Nantes : un policier au collège chaque mardi

14 mai 2019 à 5h05 par Dolorès CHARLES

Le collège Debussy travaille depuis de nombreuses années en collaboration avec le CLJ, le Centre Loisirs Jeunesse de la Police. Cette fois, le partenariat franchit un cap puisqu'un fonctionnaire de Police tiendra une permanence dans l'enceinte de l'établissement chaque mardi matin.

HIT WEST
Gwenaëlle Douarinou-Kouassi (principale du collège Debussy) et Anthony Guitard (Policier)
Crédit : Emilie Plantard, pour Hit West

Les enfants l’appellent par son prénom et le tutoient. Ca ne pose aucun problème à Anthony Guitard, fonctionnaire de Police et directeur du CLJ 44. Désormais, chaque mardi matin il assure une permanence au sein du collège Debussy, un établissement classé REP+ en plein cœur du quartier sensible de Bellevue, à Nantes. Cette présence n’est aucunement liée aux fusillades entre jeunes du quartier. Elle est une expérience menée par des partenaires qui se connaissent depuis longtemps : Le collège et le CLJ. L’objectif n’est donc pas de surveiller les jeunes mais de nouer un lien avec eux, de répondre à leurs questions et de mener des actions de prévention. Anthony Guitard avec Emilie Plantard.

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« Il y a un bureau dédié, ouvert les mardis matin. Et après l’idée c’est de rencontrer au cœur les élèves. C’est aussi autour d’actions qu’on va mener autour des gestes qui sauvent, de la lutte contre le harcèlement, des temps d’échange, de médiation… C’est là qu’on va essayer de les rencontrer aussi les élèves. Et autrement si eux veulent me rencontrer, ils peuvent toquer, ils peuvent venir me parler de ce qu’ils veulent. Après à moi de faire le lien, j’interviens car je suis un maillon du collège, de toute l’équipe déjà en place. »

"Plus on créé du lien, plus on les accroche..."

Ce lien tissé avec les enfants et leurs familles est important, surtout dans les quartiers sensibles. Le CLJ permet aux enfants de profiter de différentes activités pendant les vacances mais les policiers peuvent aussi prendre en charge les collégiens exclus provisoirement de leur établissement… Une manière de ne pas les laisser face à l’ennui et le désarroi.

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« Plus on créé du lien, plus on les accroche. Nous on a un levier qui est le temps extra-scolaire, on a des séjours, on a des activités, tout un tas de trucs… Si on arrive à créer le lien, et qu’après on arrive à travailler avec eux sur du temps extra-scolaire et c’est du temps où ils ne sont pas à traîner dans le quartier. C’est du temps où ils ne sont pas tentés de faire quelque chose d’autre et on sait que les tentations peuvent être grandes dans le quartier. »

Une expérimentation unique en France

Au collège, c’est une première. Ici, au milieu des parterres de fleurs et des arbustes dans la cour, on veut privilégier la vie scolaire. La directrice Gwenaëlle Douarinou-Kouassi est consciente des fragilités sociales que rencontrent certains jeunes de son établissement et veut faire le maximum pour aider ses élèves. La présence du policier est expérimentale, un bilan sera établi dans 1 an.

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« Tout ce qu’on peut mettre en œuvre pour aider, accompagner les familles et les jeunes, moi je dis ok. On y va, on essaie, et on évaluera très clairement parce que nous n’avons rien à vendre, pas de pression, pas d’attente particulière. Ce que l’on veut c’est essayer de gagner sur l’accompagnement, sur le climat scolaire, sur le lien, le liant. Nous sommes différents, nous avons des entrées différentes et ce sont ces regards croisés qui permettent d’accompagner le jeune au mieux. »

Lors de la première permanence, une dizaine de jeunes ont déjà passé une tête dans la porte du bureau du « schmitt », comme ils disent. Simple curiosité mais des questions ont déjà été posées, signe que la présence du policier ne laisse pas les collégiens de marbre et que ce lien entre l’intérieur du collège et l’extérieur, peut être tout à fait pertinent.