Port du masque : Les entreprises veulent du bon sens

18 août 2020 à 8h50 par Emilie PLANTARD

Le gouvernement doit tenir une réunion ce mardi sur l'élaboration du nouveau protocole sanitaire applicable dans les entreprises à la rentrée. Les syndicats et groupements d'entreprises demandent de la souplesse.

HIT WEST
Crédit : @Hit West

La journée de mardi s’annonce déterminante concernant les conditions de travail en entreprise à la rentrée. Masque systématiquement obligatoire ou seulement dans certaines situations… ? Une première réunion s’est tenue vendredi entre le ministère du travail et les représentants syndicaux et patronaux. Une nouvelle rencontre doit avoir lieu ce mardi entre le ministère et les partenaires sociaux, durant laquelle de nouvelles mesures devraient être présentées et discutées.
Un protocole sanitaire plus stricte qui pourrait éviter le risque de clusters, mais qui serait une nouvelle contrainte pour les salariés. La Confédération des Petites et Moyennes Entreprises, comme la majorité des syndicats et groupements, accepte ces nouvelles règles, à conditions qu’elles restent souples. Brigitte Le Cornet est la présidente de la CPME de Bretagne :

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"La généralisation du port du masque dans toutes les entreprises et par tous les salariés, même en cas de respect de la distanciation, nous pose problème. Il faut vraiment que ce soit du cas par cas, il faut apprécier, il faut du bon sens, est-ce qu’on pourrait comprendre qu’une personne seule dans son bureau, soit obligée de porter en permanence un masque. En fonction des conditions de travail, est-ce que des salariés, où il y a de la distanciation, seraient obligés de porter le masque ? Nous sommes avant tout soucieux du confort de nos salariés, de leur santé bien sûr mais sur leur confort au travail."

Une contrainte renforcée

Dans des contextes sanitaire et économique difficiles, imposer le port du masque de manière systématique sera une difficulté supplémentaire pour les responsables d’entreprises. Pas toujours évidente à gérer…

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"On voit bien les difficultés qu’a l’Etat aujourd’hui à faire respecter des réglementations dans l’espace public, c’est aussi difficile parfois pour un chef d’entreprise de les faire respecter au sein de ses équipes. D’abord on voit qu’il y a des gens qui ne sont pas tout à fait en phase avec cette histoire de port du masque systématique et puis il y a des gens qui ont des difficultés pour respirer avec, je le conçois… Et puis c’est aussi une activité économique qui n’est pas au rendez-vous forcément donc vous avez ce souci-là qui arrive en plus. Il faut être performant, sans en avoir tout à fait les moyens. C’est très difficile. Et on a pris du retard et les marges sont déjà bien entamées, les chiffres d’affaires ne sont pas là et on sait qu’on va vers le dur niveau difficulté…"

Respect du nouveau protocole

Il faudra respecter et faire respecter ce nouveau protocole sanitaire, afin de protéger au mieux les salariés. Il est presque inutile de le rappeler tant les entreprises ont évidemment intérêt à le faire. Mais pour la présidente de la CPME bretonne, il sera d’autant plus respecté s’il est cohérent.

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"On n’a pas besoin de le dire, les chefs d’entreprise sont des gens responsables. D’abord il y a de fortes amandes en cas de non-respect, mais c’est aussi un souci de santé publique et de continuité de l’activité. Une entreprise qui serait fermée pour cause de clusters ou de cas, c’est catastrophique. Donc bien sûr, on va le dire mais ils sont responsables et on a tout à fait confiance en eux, maintenant nous, ce qu’on essaie de dire, c’est qu’il faut faire attention à ce que ce ne soit pas quelque chose d’arbitraire et qu’il faut du bon sens dans cette histoire."

Le télétravail, pas toujours pertinent

Dans ce nouveau protocole sanitaire, le télétravail restera la priorité quand c’est possible, dans les zones de circulation active du virus. Là encore, la CPME est d’accord, à condition que ça convienne aux salariés et aux entrepreneurs.

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"Ça peut être une bonne chose pour certaines entreprises, il y en a qui sont satisfaits de cet essai. Sorti de là, il y a certaines entreprises pour qui c’est compliqué. Il y a des salariés qui ne sont pas satisfaits du télétravail. Et il faut se souvenir que dans les petites entreprises, le lien social et l’esprit d’équipe sont importants. On ne peut pas imaginer qu’il puisse y avoir une fracture entre les gens qui sont en production et les gens qui sont dans l’administratif où certains pourraient travailler chez eux et les autres seraient tenus de s’exposer, parce que c’est comme ça qu’on verrait les choses, à un risque sanitaire. Donc pareil, du bon sens, laisser la main aux chefs d’entreprise qui savent comment gérer leurs équipe."

16 clusters sont actuellement en cours d’investigation en Bretagne, parmi lesquels 5 sont apparus en milieu professionnel.