Les petits commerces font de la résistance

4 novembre 2020 à 8h36 par Alexandra BRUNOIS

Les petits commerces font de la résistance : ils sont nombreux à ressentir un sentiment d'injustice, sentiment que la fermeture des rayons "non essentiels" dans les grandes surfaces ne suffit pas à dissiper. Les commerçants indépendants dénoncent la concurrence déloyale des plateformes de vente sur internet, et ils tentent de s'organiser pour limiter les dégâts économiques. Reportage de Yann Launay à Vannes

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Certaines boutiques tiennent à garder des horaires d'ouverture proches de la normale. Les clients n'entrent pas à l'intérieur du magasin mais sont servis à la porte... Et pas uniquement pour le click and collect...

C'est le cas à Vannes à la librairie "Au Jardin des Bulles", spécialisée dans la bande dessinée, et gérée par Michel Renard :

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"On a cette chance d'avoir un réseau de clients fidèles, qui continuent à nous soutenir, qui bravent parfois les interdits pour pouvoir passer chercher quelques livres et pouvoir se cultiver... Les gens viennent devant la boutique, on a mis en place un petit comptoir, et ils viennent retirer leurs commandes. Si jamais le temps ne permet pas de rester à l'extérieur, on mettra un comptoir dans le hall..."

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A compter de ce mercredi, les grandes surfaces ne pourront plus vendre de produit "non essentiels". Certains centres commerciaux avaient déjà condamné les rayons livres et disques. Mais pour Michel Renard, cette réponse du gouvernement ne règle pas le problème

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"On attendait de notre ministre de la culture,et de Bruno Le Maire, le droit d'ouvrir : on est quand même un produit de première nécessité, au même titre que la moquette de St Maclou ou la machine à laver de chez Darty, puisque eux continuent à ouvrir.. Après,c'est les heures glorieuses d'Amazon, qui ne paie pas de charges, qui fait bosser ses employés comme des esclaves..."

Pour s'informer, pour commander au Jardin des Bulles, un numéro de téléphone : le 02 97 68 38 87, du mardi au samedi de 9h à 16h30, ou sur le site www.aujardindesbulles.com. Les livraisons sont possibles sur le pays de Vannes.

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Près de la cathédrale, la boutique de jeux et jouets "Bilboquet" est dans le même état d'esprit : la porte reste ouverte, et une permanence est assurée de 10h à 19h du mardi au samedi, comme l'explique Delphine Vilmen, fondatrice de Bilboquet

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"C'est ouvert parce qu'on est tous là et qu'on a envie de montrer qu'on existe... Mais on n'est pas ouverts parce qu'on n'a pas le droit... Les gens qui passent devant et qui éventuellement ont une petite chose à prendre en vitesse, on peut leur donner, à la porte, ou sinon en retrait magasin quand les gens commandent sur internet..."

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Le site internet du magasin, comme le click and collect, seront loin de compenser le manque à gagner en cette période cruciale des achats de Noël... Mais pas question pour Bilboquet de se laisser enterrer par les géants de la vente sur internet... Bilboquet compte tout faire pour tenter de limiter les pertes, en utilisant la visioconférence et les réseaux sociaux

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"On invite les gens à nous appeler par Skype.. Ce serait un peu du sur-mesure : les gens nous appellent , on est dans le magasin, on leur montre des jouets en fonction de leur demande, en temps réel. On va essayer ça... Je ne dis pas que cela va être rentable, mais c'est au moins pour garder le contact... Et la deuxième que l'on va essayer, c'est faire du Facebook direct, sur des thématiques, comme par exemple montrer tout ce qui est jeux de construction, on des thématiques par âge..."

Toutes les infos sur la page facebook de Bilboquet, et sur le site internet www.bilboquet.com. La livraison est gratuite sur Vannes, et gratuite pour toute la France à partir de 65 euros d'achats.

Les produits non-essentiels en click & collect ou sur internet

Finie la tolérance aussi pour les grandes surfaces… A partir d’aujourd’hui, il leur est interdit de vendre certains produits qui ne peuvent pas être vendus dans les petites commerces : textile, bijoux, CD/DVD, livres, gros électroménagers, déco ou encore fleurs. Les rayons hygiène, droguerie, journaux/papeterie, produits de puériculture, petit électroménager et bien sûr rayons alimentaires.

Les arrêtés municipaux pris dans certaines villes pour autoriser l’ouverture des petits commerces malgré le confinement commencent quant à eux à être rejetés par la Justice. Le tribunal administratif de Strasbourg a par exemple suspendu l’arrête du maire de Colmar hier. En Bretagne, les communes de Lanmeur, Guéméné-sur-Scorff, Priziac ou encore Baulon ont également pris ce genre d’arrêtés.
A l’Assemblée nationale, le Premier Ministre a déploré que certains élus aient appelé les maires à « violer les règles de la République ».

Un fonds de 100 millions d’euros lui va être mobilisé pour digitaliser les commerces… Une annoncé du secrétaire d’Etat au numérique hier. Il s’agit de ne pas laisser les commerçants seuls face au géant américain Amazon.