Nantes : Le monde de la nuit craint les agressions

6 août 2020 à 16h05 par Emilie PLANTARD

Les chiffres en attestent, les actes de violence dans le centre-ville de Nantes sont en constante augmentation depuis plusieurs années, la journée, mais plus particulièrement la nuit. Une association dénonce cette insécurité et demandent des actions concrètes et rapides.

HIT WEST
Crédit : @Hit West

Un collectif s’était monté assez spontanément en décembre dernier, pour dénoncer la hausse de la violence en centre-ville de Nantes. Il était composé d’acteurs de la nuit, bars, restaurants, discothèques mais également de commerçants et de riverains. Aujourd’hui ce collectif est devenu association, S2N (Sécurité Nocturne Nantes) et leur objectif est de dénoncer cette situation devenue intenable, plus encore depuis le confinement. Depuis 2 mois, l’association dénombre une trentaine de professionnels agressés. Cyril est co-président de S2N :

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"Effectivement nous on parle beaucoup du monde de la nuit, nous on est habitués à ce genre de choses, malgré tout on atteint aujourd’hui des seuils qui sont intolérables et on est face aujourd’hui à des agresseurs qui n’ont peur de personne et de rien, et qui sont tous porteurs d’armes blanches à minima, mais on constate aussi des armes à feu. Aujourd’hui ils n’ont plus peur de planter quelqu’un, il y a 3 semaines une personne de 43 ans est décédée d’une attaque au couteau. Ce sont des faites qui sont récurrents et qui sont inacceptables."

Un certain laxisme...?

Ce 3è rassemblement est un nouveau coup de poing sur la table. L’objectif est de porter la voix de tous auprès de la mairie, où le groupe a déployé une banderole, de la préfecture, mais également du procureur. La réponse judiciaire apportée à ces faits de violence provoque de l’amertume…

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"Il y a un volet judiciaire qui bloque. La justice est engorgée, on le voit avec des agressions récentes, un collègue qui s’est fait agresser à coups de chaîne en métal, la personne va être jugée en juin 2021. On a un agent de sécurité qui s’est fait menacer à l’arme à feu réelles et chargée, devant son établissement, dans le cadre de son travail. La personne a été interpellée avec l’arme, les munitions, il n’a pas été jugé, ça a été remis à plus tard… C’est une personne qui aurait pu tuer quelqu’un. Aujourd’hui, il y a de l’incompréhension. Il n’ya pas de colère mais de l’amertume."

A Nantes et ailleurs...

Nantes, longtemps classée parmi les villes où il fait bon vivre, n’est plus si agréable… Et elle n’est pas la seule. A Rennes, un étudiant vient d’interpeller la maire de la ville pour demander plus de sécurité. Ce fléau nuit à la sérénité des agglomérations de l’ouest.

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"Il n’y a pas qu’à Nantes, on peut dire que dans les plus grandes villes on le constate aussi, on a des informations d’autres villes, on est en contact avec d’autres villes. Je ne dirais pas que c’est une généralité sur le territoire mais presque, à Rennes on entend de plus en plus de choses, à Montpellier, à Bordeaux… Ça se généralise alors nous on plaide la cause nantaise parce qu’on essaie de faire valoir le bien vivre à Nantes et la ville pour laquelle elle a été très connue, une ville très culturelle où il fait bon vivre et bon sortir, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui."

Tou(te)s concerné(e)s

Mois d’août oblige, ils n’étaient qu’une trentaine de personnes à se rassembler ce jeudi. Mais tous, professionnels de la nuit, commerçants, riverains, tiennent à signaler la gravité de la situation et la peur qui règne en ville actuellement.

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"Moi j’ai la chance d’avoir des agents de sécurité dans mon bar donc pendant le service, ça va. Mais en sortant oui, j’ai peur alors que j’ai jamais eu peur de rentrer chez moi avant d’habiter ici, et je me suis fait agresser 3 fois depuis que j’habite ici, ça fait 1 an… Moi je suis juste client des bars et je n’avais pas peu avant et maintenant c’est différent… Pour le coup, natif de Nantes, il y a 6 ou 7 ans, ce n’était pas du tout pareil. Je me baladais à Nantes sans crainte, peu importe l’heure. Il n’y a pas assez de moyens mis en place. Moi qui travaille en journée à Nantes, je vois le nombre de forces de l’ordre en journée puis la nuit, c’est impressionnant la différence. Ce n’est pas normal."

L’association tient à rappeler qu’elle est apolitique, elle n’est d’ailleurs pas intervenue pendant les débats des municipales, mais elle veut porter son message au plus haut pour obtenir des réponses fermes et concrètes. Pour en savoir plus, rdv sur la page Facebook de S2N.