Le mystère du rocher de Plougastel élucidé

12 mars 2020 à 9h25 par Alexandra BRUNOIS

Le mystère est élucidé à Plougastel-Daoulas... Le concours lancé par la mairie a été un succès, 58 dossiers ont été déposés et deux lauréats ont été désignés. Le texte gravé sur un rocher de l'anse de Caro a été traduit par les deux hommes qui nous livrent leur interprétation.

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Retour sur un mystère - en partie - éclairci : le texte gravé sur un rocher de l'anse du Caro, à Plougastel-Daoulas, a commencé à livrer son secret. Le concours organisé par la commune a distingué deux lauréats : Noël Toudic et Roger Faligot.

PIERRE MYSTERIEUSE PLOUGASTEL DAOULAS 3.jpg (952 KB)

En utilisant des méthodes différentes, ils proposent deux traductions qui se recoupent largement. Le texte gravé, rédigé sans ponctuation, sans espace entre les mots, porte les dates de 1786 et 1787. La langue utilisée semblait étrange...

Mais pas pour Noël Toudic, professeur agrégé d'anglais et diplômé d'études celtiques installé près de Rennes. Pour lui, depuis le départ, la langue mystérieuse ne pouvait être que du breton :

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"Même en regardant simplement la pierre, on ne peut pas mettre en doute que c'est du breton... Mais le texte n'est pas très lisible, et les mots ne sont pas séparés, pour donner du sens à cette inscription, il faut segmenter, séparer les mots.(..) Ce monument, c'est une stèle gravée à la mémoire d'un marin, d'un soldat, disparu. Mort à mon avis lors d'une punition qui lui a été infligée..."

Graveur Plougastel©Alain Robet.jpg (188 KB)

Proposition de reconstitution par le dessinateur Alain Robet. Droits réservés

De son côté, le journaliste et écrivain finistérien Roger Faligot a utilisé la langue galloise du XVIIIème siècle comme clé pour traduire ce texte, qui serait rédigé dans une langue métissée, entre le gallois et le breton :

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"Je voyais quelques phrases qui pouvaient être du breton, mais il y a des mots, si on remonte un peu, en gallois. (...) C'est par des mots de gallois que j'ai réussi à comprendre des choses essentielles, et par la suite cela s'est bien amalgamé avec des mots bretons : on est dans une période où ces langues se mélangent. (...) L'auteur est vraissemblablement un prisonnier gallois: nous sommes à l'époque en pleine guerre d'indépendance américaine, avec des batailles navales au large de Brest, entre flottes britanniques et françaises. La bataille la plus célèbre est la bataille de Ouessant, où il y a eu 250 prisonniers anglais, cornouaillais, gallois, dispatchés à travers la Bretagne pour travailler comme prisonniers de guerre..."

A noter que les lauréats ont décidé de reverser les 2000 euros du concours aux écoles Diwan et à la Redadeg, la course au profit de la langue bretonne.

Des propos recueillis par Yann LAUNAY