Le parkour ou le street workout en plein développement !

2 octobre 2019 à 4h05 par Dolorès CHARLES

Comment aider les collectivités à mieux comprendre et à mieux encadrer le "parkour". Reportage à Saint-Nazaire.

HIT WEST
Crédit : Yann Launay pour Hit West

Vous avez certainement déjà vu ces acrobaties urbaines, où les immeubles et les éléments de mobilier urbain sont autant d’obstacles à franchir : ce que l’on appelle le « parkour » est une pratique en plein développement, tout comme le « street workout », qui utilise les structures des parcs publics comme agrès d’entraînement. Des activités sportives au cœur de la journée thématique organisée hier à Saint-Nazaire par la DDCS de Loire-Atlantique (Direction départementale de la cohésion sociale). Objectif de cette première, aider les collectivités à mieux comprendre et à mieux encader ces pratiques sportives, car ces pratiques peuvent effrayer, comme l'explique Jérôme De Micheri, directeur adjoint de la DDCS 44 à Yann Launay.

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"Cela peut faire peur au niveau de la sécurité, au niveau de la tranquilité publique aussi, donc les élus s'interrogent avec nous sur la meilleure façon d'appréhender ce fait social..."

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Une pratique victime de préjugés

Des pratiques urbaines encore trop souvent victimes de préjugés. Préjugés qui ne résistent pas à l'analyse pour Aymane Dahane, doctorant en sciences du sport à l'université de Strasbourg :

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"On voit qu'au final, ce ne sont pas des pratiques sauvages... Ce sont des pratiques structurées, autour de valeurs fortes, comme le respect, la solidarité, l'inclusion..."

Une Académie d'Art du déplacement

Des pratiques, et surtout le parkour, souvent perçues comme dangereuses, réservées à quelques kamikazes inconscients. Pour Stany Boulifard, c'est en fait tout le contraire. Ce Nantais à co-fondé l'Académie d'Art du déplacement :

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"La prise de risque est au coeur de la discipline : c'est apprendre à gérer le risque, c'est apprendre à s'engager en pleine conscience, à regarder autour de nous, à faire des choix... Quelqu'un qui pratique l'art du déplacement est beaucoup plus équipé pour affronter la ville..."

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Le défi à relever, pour les collectivités, est de réussir à "canaliser" ces pratiques, pour plus de sécurité, en installant des équipements dédiés, en valorisant un encadrement qualifié... Mais n'est-il pas paradoxal de canaliser des pratiques par nature libres et itinérantes ? Pour Rachel Hervet, responsable du pôle sport de la DDCS 44, il est possible de dépasser ce paradoxe :

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"Une contrainte est acceptée à partir du moment où elle a du sens... Et pour qu'elle ait du sens, pour les organisateurs, il faut qu'ils s'en sentent responsables... Une collectivité qui souhaite construire un espace de pratique libre et qui y associe les pratiquants reconnaît leur compétence...On n'est pas en perte de liberté, puisque la contrainte fait sens..."

Yamakasi - Les samourais des temps modernes - 2001

Le parkour, comme le street workout, ont déjà commencé à se structurer, et le nombre d'espaces dédiés ne peut qu'augmenter à l'avenir.. mais les adeptes de l'art du déplacement comme Stany attendent aussi un respect de leur liberté d'évolution dans la ville.

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"Un lieu de pratique accessible à tous, municipal par exemple, ou une salle de pratique, ce sont des outils, pour être mieux équipés et pour ensuite continuer d'explorer et découvrir la ville... Si c'est dans une logique d'enfermement, on sort de la discipline..."

A l'issue de cette journée thématique, les représentants des municipalités ont-ils trouvé les réponses à leurs questions ? Et voient-ils se dessiner des stratégies ? La réponse d'Olivier Lefeuvre, responsable des sports à Montoir de Bretagne :

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"On est encore un peu dans l'expectative, mais on y voit un peu plus clair... Les leaders à l'initiative de ces pratiques, doivent prendre conscience, et c'est notre rôle de collectivité de leur dire que même si cela se fait de manière libre et non organisée, ils ne soustraient pas à un certain nombre d'obligations de prudence à l'égard des personnes qui pratiques ces activités... On ne peut pas interdire, puisqu'on voit bien que cela répond à un besoin, mais on doit accompagner..."

Un reportage de Yann Launay.