Macron : les Gilets Jaunes plutôt mécontents

26 avril 2019 à 3h17 par Dolorès CHARLES

Retour sur le premier grand oral d'Emmanuel Macron ! Le Président de la République a donné sa première grande conférence de presse, hier depuis l'Élysée, et confirmé certaines mesures.

HIT WEST
Emmanuel Macron au Louvre
Crédit : @Elysee

Le Chef de l'Etat a donné une conférence de presse hier soir, retransmise sur de nombreuses chaînes de télévision. La 1ère de son Quinquennat, et a priori pas la dernière... Un rendez-vous post-grand débat pour répondre en partie au mouvement des Gilets Jaunes, qui défileront pour la 24ème fois demain, notamment à Nantes. Parmi les mesures confirmées ou annoncées : les retraites sous 2.000 euros réindexées au 1er janvier 2020, pas plus de 24 élèves par classe en grande section, CP ou CE1, réduction de l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, et un référendum d'initiative partagé plus accessible. Une pétition soutenue par un million de français pourra déboucher sur un référendum.

Enfin les Français seront associés aux décisions. 150 citoyens seront tirés au sort en juin, pour faire partie d'un Conseil de la Participation Citoyenne. Pour les Gilets Jaunes, Emmanuel Macron est loin d'avoir convaincu.

Des Gilets Jaunes peu convaincus

A Caudan, par exemple, près de Lorient, un groupe de Gilets jaunes a écouté la conférence de presse dans le campement de fortune érigé au bord de la voie rapide depuis 5 mois, et le discours présidentiel ne les a pas réconciliés avec le chef de l'Etat. Ce serait même le contraire pour Gérard interrogé par Yann Launay.

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"Je suis encore plus en colère : on demande aux gens de travailler davantage pour baisser leurs impôts... La plupart des gens ici ne payent pas d'impôts... Qu'est-ce qu'ils obtiennent ? Rien... Son Grand débat n'a servi à rien, il n'a rien compris : les gens demandent des hausses de pouvoir d'achat, et là on ne les a pas."

"Il n'écoute pas le peuple..."

Marie-Pierre, 57 ans, est mobilisée depuis le premier jour du mouvement, et l'intervention d'Emmanuel Macron ne l'incite pas à ranger son gilet.

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"Il ne nous écoute pas, il n'écoute pas le peuple. On attendait de meilleures réponses. On nous dit que l'on ne sait pas ce qu'on veut : je sais ce que je veux, je veux pouvoir vivre correctement... qu'il augmente le Smic ! On est de retour à la case départ... et demain je serai encore là."

Des Gilets jaunes prévoient d'ailleurs de manifester mercredi prochain, 1er mai, en marge des défilés syndicaux.

Michel Le Méro est commerçant : il gère une cave à Locminé, dans le Morbihan, et emploie 5 personnes. Il avait participé à l'organisation des toutes premières manifestations des Gilets jaunes, en novembre dernier. Cinq mois et un Grand débat national plus tard, Michel Le Méro attendait beaucoup plus de la conférence de presse d'Emmanuel Macron :

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"Il s'est beaucoup écouté parler, il y a beaucoup de réchauffé... Il a envie de réussir la fin de son mandat, et il y croit dur comme fer... Maintenant, je ne pense pas que le peu d'annonces concrètes de ce soir suffiront à faire redémarrer l'activité et le moral des gens..."

La prime défiscalisée reconduite

Pour Michel Le Méro, les petites et moyennes entreprises sont les grandes oubliées du discours et des mesures du Président de la République. Pour lui, le meilleur exemple est la reconduction de la prime défiscalisée, qui permet aux entreprises de verser jusqu'à 1000 euros à leurs employés :

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"Personnellement, je n'ai pas pu la verser, puisque le résultat de l'entreprise ne le permet pas. Beaucoup de grosses entreprises ont pu le faire, beaucoup de petites n'ont pas pu et ne pourront pas plus le faire l'année prochaine... La baisse de charges n'est pas effective pour nous, loin de là, nos salariés voient une petite baisse de charges, mais loin de compenser l'augmentation de ce qu'ils doivent payer tous les jours."

Les réactions d'élus bretons (avant conférence)

Yann Launay avait demandé pour Hit West au maire de Saint Gonnery, près de Pontivy, de nous livrer sa première réaction devant ces mesures "annoncées" par le Président Macron, celles qui avaient fuité dans la presse avant la Conférence de ce jeudi soir à l'Elysée. Claude Viet, maire de cette petite commune bretonne d'un millier d'habitants, avait été l'un des premiers en France à ouvrir des cahiers de doléances.

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"Toutes les annonces mises bout-à-bout, cela ne fait pas un plan : on met un petit pansement, on veut calmer le ras-le-bol fiscal, on veut calmer les retraités... mais il n'y a pas de cohérence, on a besoin d'une ligne, c'est le rôle du Président."

Le RIC - Référendum d'initiative citoyenne figure dans ces mesures : c'est une des demandes des Gilets jaunes, depuis le début du mouvement en novembre dernier. Mais il s'agirait de faciliter les référendum sur des projets locaux, et non sur des questions nationales. Claude Viet.

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"C'est pour dire : dans les mesures, il y a un RIC mais il est local... on refile le bébé. Moi je ne souhaite pas tenir un bureau de vote tous les 8 jours... Si tout peut être remis en cause à tout moment, je ne vois pas ce que l'on fait là, je pense que beaucoup de maires, beaucoup d'équipes arrêteront."

Et maintenant place au Séminaire pour l'exécutif

Après ce rendez-vous inédit face à la presse, le Premier ministre Edouard Philippe réunira tous les membres de son gouvernement pour un séminaire à Paris. Selon le dernier baromètre politique Odoxa du mois d’avril, et réalisé après l’incendie de Notre-Dame, le président de la République enregistre un regain de popularité. Emmanuel Macron est à 32 % d'opinions favorables, il regagne les 2 points perdus en mars.