Les laboratoires surchargés par les demandes de tests

13 septembre 2020 à 12h58 par Dolorès CHARLES

Depuis quelques temps, la France réalise plus d'un million de tests par semaine, soit le "troisième pays à tester autant" ! Revers de la médaille, les laboratoires sont submergés par les demandes. Écoutez le témoignage d'une rennaise, jointe par Émilie Plantard. Son message est clair : Ne vous faites pas tester pour rien !

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Crédit : Yann Launay pour Hit West

[Rappel de la situation] Dans l'Ouest, l'Ille-et-Vilaine et la Sarthe ont été rejoints ce week-end par le Maine-et-Loire et la Loire-Atlantique dans le classement des zones de circulation active du virus, en raison de leur taux d’incidence au-delà des 50 nouveaux cas pour 100 000 habitants en une semaine. Le pays compte aujourd'hui 42 départements en zone rouge.

Excepté l’obligation du port du masque étendu sur tout l’espace public aux villes de Rennes, et plusieurs cités de la métropole comme Saint-Grégoire, Saint-Jacques, Cesson et Chantepie ; de Nantes, Saint-Herblain, Saint-Sébastien sur Loire, Bouguenais et dans une moindre mesure à Saint-Nazaire, cette mesure n’a pas de conséquences majeures sur votre quotidien, si ce n’est le retour de la règle du “1 siège sur 2” dans certains établissements recevant du public : salles de cinéma, de spectacle, salles de réunion, hippodromes, gymnases ou stades, etc. Il en est de même dans le Maine et Loire, où le masque est désormais obligatoire dans les villes d’Angers, Cholet, Saumur, Trélazé et Beaupréau pour cause de cluster local…

Plus de pouvoirs aux préfets

En cas d’aggravation majeure de la situation, les préfets auraient en revanche la possibilité de limiter les déplacements en dehors du département ou suspendre certaines activités lorsqu’elles participent à la propagation du virus.

La situation tendue dans les labos

Depuis quelques temps, la France réalise plus d'un million de tests par semaine, revers de la médaille, les laboratoires sont submergés, et les laborantins croulent sous les demandes de rendez-vous. Ils passent beaucoup de temps ne serait-ce qu’à répondre au téléphone... A Rennes, Karine Lefrançois technicienne de laboratoire, et syndiquée FO, témoigne au micro d’Emilie Plantard :

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"On a des centaines et je dis bien des centaines de demandes par jour, on ne peut plus assurer. Nous sur le groupement dans lequel je suis, on peut faire à peu près 600 têtes par jour, on a mis en place un travail de nuit pour réaliser les tests pour pouvoir les rendre dans les 24h, donc la machine tourne 24h/24... On ne peut pas faire plus. (...) On est déjà au maximum de nos capacités."

"On va tous finir en burn-out si le rythme continue comme ça !"

La secrétaire des laboratoires de biologie clinique du 35, aimerait que tout le monde ne soit pas autorisé à se faire tester, pour éviter le burn-out des personnels des labos.

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"On est tous épuisés et il y a carrément des gens qui sont en burn-out, et on va tous finir en burn-out si le rythme continue comme ça ! Quand vous avez commencé à 7h30 le matin, et que vous finissez à 20h le soir, en non-stop, que vous rêvez covid en plus parce que voilà ... Comme le téléphone sonne tout le temps, il sonne encore la nuit, vous ne récupérez pas, et c'est vrai que du coup vous n'avez même plus de vie sociale derrière. Moi, j'ai eu mes vacances fin juin - début juillet, je suis déjà épuisée, et je ne sais pas comment je vais tenir jusqu à la fin de l'année..."

Aujourd’hui, il faudrait embaucher pour répondre à la demande, mais c’est devenu quasi-impossible.

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"On fait énormément d'heures supplémentaires, et puis il y a eu des embauches mais la limite, elle se traduit là, c'est que maintenant c'est très compliqué d'embaucher puisque tout le monde cherche à embaucher, et qu'il n'y a plus de techniciens disponibles. Des techniciens ou des infirmières parce que pour faire des prélèvements pour les tests ... ce sont déjà des infirmières qui ont été embauchées par le laboratoire pour faire des prélèvements, mais on n'arrive plus à gérer la situation."

Qui sont les personnes prioritaires ?

Les demandes sont nombreuses, et les personnels des laboratoires ont bien du mal à "hiérarchiser" ces demandes et/ou prioriser les personnes à tester. C'est pourquoi Karine Lefrançois lance un appel au civisme. Elle aimerait que seuls les gens qui en ont réellement besoin, viennent se faire tester.

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"On leur demande d'être raisonnable, de ne pas demander à faire un test pour un oui pour un non ... Le pire il est là, c'est que les jeunes viennent se faire tester pour pouvoir aller à une soirée. Le problème c'est qu'on n'arrive pas à prioriser, dans tous les mails et toutes les demandes que l'on reçoit on n'arrive pas à faire le tri entre les personnes qui sont importantes et à tester rapidement, et les personnes qui font ça parce qu'elles ont été en contact avec quelqu'un qui a été en contact... ou quelqu'un qui a juste le nez qui coule. Qui doit se faire tester en priorité ?  les gens qui ont des symptômes, les cas contacts (mais qui ont été contactés par l'ARS ou la CPAM), et les personnes asymptomatiques, mais à risque."

Début de soulagement, le Conseil de défense a décidé vendredi de continuer à tester massivement la population mais en proposant des parcours dédiés aux personnes prioritaires. Quelles sont-elles ? Karine Lefrançois l'a dit : les personnes présentant des symptômes, les cas contact et les personnes travaillant dans le domaine médical ou assimilé (hôpital, EPHAD, à domicile). Des créneaux horaires seront réservés dans les laboratoires, ou des tentes installées dans les grandes villes.

Recrutement en vue pour l'ARS et les CPAM

Autre mesure importante, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le recrutement de 2.000 personnes à l'Assurance Maladie et dans les Agences régionales de santé pour assurer le traçage des cas de Covid-19.