Le cidre breton boit la tasse depuis 2 mois

13 mai 2020 à 8h29 par Emilie PLANTARD

La filière cidricole lance un appel à l'aide. Depuis 2 mois, les ventes de cidre se sont effondrées, remettant en question les producteurs et la prochaine récolte de pommes.

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Crédit : @La Maison Cidricole de Bretagne

Mais que se passe-t-il dans les habitudes des consommateurs de cidre… ? Depuis le début du confinement, alors que la boisson ne subit pas de restriction particulière, les ventes dégringolent. A tel point que la filière est très inquiète. Une enquête menée par la maison cidricole de Bretagne recense une baisse de 70% des chiffres d’affaires des producteurs qu’elle regroupe, sur le mois d’avril 2020, jusqu’à 90% pour certains d’entre eux. Nicolas Poirier est producteur de cidre au Gorvello (56), il est également le président de la Maison Cidricole de Bretagne. Si la fermeture des bars et des crêperies entraîne forcément une baisse des commandes, il n’explique pas un tel effondrement. Même la vente directe, qui a sauvé nombre d’autres productions agricoles, n’a pas fonctionné pendant le confinement.

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"Les produits sont restés accessibles, chez les cavistes, les épiceries fines, en grande distribution… On a perdu le marché des hôtels et des restaurants et ça représente à peu près 35% des ventes des cidreries en Bretagne donc c’est déjà une part importante qui a disparu. Mais sans pouvoir l’expliquer, on a l’impression que les gens se sont détournés du cidre parce que même en grande distribution, les ventes ont baissé de 20%."

Une gestion difficile des caves

Cette baisse des ventes creuse la trésorerie des producteurs et encombre leurs caves. Le cidre encore en cuve n’a pas été embouteillé et les bouteilles qui devaient partir en rayon sont toujours en stock. Autant de cidre qui n’est toujours pas bu et qui ne le sera peut-être jamais… 

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"On n’a aucune visibilité pour l’instant, le problème c’est que tout ça reste en cave, encombre les caves, et le cidre, à la différence du vin, ce n’est pas un produit qui se garde 3 ou 4 années. Et au mois de Septembre, il y a la nouvelle récolte qui arrive. Donc en ce moment, on ne vend plus au niveau des transformateurs, et dans quelques mois, on ne pourra pas acheter les pommes aux agriculteurs qui les produisent parce qu’on n’aura pas la place dans les caves pour rentrer, stocker le jus de cette nouvelle récolte."

La filière demande un soutient de l'Etat

La Bretagne est la région la plus cidricole de France avec 47% de la production nationale. Aussi, la Maison Cidricole de Bretagne a demandé au gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles en faveur de la filière.

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"Une destruction d’une partie du cidre en cuve de la dernière récolte à hauteur de 200.000 hectolitres, ce qui est énorme, pour pouvoir l’envoyer vers la distillation, et libérer de la place dans les cuves pour la nouvelle récolte. Et à côté, pour la nouvelle récolte, on demande que 100.000 tonnes de fruits à cidre soient détruites parce que sinon il y aura surproduction, et il risque d’y avoir un effondrement du cours du fruit et du coup les agriculteurs ne pourront pas assez se rémunérer avec la vente de leurs fruits."

Un an après la mauvaise récolte due au gel, c’est donc un nouveau coup dur pour la filière qui s’attend paradoxalement, à une belle récolte à cette année.