Municipales : les initiatives locales qui ont marché !

13 février 2020 à 7h45 par Dolorès CHARLES

Dans le cadre des émissions spéciales municipales, diffusées le mercredi sur Hit West, nous revenons sur les initiatives locales qui ont marché. Quelques exemples dans l'Ouest : budget participatif, distributeur de billets, maraîcher bio, etc.

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Crédit : Yann Launay pour Hit West

C'est un système que l'on retrouve dans de nombreux programmes, et qui fonctionne déjà dans certaines communes, la vôtre l'a peut-être d'ailleurs mis en place : le budget participatif est de plus en plus courant. Le principe est simple : des habitants proposent des projets, et les idées retenues sont financées par la commune.

Le budget participatif

Ce que certains voyaient comme un gadget semble bien s'imposer comme un outil de démocratie participative, Yann Launay.

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"Les budgets participatifs ont le vent en poupe : de nombreuses villes de l'Ouest s'y sont mises, ces dernières années.
Rennes a été l'une des premières, en lançant l'opération en 2015. Quatre ans après, ce sont 85% des projets de cette première saison qui sont aujourd'hui une réalité, soit 46 sur 54.
Six projets sont encore à l'étude ou en travaux, et 2 ont été jugés non réalisables et abandonnés.
Au global, après 4 saison de budget participatif, c'est plus de la moitié des projets choisis par les rennais qui ont été réalisés.

Comme par exemple des pistes cyclables, une tente pour le glanage à la fin des marchés, des boîtes à livre,ou encore des ordinateurs pour une association du quartier populaire du Blosne : 10 000 euros ont permi l'achat de PC et d'imprimantes. Un projet porté par les jeunes du quartier eux-mêmes, comme l'explique Armelle, coordinatrice du Crabe rouge (... )

(...) Le budget participatif n'est pas réservé aux villes les plus grandes : à Angers, par exemple, un million d'euros y est consacré. Et pour la deuxième édition, l'an passé, ce sont près de 10 000 habitants qui ont participé au vote, pour départager 48 propositions. Au final, 12 projets ont été retenus, comme le remplacement des bandes de gazon par des prairies fleuries ou la mise en place d'un système de stationnement sécurisé pour vélos et trottinettes.

Et une ville de 22 000 habitants comme Lanester, près de Lorient, en est à son 4ème budget participatif : 3 nouveaux projets viennent d'ailleurs d'être retenus par les habitants, et dans les mois qui viennent devraient donc voir le jour à Lanester : des passages piétons lumineux, une aire de jeux accessible aux enfants handicapés ou encore des arbres dont les fruits seront à la disposition des habitants."

Des boutiques à l'essai au point cash

C'est l'un des grands défis que les petites communes veulent relever : maintenir les services et les commerces de proximité. Sauver le bar, l'épicerie, retenir le médecin, la pharmacie, apparaissent souvent comme la condition sine qua non pour conserver les habitants, et si possible pour en attirer et assurer l'avenir de la commune, de son école, de la vie locale.

Les communes ont redoublé d'imagination pour tenter d'y parvenir, Yann Launay.

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"Et elles sont nombreuses, les communes qui n'ont pas attendu la loi pour augmenter la part du bio ces dernières années dans les menus de leurs cantines scolaires : à Brest, par xemple, les enfants des écoles publiques trouvent déjà 60% de bio dans leur assiette, et l'objectif est même d'atteindre 80% dans deux ans. A la Gaubretière, en Vendée, le restaurant scolaire esrt passé en seuilement quatre ans, d'une proportion de bio proche de zéro à 20% aujourd'hui.

Une question se pose : ces communes ont-elles vu le prix des repas exploser ?... Le coût en fait à très peu augmenté, quand il n'est pas resté stable... Il faut dire que dans la plupart des cas, l'augmentation de la part du bio s'accompagne de toute une réorganisation, avec plus de plats élaborés sur place, une lutte contre le gaspillage, un peu moins de viande, plus de légumes, et bien sûr des achats locaux : la ville de Lorient, pionnère dans ce domaine, réalise aujourd'hui 22% de ses achats dans un rayon de quelques kilomètres, 50% dans le département du Morbihan, et 92% en Bretagne. Un véritable soutien à l'économie locale...

... Et certaines municipalités vont même encore plus loin : c'est le cas de Vannes, qui a créé il y un an une régie de maraîchage biologique : la ville a embauché Franck, un maraîcher auparavant à son compte, et désormais salarié. Il s'est vu confié un hectare de terres communales pour produire tout un éventail de fruits et légumes à destination des crèches de la commune (...) Et c'est dans ce but qu'une serre doit être construite en avril prochain, histoire d'lallonger encore la durée des récoltes."

Plus de bio dans les cantines

C'est une demande des familles, et c'est une proposition qui revient souvent dans les programmes : le remplacement d'une alimentation industrielle par des produits sains et durables dans les cantines scolaires... La loi Egalim fixe désormais un objectif de 20% de bio en 2022, mais dans l'Ouest le mouvement était en marche depuis des années, Yann Launay.

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"Le système des "boutiques à l'essai, par exemple, a séduit un nombre croissant de communes : l'idée est de proposer à des commerçants de tester leur concept en limitant les risques financiers : le loyer est nettement inférieur au marché, et le commerçant bénéficie de conseils pour mieux réussir. toutes les tentatives n'ont pas été couronnées de succès, mais dans plus de 8 cas sur 10, la boutique à l'essai est devenue une boutique... tout court...
Dans l'Ouest, en ce moment, deux locaux sont proposés dans ce cadre à Laval, et un autre à Redon.

Dans certains cas, ce sont les élus et les habitants qui s'organisent eux-mêmes, directement, pour maintenir un commerce : à Villepot, près de Châteaubriant, en Loire-Atlantique, la mairie a mis gratuitement un local à disposition, mais ce sont bien les habitants de la commune, bénévoles, qui se relaient pour faire fonctionner ce qui est devenu une véritable petite épicerie, avec dépôt de pain, journazux et produits locaux.
... A Locmaria-PLouzané, dans le Finistère, on trouve encore des commerces, mais on ne trouvait plus de distributeur de billets, après le départ de la dernière agence bancaire... La mairie a trouvé la parade, en installant un "Point cash", le premier du genre en France : un distributeur de billets qui ressemble à n'importe quel distributeur, comme l'explique Viviane Gaudebert, maire de Locmaria-Plouzané (...)

Mais dans certains cas les municipalités peuvent faire un effort financier beaucoup plus conséquent : c'est le cas par exemple pour conserver des médecins : plusieurs communes de l'Ouest ont décidé d'attirer des généralistes en les salariant. La commune du Sourn, dans le Morbihan, a fait figure de pionnère : elle a décidé en 2015 de recruter deux médecins, et de les salarier. Ils sont aujourd'hui trois, dans un centre médical municipal : de quoi assurer une permanence des gardes et de quoi garantir de l'activité à la pharmacie du bourg...

Un exemple imité en 2017 à l'Huisserie, en Mayenne, et tout récemment à Sainte Hermine, en Vendée, où une maison de santé intercommunale vient d'être inaugurée : des médecins salariés vont venir épauler les derniers médecins libéraux du secteur."

La production d'énergie au liveau local

Bien sûr les communes sont intégrées à des communautés de communes, elles doivent agir en concertation avec le département, la région, en conformité avec les lois nationales, européennes... Malgré tout, les communes peuvent encore agir, y compris sur des enjeux d'envergure. C'est le cas par exemple dans le domaine de la production d'énergie : les communes ont aussi un rôle à jouer dans le développement des énergies renouvelables, et de fait elles sont de plus en plus nombreuses à prendre la transition énergétique à bras le corps, Yann :

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"Dans l'Ouest comme dans toute la France, les réseaux de chaleur urbains retrouvent un nouveau souffle et se convertissent aux énergies renouvelables : Angers, par exemple, a profité de la rénovation du quartier Belle-Beille pour y construire une grande chaufferie au bois : elle alimente les bâtiments du campus universitaire, la piscine, des logements, le bâtiment des pompiers... elle a remplacé à elle seule une cinquantaine de chaudières et le bois qu'elle utilise provient d'un rayon de 100km autour du site.
Les panneaux photovoltaïques eux-aussi se multiplient dans le paysage, avec désormais de vastes surfaces équipées et de véritables fermes solaires en pleine ville : Lorient a équipé le toit d'un des blocs de la base de sous-marins : 18 000 m² de panneaux, la surface de 2 terrains de football, de quoi couvrir les besoins en électricité d'un millier d'habitants... Et à Nantes, c'est le toit du nouveau Marché d'Intérêt National qui a été couvert l'an passé de 31 000 m² de panneaux, dont une partie alimente directement les chambres froides qui se trouvent juste en-dessous...
Et les intiatives ne se cantonnent pas aux grandes agglomérations : à Locminé, dans le Morbihan, la commune a mis en place une filière complète de biométhane : Un site de production alimente notamment une station service située à quelques centaines de mètres. Une station ouverte au grand public depuis fin 2017. Le gaz est donc produit localement, avec des matières premières elles aussi locales : Joël Tanguy est le directeur technique du pôle d'énergies renouvelables de Locminé :
(...)
Un autre vecteur d'énergie séduit les collectivités : l'hydrogène, qui apparaît comme une solution idéale pour relever le défi de la transition ... à condition que cet hydrogène soit fabriqué avec de l'électricité elle-même propre...C'est tout l'objectif des expérimentations menées à Vannes, où une première station à hydrogène ouverte au public devrait voir le jour cet été...
Et un autre projet existe à La Roche sur Yon : l' hydrogène serait produit avec l'électricité du parc éolien de Bouin, pour alimenter les bus, ou les bennes à ordure, et cette la station serait elle aussi ouverte au grand public."

La végétalisation

C'est une des grandes tendances de cette campagne : les propositions se multiplient pour verdir la ville. Fini le tout béton, le tout minéral : le végétal est de retour en milieu urbain, et les candidats sont nombreux à vouloir amplifier le phénomène. Dans l'Ouest, la végétalisation n'est pas un thème si récent : il existe dans les villes bretonnes et ligériennes une véritable culture des espaces verts et des arbres en ville, et ce n'est pas un hasard si dans le palmarès 2020 de l'Observatoire des villes vertes on retrouve - à nouveau- les villes d'Angers et de Nantes aux deux premières places... Rennes est 7ème, Brest, 10 ème... La végétalisation des villes de l'Ouest est bel et bien à l'oeuvre, Yann, et sous des formes nouvelles :

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"Dans l'Ouest existe une véritable culture des espaces verts et des arbres en ville, et ce n'est pas un hasard si dans le palmarès 2020 de l'Observatoire des villes vertes, on retrouve - à nouveau-  les villes d'Angers et de Nantes  aux deux premières places... Rennes est 7ème, Brest, 10 ème...

Mais désormais le végétal n'est plus seulement dans les parcs et jardins publics, il s'invite là ou traditionnellement pas un brin d'herbe n'était toléré : à Angers, par exemple, dés 2013 la municipalité à proposé aux habitants qui le souhaitaient de créer de micro-jardins en fond de trottoir,  ou sur un mur. L'aménagement est assuré par la mairie, et l'entretien par les habitants qui s'engagent à suivre un cahier des charges.

Les cimetières, eux aussi, verdissent : à St Nazaire, les produits phytosanitaires n'ont plus droit de cité depuis 2016 dans les allées, entre les tombes, où le gazon et des plantes comme les sedum ont été installés...

Dans les cimetières de La Roche sur Yon, comme à Loudéac, les gravillons reculent, remplacés par du gazon fleuri, des arbustes et même des plantes sauvages...

Plus ambitieux : l'idée de réintroduire l'agriculture au coeur de la ville elle aussi fait son chemin, et se concrétise :  une ferme urbaine a ouvert ses portes il y a 6 mois, sur l'île de Nantes, dans des espaces libérés par le départ du Marché d'intérêt national. Dans l'ancienne serre aux fleurs du marché sont désormais cultivées plantes aromatiques, légumes et plants potagers...

A Rennes, au pied des immeubles du quartier du Blosne, des parcelles ont été confiées à une maraîchère professionnelle, qui tiendra compte les attentes des riverains pour sélectionner les légumes à produire...

Alors qu'à Saint Nazaire, c'est sur le toit de béton de la base sous-marine - mais oui !- que devrait bientôt voir le jour un verger, et des cultures maraîchères : les habitants pourront consommer les fruits et légumes, et mettre la main à la pâte. Ce sera aussi un laboratoire des techniques de végétalisation en milieu urbain, comme le souligne Cédric Derouin, le coordinateur du projet (... ) Premières récoltes attendues en 2021."