Le contact tracing pour freiner l’épidémie

25 mai 2020 à 11h19 par Emilie PLANTARD

Le 1er ministre l'avait annoncé en avril dernier, des brigades sont désormais opérationnelles pour effectuer des enquêtes autour d'un patient testé positif au Covid-19. L'objectif est de les mettre en retrait pour stopper les chaînes de propagation du virus. Explication en Ille-et-Vilaine :

HIT WEST
Crédit : @Pixabay

Les équipes d’enquêteurs de l’Assurance Maladie sont opérationnelles depuis le 13 mai dernier. Détachés de leurs fonctions habituelles, les agents sont chargés d’identifier les personnes qui auraient pu être en contact avec un patient testé positif au Covid-19, afin de déterminer s’il a été exposé au virus. Tout démarre chez le médecin traitant, qui reçoit en priorité les résultats du test qu’il aurait prescrit à un patient présentant des symptômes et qui transmets ces données à l’assurance maladie. Pascale Boullé est responsable de la plate-forme contact tracing en Ille-et-Vilaine :

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"Nous on reçoit des éléments sur une base qui s’appelle Contact Covid, qui est alimentée par des médecins, qui eux détectent des situations de patients testés positifs, base donnée sur laquelle nous captons la situation, rappelons le patient, dit zéro et à partir de là, menons une enquête familiale, de proximité. Toutes les personnes qu’il aurait pu rencontrer dans les 48H qui ont précédé son test, d’inventorier avec lui ces contacts-là et répertorier des numéros de téléphone. Et ce moment-là, nous n’avons que 4H pour le faire."

Identification des cas contact...

Les autorités de santé ont établi des critères précis pour déterminer quelles personnes ayant croisé le patient zéro, sont susceptibles d’avoir été exposées. Et ce sont les informations transmises par cette personne, qui vont permettre cela.

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"On va déterminer ce qu’est un cas contact avec le patient zéro. Ce sont les personnes qui partagent le même domicile, ce sont les personnes avec qui il ont eu un contact dans ces fameuses 48H qui ont précédé les symptômes, quelle que soit la durée, petite discussion de proximité à partir du moment où il n’y a pas de masque, et qu’il n’y a pas d’éloignement de moins d’1 mètre, et l’autre situation sont des espaces confinés, plus de 15 minutes et là aussi, s’il n’y a pas de masques, ni les mesures de distance. Il y a toute une interrogation qu’on a, c’est à partir de là qu’on détermine la situation."

Rapidement, pour ne pas que le virus se propage

Une fois les cas contact identifiés, l’assurance maladie va pouvoir utiliser sa base de donnée pour contacter ces personnes et les prévenir de leur exposition. L’identité du patient zéro peut être gardée confidentielle, l’essentiel étant d’être le plus rapide possible à partir du moment où un patient est diagnostiqué.

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"Entre le moment où le médecin donne cette indication-là, nous avons 4h pour contacter ce patient dit zéro, et voir avec lui les personnes qu’il a contactées dans les 48H qui ont précédé cette situation. On joue la montre, tout du long de cette traçabilité, tout en étant dans la pédagogie. Le patient zéro, il faut lui expliquer qu’il est important de nous fournir ces éléments, pour qu’on puisse ensuite contacter ces contacts-là, et mettre en place des mesures d’accompagnement que sont le test, l’arrêt de travail si nécessaire, le confinement et le retrait de masques en pharmacie."

Une organisation spécifique à la crise

Un travail long et minutieux, il ne s’agirait pas de se tromper et d’isoler quelqu’un pour rien, qui nécessite une équipe formée à ce travail d’enquête. Aujourd’hui, entre 25 et 30 personnes ont été tracées en Ille-et-Vilaine depuis le 13 mai, et n’ont généré que très peu de contacts.

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"Il est estimé aujourd’hui minimum 6H d’instruction d’un dossier à partir d’un patient zéro. Nous le calibrage qui nous a été demandé par la CNAM en ce qui nous concerne, c’est d’avoir jusqu’à 50 personnes, sur notre plateau, 7 jours sur 7, de 8H à 19H, pour pouvoir gérer l’intégralité de ces cas. Mais on a peu pour l’instant, à part les situations de clusters avec des abattoirs où ce sont des gens qui ont maintenu leur activité, aujourd’hui au bout de cette première semaine et demi, on est sur des schémas très limités. "

Tout le monde doit collaborer

Ce travail d’enquête repose sur la base du volontariat et de la confidentialité. Pas d’obligation donc, de fournir des informations qui sont pourtant essentielles. La mission de ces agents de la CPAM est donc délicate et nécessite de la pédagogie.
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