Les mutilations de chevaux se multiplient dans l'Ouest

1er septembre 2020 à 10h08 par Alexandra BRUNOIS

Vendée, Mayenne, Sarthe et Maine-et-Loire... L'Ouest est touché comme partout en France par les mutilations de chevaux. Dans les Côtes d'Armor, un climat de psychose a gagné les éleveurs, pour l'heure seule la Loire-Atlantique est épargnée. Reportage de Jules Housseau.

HIT WEST
Crédit : Pixabay

A ce jour, seul le département de la Loire-Atlantique n'a pas été touché par le fléau des chevaux mutilés. La présidente du CDE, le Comité Départemental d'Equitation 44 ne se l'explique pas, car le contexte est similaire dans les départements voisins : mix entre milieux urbain et rural, de nombreux prés isolés, et des chevaux un peu partout sur le territoire. Ici comme ailleurs, des conseils de prévention ont été donnés. La présidente du CDE 44 Jocelyne Furet :

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« D'abord pour la communication, les clubs sont dans les annuaires tout le monde les connaît, mais quand on est propriétaire particulier avec des chevaux chez soi, ne surtout pas communiquer, surtout par les réseaux sociaux, nos adresses, notre nom, parce qu'après avec notre nom ils arrivent à trouver. C'est leur donner de nouveaux endroits à visiter donc il ne faut surtout pas le faire, il faut être prudent. Et on conseille d'aller voir la gendarmerie de nos secteurs, il n'y en a pas partout. Normalement, il y a des numéros de téléphone qui avaient été mis sur FB de toutes les gendarmeries du coin. Et si on voit quoique ce soit téléphonez ! Il ne faut surtout pas s'amuser à les courser, ou à commencer à vouloir se battre avec ça c'est sûr, on ne fait pas le poids quand on voit qu'ils arrivent à égorger un cheval ou à lui couper les oreilles... Il faut vraiment faire attention. On peut les faire fuir si on peut, en faisant du bruit, ou bien essayer de les photographier, la voiture... On a déjà un portrait-robot qui circule sur la France mais pour l'instant personne n'a reconnu ce monsieur. »

Un portrait robot établi à partir du témoignage d'un éleveur de l'Yonne qui, pour l'instant, n'a rien donné.  

Les cas recensés dans l'Ouest le démontrent : il est quasiment impossible d'éviter une agression. A Pirouette Equitation, près de 300 adhérents disposent d'une cinquantaine de chevaux... Et des structures comme celles-ci, il en existe 185 en Loire-Atlantique. Fabienne Normand, responsable de Pirouette Equitation à Couëron (44), se sent totalement démunie.

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« Si on les enferme à clé et qu'il y a le moindre problème dans la nuit et qu'il faut ouvrir en même temps tous les boxes, s'il y a un incendie par exemple, on n'aura pas le temps d'ouvrir les 35 boxes. De toutes façons les verrous ne serviraient à rien puisqu'ils escaladeraient la porte et trouveraient une solution pour y rentrer et faire ce qu'ils ont à faire donc on ne voit pas troop les solutions à apporter à ce jour. Il faudrait que j'ai quelqu'un qui, dorme ici sur la structure, avec un chioen de garde pour alerter. Quelqu'un qui dorme dans les quatre prés au fond du cross, les trois autres près là-bas... On a une jument avec son poulain isolés. Isolés mais au milieu de plein de maisons, mais s'il y a n'importe quoi dans la nuit, je ne pense pas que les voisins soient réveillés donc ça veut dire aussi une personne qui vient là... Ce poulain il ne peut pas être rentré pour l'instant on n'a pas les structures suffisantes non plus. »

LA LOIRE-ATLANTIQUE FAIT FIGURE D'EXCEPTION

La Loire-Atlantique fait figure d'exception en n'ayant aucun cas d'agression sur des chevaux. Mais le climat n'en reste pas moins pesant dans les clubs hippiques comme celui de la Pirouette, Fabienne Normand est sur ses gardes.

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« Bien évidemment que dans un coin de notre tête, il y a ce problème-là, ce fléau qui pointe vraiment de plus en plus. On n'essaie mais de se préoccuper de ce qu'il y a au jour le jour pour l'instant. La semaine dernière on a quatre chevaux qui se sont échappés. Là ce sont les voisins qui nous ont alertés. Ils nous ont dit qu'à 9h (21h) ils ont entendu du bruit et ça n'a pas loupé, à minuit et demi tous les chevaux étaient en liberté. On les a récupérés tant bien que mal. Evidemment, quand on rentre, et qu'on va se coucher, dans un coin de notre tête on y pense forcément. Et quand 48h après, notre voisin a des chevaux qui s'échappent aussi et qu'il a vu des gens s'échapper, on se ditr qu'il n'y a pas de corrélation avec ces agissements-là mais en même temps, on y pense forcément. Ca devient très présent, ça j'avoue... »

Un sentiment partagé par l'ensemble des clubs et associations de Loire-Atlantique.

CLIMAT DE PSYCHOSE DANS LES CÔTES D'ARMOR

Un cheval tué à Plouzélambre, d'autres attaqués à Buhilien et Louargat, notamment, tout cela en quelques heures les 18 et 19 août derniers. Il n'en fallait pas plus pour installer un vrai climat de psychose dans cette partie des Côtes-d'Armor, entre Guingamp et Lannion, où des propriétaires ou amoureux de chevaux organisent des rondes, la nuit, pour traquer les éventuels auteurs. A Pédernec, où un homme a même mis en fuite deux probables agresseurs avant qu'ils ne passent à l'acte, Jérôme élève une dizaine d'équidés et forcément, il ne dort plus tranquille...

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« Bien sûr c'est un soucis, on craint qu'il y ait une intervention donc au moindre bruit suspect on va voir. Et maintenant, comme ça peut se produire dans n'importe quelle partie du territoire, personne n'est à l'abris. Le fait que ça se rapproche nous met encore plus en éveil. Ce n'est pas des animaux qui sont sur la défensive, ils essaient de se sauver, il n'y a pas de réaction de défense contre un homme qui va intervenir dans le troupeaux donc vigilance maximum. J'évite de les mettre en bordure de route et après j'ai un chien à la maison qui se manifeste dès qu'il entend un bruit suspect donc dès qu'il y a un aboiement de chien, je vais voir ce qu'il ne passe. Jusqu'à présent, pas d'agresseur, pas de tueur de chevaux. Pourvu que ça dure... »

Au total plus d'une trentaine de chevaux ont été tués en France, sans compter ceux qui ont été mutilés... Un phénomène également constaté à l'étranger.