Près de St Nazaire, une usine SEVESO pose problème

13 janvier 2021 à 10h37 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h35 par Emilie PLANTARD

HIT WEST
Crédit : @Google Map

Installé depuis 2003 à Montoir-de-Bretagne, le fabricant d'engrais norvégien Yara est régulièrement mis à l'amende par la préfecture, pour non-respect des normes. La dernière sanction date de décembre dernier et l'association ADZRP alerte une énième fois sur la situation.

Régulièrement depuis 2010 et plus sévèrement depuis 2018, la DREAL met en lumière les problèmes de pollution que pose l’usine Yara, productrice d’engrais industriels implanté à Montoir-de-Bretagne et classée Seveso seuil haut. Régulièrement mise en demeure par la préfecture, une nouvelle fois en décembre 2020, l’entreprise ne semble pas réagir. L’ADZRP, Association Dongeoise des Zones à Risques et du PPRT, pointe ce comportement du doigt et sa présidente, Marie-Aline Le Cler, dénonce les nombreuses pollutions de l’eau et de l’air, provoquées par l’usine.

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"C’est une entreprise qui utilise de l’eau pour ses process, donc elle rejette ensuite ces eaux qui contiennent un certain nombre de polluants dans la Loire. Elles contiennent de l’azote, du phosphore… Et elle rejette aussi de la poussière, c’est le plus grand émetteur de poussières de tout le secteur. Ca dépasse les 200 tonnes par an, c’est énorme. Dans les arrêtés préfectoraux, à chaque fos, les normes sont rappelées, mais pour l’instant rien ne s’arrête."

La préfecture prend des mesures...

L’entreprise a donc été mise en demeure en juin 2020 concernant ces rejets de poussière supérieurs à la norme, ainsi que les rejets d’eaux industrielles. Pour autant, en septembre dernier, la Dréal a constaté qu’aucune démarche n’avait été faite pour lutter contre ces infractions. La préfecture de Loire-Atlantique a donc décidé de sévir en imposant une astreinte de 300 euros par jour à Yara, qui doit fournir des documents justifiant simplement des lancements d’études... Mais ce n’est pas la première fois que la préfecture serre la vis.

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"On a l’impression que depuis 2 ans, la pression s’accélère, on va jusqu’aux astreintes financières et on les augmente. Malgré tout, on n’a pas vraiment l’impression que ces astreintes produisent de l’effet, d’autant plus que quand on voit le représentant de Yara s’exprimer dans la presse, il ose dire qu’il fait tout ce qu’il faut pour respecter la santé aussi bien des salariés et des habitants que l’environnement. Or, on a la preuve que c’est faux ! Ce qui nous fait douter du poids des mesures prises pour lutter contre ces malversations."

ARRETE YARA.PNG (481 KB)

... Depuis plusieurs années

Yara est donc contrainte de payer 300 euros (2x150) par jour à compter du 24 octobre, date de la signification de la mise en demeure, soit déjà plus de 27.000 euros. L’association doute que cela suffise à impressionner l’entreprise…

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"Peut-être qu’elle paie, mais on n’en a pas la preuve. On sait aussi que parfois, quand elle reçoit des mises en demeure, elle les conteste au tribunal administratif, donc elle joue dans le temps aussi cette entreprise c’est-à-dire que pendant qu’elle conteste, les choses n’aboutissent pas. Elle vient d’écoper de 300 euros par jour parce qu’elle n’a toujours pas mis en place son système de traitement, mais voyez, on est en janvier 2021, or ce système on lui demande depuis plusieurs années."

Des sanctions insuffisantes ?

L’association, qui suit le dossier depuis des années, ne peut constater à ce jour, que l’inefficacité de ces mesures contre un industriel qui passe outre les sanctions de l’Etat et continue de polluer sans vergogne. Sans pouvoir lutter contre sa présence à Montoir, l’association voudrait voir de vraies sanctions dissuasives.

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"Les engrais existent, les agriculteurs les utilisent, donc tant qu’on n’est pas sortis de là, il en faut. A ce moment-là, on se donne toutes les garanties pour que le risque soit réduit au maximum. Les prescriptions existent, les règlementations sont connues des industriels, ils se doivent de les respecter. Si vous vous faites arrêter demain à jeter votre masque dans la rue, vous allez avoir une amande de 135 euros ; vous imaginez, on est en train de dire à Yara, vous allez payer 150 euros par jour parce que vous rejetez du phosphore et de l’azote dans la Loire ou de la poussière dans l’environnement, ça nous fait un peu sourire aussi. Il y a un décalage énorme."

Un risque d'explosion qui fait peur

Et puis il y a le volet « nitrate d’ammonium ». En effet, l’entreprise en utilise pour fabriquer ses engrais, qu’elle stocke en quantité sur site. La récente explosion au Liban n’est pas pour rassurer les riverains qui redoutent un tel scénario. Pour autant, cet aspect n’est pas présent dans le plan de prévention des risques.

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"L’usine Yara en produit tous les jours et donc elle utilise ce nitrate d’ammonium pour ces engrais, dont certains sont à forte teneur en nitrate d’ammonium et c’est un site qui est capable de stocker 112.000 tonnes d’engrais. C’est énorme. On avait malheureusement suivi ce qui s’était passé à AZF, et c’est vrai que Beyrouth l’été dernier ça n’a fait que renforcer nos inquiétudes et de fait, relancer la préfecture en disant qu’il faudrait revisiter ce plan de prévention. Visiblement, on n’est pas entendus."

L’association interpelle aujourd’hui l’Etat pour durcir les sanctions possibles envers les pollueurs. La direction de Yara n'a, pour l'instant, pas répondu à nos sollicitations.