Les commerçants parés pour ouvrir samedi

26 novembre 2020 à 8h40 par Dolorès CHARLES

C'est une habitude, d'abord le cap fixé par le Président et ensuite les explications de texte du Premier ministre et des ministres. Sans attendre ces précisions, les commerçants de Vannes se préparent à rouvrir samedi, reportage de Yann Launay.

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Crédit : Yann Launay

C’est en fin de matinée à 11 heures que Jean Castex va détailler les mesures dévoilées mardi soir, et notamment les aides complémentaires destinées aux secteurs qui restent fermés : restaurants, bars ou discothèques. Le Premier ministre va préciser aussi la liste des commerces non essentiels concernés par la réouverture samedi (28 novembre) et les protocoles sanitaires négociés. Il est prévu notamment de limiter le flux de clients dans les magasins, 8m2 contre 4m2 jusqu’ici. Une jauge parfois difficile à appliquer… notamment dans les salons de coiffure.

Les commerçants en pleine préparation de la réouverture

Cette réouverture fixée à samedi des commerces "non essentiels", avec un protocole sanitaire renforcé, est un soulagement pour Ghislaine, commerçante indépendante, qui gère les boutiques "En Aparté", deux boutiques de vêtements à Vannes et Locminé :

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"On est super contents de pouvoir rouvrir : le "clique et rapplique", c'est super, mais c'est vraiment infime... Ce qui est perdu est perdu, maintenant le mois de décembre est un gros mois pour nous, il ne faut pas le louper, et on met tout en oeuvre pour que ça se passe bien : la boutique est prête, on a essayé de tout mettre en place pour que la visibilité soit optimale, pour que les clientes puissent repérer et essayer les vêtements en toute sérénité..."

S'adapter, ouvrir plus tard ou le dimanche

Il va falloir composer avec la règle des 8m² par client… Ce qui limite drastiquement le nombre de personnes en simultané, dans les petites boutiques comme celles de Ghislaine :

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"On va répondre au mieux au protocole, on n'a pas le choix... Une personne tous les 8 m², ça veut dire qu'on peut accueillir ici 4 personnes... C'est pas énorme, c'est déjà ça... On va élargir notre amplitude horaire, peut-être de 9h à 20h, le dimanche les boutiques seront ouvertes toute la journée, et on va peut-être mettre en place un système de rendez-vous privés, après 20h, ou le dimanche matin... Il faut s'adapter, et on le fera dans la bonne humeur..."

Dans sa petite boutique de jouets et puériculture baptisée "Little Marmaille", Elodie va travailler jour et nuit, d'ici samedi, pour préparer son magasin. Elle n'avait pas osé mettre sa vitrine aux couleurs de Noël, persuadée que la réouverture n'interviendrait pas avant janvier. Ce feu vert donné par Emmanuel Macron est pour elle une bonne surprise, et la règle des 8 m² ne l'effraie pas. Elodie estime que dans sa petite boutique, cela ne changera pas du déconfinement vécu au printemps dernier :

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"ça s'était bien passé la première fois : les gens comprennent, attendent dehors un petit peu, les gens qui sont à l'intérieur essaient un peu de se dépêcher... Je pense qu'on peut sauver la saison, je pense qu'il y a eu une prise de conscience chez les gens, ils vont vraiment essayer de faire l'effort de venir faire leurs cadeaux de Noël chez les petits commerçants... Je suis de nature optimiste, j'y crois..."

Des inquiétudes face à l'afflux de clients

Mais des inquiétudes s'expriment aussi : pour Marion qui travaille dans une librairie, les commerces auraient dû rester ouverts en novembre, avec un protocole strict plutôt que de rouvrir à moins d’un mois de Noël :

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"On a un peu peur de la masse de clients qui vont tous venir le samedi... On pense qu'il va être difficile de faire respecter les règles de distance, du nombre de personnes dans les magasins... On ne peut pas faire notre travail et compter les gens, et leur demander de rester dehors... Noël, c'est toujours une période très intense, mais là on est très stressés..."

Pour les coiffeurs, la règle des 8m² par client est assez contraignante, et implique une complète réorganisation. Exemple au salon "Mathis et Carla", dans le centre-ville de Vannes, un des salons gérés par Bertrand Joffet :

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"Ici, j'ai un poste de coiffage supprimé à chaque bout du salon. Quand on prend des techniques de couleurs, il y a un temps de pose après application de la couleur, forcément la personne va rester dans le salon, ce qui va nous empêcher de faire entrer de nouveaux clients. Donc on va garder 3 postes pour le temps de pose de couleurs, ce qui nous limitera à 6 clients sur ce salon. Ce qui va nous limiter aussi dans le nombre de collaborateurs : à la base on est 8, et là on ne va pouvoir être que 3 ou 4 personnes à travailler au salon..."

Sans surprise, les réservations sont nombreuses, pour la réouverture, mais Bertrand ne souhaite pas étendre les horaires :

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"Sur l'ensemble de nos salons, on est déjà complets pour samedi... Il y a une réaction qui est plus simple aujourd'hui de la part des clients, ils comprennent qu'on ne peut pas tous les prendre dès samedi... On va pouvoir étaler le travail d'ici à Noël. Après le premier confinement, les 15 premiers jours, on a fait des heures supplémentaires, et après on a eu un creux... Au final, aujourd'hui j'ai plutôt pris la position de rester sur des horaires classiques et d'étaler la prise de rendez-vous, plutôt que de concentrer sur 15 jours et qu'après il n'y ait plus de travail..."