonde sensibilité écologique, mais cette fois elle se sent prise en otage, pour elle, la transition énergétique sert de prétexte à un gouvernement dont elle dénonce l'incohérence.

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"J'aimerais voir l'Etat prendre des grandes décisions, en amont, sur de grosses multinationales, qui polluent 10 fois, 20 fois plus que nous, avant de nous culpabiliser d'utiliser nos voitures."

Et l'augmentation de la prime à la conversion annoncée par le Premier Ministre ne change rien, pour Isabelle, qui n'a pas d'argent de côté pour compléter la prime et changer de voiture :

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"Quand on va demander des prêts à la banque, on nous rit au nez... Même si on me donne 3000 euros, qu'est-ce que je trouve comme voiture propre à 3000 ?.. De toute façon, la mobilisation, il ne s'agit pas que de la hausse du carburant : cela a commencé par le contrôle technique, il y a de plus en plus de voitures qui ne passent plus au contrôle, il y a des réparations à faire. Il y a eu aussi les 80 km/h.. On a la sensation que le gouvernement est en décalage avec ce que l'on vit, nous au quotidien, dans nos campagnes."

A Locminé, c'est le "Collectif 56" qui a pris les choses en main : un collectif de défense des petites et moyennes entrerprises créé il y a 2 ans pour s'opposer à l'époque au RSI. Un collectif présidé par Michel, un commerçant qui gère 3 caves dans le Morbihan...

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"Personnellement j'ai 5 véhicules en permanence sur la route tous les jours, pour les livraisons, et pour moi c'est 6000 euros de plus par an si l'on reste au prix actuel du carburant.. Beaucoup de nos dirigeants sont complètement à côté de la dure réalité que l'on vit, des factures qui s'entassent.. Il n'y a pas que le carburant : il y a le gaz, le fioul, qui augmentent.. Les conséquences se voient tout de suite sur le commerce : quand les gens n'ont plus d'argent dans le portefeuille, ils restent à la maison."

La transition énergétique, Michel n'a rien contre, mais pas de cette façon...

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"Aujourd'hui, tout le monde fait durer un peu plus son véhicule, on ne va pas passer d'un véhicule qui n'est pas fini de payer à un autre véhicule qui n'était pas prévu, les gens ont aussi leur maison à rembourser, d'autres choses à payer.. Transition, c'est transition, ce n'est pas brutalité."

A Locminé, le Collectif a prévu d'installer des barrages, samedi, pour bloquer la ville. Une méthode qui ne fait pas l'unanimité dans l'opinion, et parfois même dans les rangs des gilets jaunes. Mais pour Alain, porte-parole du Collectif 56, c'est la meilleure façon de faire passer le message :

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"Il faut bien marquer les esprits, et il faut bien que ce jour-là, une grosse partie de la France s'arrête deux minutes, se pose, il faut que le peuple montre qu'il n'est pas en accord avec la méthode du gouvernement, qui appauvrit ceux qui n'ont déjà pas grands chose, et il met en péril les entreprises."

Mais les Gilets jaunes de Locminé ont cherché à se mettre en règle, pour l'action de samedi : la manifestation est déclarée, et les barrages devraient être des barrages filtrants :

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"Pas question de débordements chez nous, on va bloquer les accès principaux à Locminé, à deux gros rond-points, mais ce seront des barrages filtrants, avec des déviations : ce ne sera pas un blocage complet, qui nous mettrait en totale infraction, le barrage se veut responsable."

Des propos receuillis par Yann LAUNAY