Le label Au coeur des sols lancé au salon de l'agriculture !

24 février 2020 à 10h14 par Dolorès CHARLES

Nos régions Bretagne et Pays de la Loire sont présentes au 57ème salon international de l'agriculture (SIA) à Paris, ouvert jusqu'au 1er mars (porte de Versailles). Reportage sur le label "Au coeur des sols".

HIT WEST
Crédit : Yann Launay pour Hit West

Veaux, vaches, cochons et politiques ! Avant le premier ministre Edouard Philippe ce lundi, Emmanuel Macron. Le Président a inauguré samedi le 57ème salon international de l’agriculture à Paris : un marathon d’une douzaine d’heures. Jusqu'au 1er mars (dimanche), les Pays de la Loire et sa filière laitière y présentent la ferme bas carbone. Le but faire que "70 % des exploitations laitières de la région réduisent à terme leur impact carbone, et les émissions de gaz à effet de serre". La Bretagne présentera entre autres le label "Au coeur des sols".

"Au coeur des sols"

Vous le verrez peut-être sur certains produits alimentaires : un nouveau label est lancé cette semaine au SIA "Au coeur des Sols" qui vise à mettre en valeur l'agriculture dite " de conservation des sols". Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Eh bien imaginez des champs qui ne sont plus labourés, où la terre ne se retrouve jamais à nu, où des espèces végétales différentes cohabitent sur une même parcelle. Exemple à Guipavas, près de Brest, où Roland Hallegouët et son frère Nicolas produisent du blé, des pommes de terre, des oignons selon cette méthode : ils ne labourent plus leurs 33 hectares de terres depuis 2009. Et le champ d'orge qu'ils ont semé cet hiver ne ressemble pas vraiment à un champ d'orge :

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"Ce que vous voyez, c'est principalement de la moutarde, du radis, du trèfle... On a un outil qui nous permet de semer dans la végétation, qui permet de préparer un micro sillon, sans bousculer le sol, pour déposer la graine. Dés lors que vous travaillez le sol, vous perturbez l'habitat de la vie du sol. Ce sont les cinq premiers centimètres du sol qui sont hyper importants, là où vous avez les échanges entre l'air, les minéraux, les champignons, les bactéries... Si vous perturbez l'habitat, vous détruisez cet équilibre..."

Une baisse de rendement ?

Mais avec cette méthode, les cultures comme les céréales ne sont-elles pas étouffées par les autres espèces ? Et n'y a-t-il pas une baisse de rendement par rapport aux champs labourés traditionnels ?

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"Il y a toujours cette période de transition de 2 ou 3 ans, le temps de maîtriser les techniques, mais sur le moyen et long terme, on s'aperçoit que les cultures sont moins soumises aux aléas climatiques : le fait d'avoir un couvert végétal protège d'un excès de soleil, et dès qu'il y a de la pluie, les racines des plantes vont capter l'eau qui tombe et la restituer plus tard..."

APAD-AU COEUR DES SOLS LOGO.png (63 KB)

2% des fermes françaises seulement engagées

Le couvert végétal permanent, l'absence de travail du sol permettent de réduire la consommation de carburant, de réduire l'utilisation de produits phytosanitaires, permet aussi d'empêcher l'érosion du sol, de préserver la biodiversité... Mais alors pourquoi une méthode qui semble présenter autant d'avantages n'est-elle pas plus répandue ? La réponse de Roland Hallegouët :

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"Je pense que c'est peut-être l'aspect culturel : c'est tout le raisonnement qu'il faut changer, tout le regard sur le métier qu'il faut changer... Il y a tout une approche qui est peut-être plus technique, et qui faire peur à certains... Je pense que cela évoluera, mais l'homme a la volonté d'avoir des surfaces propres, avec des sillons nickels, des lignes de semis parfaitement rectilignes... donc en agriculture de conservation, les champs peuvent perturber le regard des collègues agriculteurs mais aussi des citoyens..."

Seules 2% des fermes françaises sont engagées dans cette démarche, qui existe pourtant depuis une vingtaine d'années. Le label "Au coeur des sols" sera présenté au Salon sur le stand de l'APAD - l'Association pour la Promotion d'une Agriculture Durable". Le Salon de l'agriculture, c'est jusqu'à dimanche à Paris, Porte de Versailles.

Un reportage de Yann Launay.