Les experts au chevet de la cathédrale de Nantes

23 juillet 2020 à 12h06 par Emilie PLANTARD

Ce sont eux qui permettront de déterminer un calendrier de travaux, qui s'étaleront sur minimum 3 ans. Entre 8 et 10 équipes d'experts se relaient actuellement dans la cathédrale de Nantes pour déterminer l'ampleur des dégâts et orienter la DRAC, maître d'ouvrage sur ce chantier difficile, mais maîtrisable.

HIT WEST
Crédit : @Hit West

L’incendie qui s’est déclaré samedi matin dans la cathédrale de Nantes étant aujourd’hui circonscrit, l’heure est désormais à la sécurisation et au passage des experts. A ce jour, on peut déjà établir la disparition d’un orgue, un tableau de Flandrin, de divers objets de la crypte et d’une grande partie de la verrière de la façade. L’édifice a également souffert d’un éclatement de la pierre, d’un engorgement d’eau… Tous ces dommages sont actuellement évalués par des experts en textile, maçonnerie, peintures, vitrail, sculptures, climat intérieur, micro-biologie… Le grand orgue ayant brûlé, une dernière expertise sera nécessaire sur cette partie.
Valérie Gaudard, conservatrice régionale des monuments historiques à la DRAC des Pays-de-la-Loire :

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"L’autre expert, c’est un expert orgue. Pourquoi ? Parce qu’il connaît très bien l’orgue qui a aujourd’hui disparu. Il peut nous aider à retrouver et identifier des morceaux du buffet d’orgue que nous avons perdu, son analyse est donc précieuse. Et il y a un autre orgue, l’orgue de cœur, qui se trouvait lui aussi à proximité d’un foyer, et il doit nous dire ce qu’il en est de son état."

Le vitrail, pièce maîtresse de la façade endommagée

Un des cibles majeures de ces travaux est bien sûr le vitrail de cette façade occidentale. Après expertise, la DRAC devra déterminer s’il est possible de le restaurer ou s’il faudra en créer un nouveau.

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"La grande verrière a été soufflée par l’incendie et donc il y a dispersé un peu partout de cette grande verrière, constituée en partie de vitrail blanc, de restauration, relativement récent, mais surtout de 3 lancettes du début du XVI siècle, dont nous avons à cœur de retrouver les différents morceaux."

Au moins 3 ans de travaux

Les expertises délivrées, dans quelques semaines, la DRAC pourra élaborer un plan d’action concernant les travaux. Pas de d’évaluation précise encore, mais les spécialistes s’accordent sur un minimum de 3 ans de chantier, en fonction de la complexité du chantier. La cathédrale pourra rouvrir au public progressivement, mais pas avant de longs mois selon Pascal Prunet, architecte du patrimoine.

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"Savoir quand on pourra le rendre au culte, ça c’est une complexité, ce n’est pas simple, ça va être réglé en fonction des différentes zones de traumatisme de l’édifice. Après, il y a une complexité structurelle, qui est celle de la stabilisation de la grande façade et de la reconstruction de la baie haute et d’une partie du triforium, tout le travail de tri des vestiges, qui est très délicat puisqu’il faut dissocier les pierres, le bois… Faire en sorte que ça se fasse en respectant leur conservation…"

Pas la même ampleur qu'à Paris

Comme toute intervention sur un monument du patrimoine, ces travaux s’annoncent longs et complexes, mais sans commune mesure avec le chantier de Notre-Dame-de-Paris.

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"Toutes ces complexités sont maîtrisables. On n’est pas du tout dans la complexité du chantier de Notre-Dame, on est à une autre échelle, la structure est saine, il y a juste la question de la stabilisation de la façade occidentale. Mais c’est sous contrôle. Donc la complexité majeure elle est ici, mais c’est un chantier qui est maîtrisable, qui n’est pas hors-norme."

Le chantier sera largement pris en charge par l’Etat, mais la Fondation du Patrimoine a d’ores-et-déjà lancé un appel aux dons, près de 45.000 euros ont déjà été récoltés.