Où est l'épave de la Cordelière ?

4 juin 2019 à 16h53 par Katell LAGRE

Les recherches reprennent, pour tenter de localiser l'épave de La Cordelière.

HIT WEST
Crédit : DRASSM

A Brest, les recherches reprennent, pour tenter de localiser l'épave de La Cordelière, vaisseau amiral d'Anne de Bretagne, et du Regent, le plus grand navire de la flotte d'Henri VIII. Les deux bateaux ont sombré ensemble, en 1512, lors d'un affrontement naval près de l'entrée du goulet de Brest.

L'André Malraux, le navire de recherche du DRASSM (Département des recherches archéologiques sous-marines) va mener une campagne de trois semaines dont Michel L'Hour, le patron du DRASSM, nous résume le programme :

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"Poursuivre les prospections que nous avons déjà commencées l'année dernière, toujours dans la zone de haute probabilité de 27km² que nous avions définie. Et à travers les données recueillies l'an passé, nous avons défini une trentaine de sites potentiels, dont 5 anomalies extrêmement importantes, qui peuvent être des bateaux enfouis sous le sable..."

Cette campagne 2019 permettra aussi d'explorer l'épave baptisée "Sud Minou 1" : une épave inconnue, découverte l'an passé. Il s'agirait d'un navire du XVIème siècle, de l'époque de la Cordelière et du Régent, mais qui ne portait aucun canon. Un fragment de céramique prélevé à bord n'a pas permis d'identifier sa nationalité, et cette épave reste très énigmatique :

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"Ce navire était grand pour la période : 30 ou 40 mètres, et le fait qu'il n'y ait pas de lest, pas de ballast, montre que ce navire était forcément chargé de quelque chose, une cargaison qui n'a pas laissé de trace... Portzmoguer, le commandant de la Cordelière, au début de l'affrontement, aurait envoyé un navire anglais par le fond.. et on se demande si ce navire, Sud Minou 1, ne serait pas ce bateau, un des navires d'escorte de l'escadre anglaise.."

Cette campagne 2019 doit se poursuivre jusqu'au 28 juin. Une troisième campagne est d'ores et déjà programmée, l'an prochain.

Michel L'Hour à la passerelle de l'André Malraux

Parallèlement aux recherches en mer, des recherches sont menées dans les archives, en France, en Italie, en Angleterre, pour tenter de trouver des témoignages permettant de définir le lieu du naufrage. Un document précieux a été découvert à Londres, à la British Library, comme l'explique Christophe Cérino, ingénieur de recherche en histoire maritime à l'Université de Bretagne sud, à Lorient, et coordinateur de l'enquête documentaire :

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"Une lettre d'un marin, un officier probablement, qui était à bord, relate qu'à un moment donné, pendant la bataille, les vents ont tourné... Depuis le début, il y a les tenants de la théorie des vents du Nord, du Nord-ouest, et les tenants de la théorie des vents d'Auster.. Mais pourquoi vouloir faire en sorte que les sources se contredisent, pourquoi ne pas envisager que les sources puissent se compléter ?.."

Alors que le navire amiral de la recherche archéologique française, l'André Malraux, est à Brest, le DRASSM annonce la construction d'un "André Malraux 2", le Ministère de la Culture a donné son feu vert. Ce bateau sera basé à Saint-Malo et embarquera les dernières technologies en matière de recherche archéologique sous-marine :

Reportage de Yann Launay.