Lorient : l'enseignante qui avait fait cours... n'a pas été sanctionnée

26 janvier 2021 à 7h09 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Elle avait organisé un cours en présentiel pour ses étudiants alors qu'elle n'y était pas autorisée : Florence Gourlay, géographe à l'Université de Bretagne Sud, était convoquée hier (lundi) à la présidence de l'université, à Lorient.

Alors que l'enseignante était convoquée par la direction de l'Université, une cinquantaine d’étudiants, enseignants et représentants syndicaux s’étaient rassemblés pour la soutenir devant les locaux de l'UBS. L’entretien entre Florence Gourlay et la Présidente de l’UBS s’est déroulé dans un esprit de conciliation et d’apaisement : son acte individuel et médiatisé lui est reproché, mais elle ne sera pas sanctionnée. Et à la sortie, l’enseignante n’a aucun regret :

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"Au final, je crois que cela a fait quand même bougé des choses, en tous cas cela a donné un peu d'espoir aux étudiants. J'ai eu des témoignages dans ce sens, donc je ne regrette pas du tout... On les tient à bout de bras, ils sont en train de craquer... Il faut activer le mouvement, et tant que les étudiants en classe prépa sont dans des classes à 35, je ne vois pas pourquoi on empêcherait tous ces étudiants, ici à l'UBS, d'avoir des cours...."

Parmi les soutiens, Léna et Louen :

Léna, en 3ème année de Sciences - Ecologie et Société, était présente au rassemblement de soutien. Elle participait aussi à ce fameux "cours sauvage", la semaine dernière, et elle défend son enseignante. Pour Léna, ce cours organisé par Florence Gourlay n'avait rien d'une provocation, mais tout d'un acte de solidarité :

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"Elle a répondu à un appel à l'aide... Cela faisait 3 mois qu'on était en distanciel total, certains n'en pouvaient plus... Le Président de la République avait parlé d'une reprise en présentiel un peu plus généralisé, mais les annonces faites étaient très décevantes, il fallait se faire entendre, ce n'était plus possible..."

Pour Louen lui aussi en 3ème année Sciences - Ecologie et Société, ce cours "sauvage" s'est tenu dans le strict respect des gestes barrières :

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"On était dans une salle pour 90 personnes et on était 30 élèves, on pouvait avoir plus d'une table d'écart entre les élèves, on avait tous le masque, il y avait du gel à l'entrée : il y avait beaucoup moins de risques que dans certains lycées, notramment avec des classes prépa..."

Un cours rebelle, alors que le retour en présentiel est acté...

Ce cours rebelle s'est tenu alors que des assouplissements étaient annoncés, alors qu'un retour progressif des étudiants en présentiel était prévu. N'était-il pas possible de patienter encore quelques jours ou quelques semaines ? La réponse de Florence Gourlay au micro de Yann Launay.

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"Pour nos masters non, ce n'est plus possible : ils partent en stage le moins prochain... Nous, les cours en distanciel on n'en peut plus... Demander à des professionnels qui interviennent dans cette formation de faire cours à distance, ce n'est pas possible, parce qu'un cours, c'est de l'interaction, du dialogue, du réseau professionnel qui se crée... Il y avait vraiment urgence..."

Il y a urgence pédagogique

Mais cette demande pressante d'un retour des étudiants dans les salles et les amphi peut sembler surprenante, à l'heure où l'on parle de troisième confinement, pour freiner le virus et ses variants... Pour Louen, il n'y a pourtant aucun décalage, aucun paradoxe :

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"Il y une urgence sanitaire, et on en est conscients, et on fait très attention, mais à côté de cela il y a une urgence psychologique et pédagogique... Il faut y répondre en même temps, c'est tout à fait possible : lors du deuxième confinement, les lycées sont restés ouverts, pourquoi les universités n'ont pas pu rester ouvertes aussi ?..."

A l’UBS come ailleurs, le retour progressif des étudiants en présentiel devrait s’accélérer : l’ensemble des diplômes, et pas seulement les 1ères année, devraient retrouver des cours en présentiel dés cette semaine. C’est en tous cas ce qu’autorise une circulaire du ministère de l’Enseignement supérieur, qui vient d'être adressée aux établissements. Un retour à condition de ne pas dépasser 20% de la jauge maximale dans tous les lieux.