La belle solidarité nantaise envers une famille afghane

27 novembre 2019 à 9h11 par Emilie PLANTARD

Abdul Hai Sattari, traducteur afghan, a été missionné par l'armée française pendant 5 ans. Aujourd'hui menacé dans son pays, il tente d'obtenir l'asile en France pour lui et sa famille, mais rencontre de nombreuses difficultés. Des twittos nantais s'en sont émus.

HIT WEST
Frédéric Pineau et Didier Chevrel, accompagné de son fils
Crédit : Hit West

Sa collaboration avec l’armée française, sous contrat français, a duré 5 ans. Jusqu’en 2012, date à laquelle la France se retire d’Afghanistan, laissant sur place plus de 700 traducteurs abandonnés à leur sort. Abdul Hai Sattari en fait partie. Il doit régulièrement déménager, se cacher des talibans qui le considèrent comme un traître ; Une vie faite de menaces et de peur mais qu’il est difficile de fuir, la France délivrant des visas au compte-goutte. En 2019, une ultime demande aboutit enfin et la famille Sattari s’envole vers l’hexagone… Sans pour autant bénéficier d’un accueil particulier. Les 5 membres de la famille, dont sa femme paraplégique, sont hébergés provisoirement à Nantes mais restent complètement isolés. Un journaliste indépendant, sensible à la cause des traducteurs afghans, Quentin Muller, alerte sa communauté sur Twitter. Frédéric Pineau, agent immobilier nantais, en fait partie. Il décide de relayer l’appel du journaliste et propose de venir en aide à la famille Sattari, invitée par le 115 à être logée à Saint-Nazaire.

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"Comment allaient-ils s’organiser avec une dame qui est paraplégique, qui doit transporter 2 fauteuils roulants, avec 5 vies entières dans des paquetages, donc le papa se demandait comment il allait faire pour transporter tous leurs bagages en train. C’est là qu’on est intervenus. C’est-à-dire que rapidement 3 à 4 personnes se sont mobilisées pour leur proposer le transport et on les a emmenés en voiture à Saint-Nazaire. Une fois que le lien est fait, qu’eux sont curieux de nos vies et nous des leurs, on devient proches. Et en devenant proches, on ne peut plus les abandonner."

Un soutien s'est rapidement mis en place

Une petite équipe, liée par les réseaux sociaux, se relaie donc pour les accompagner régulièrement à leurs rendez-vous administratifs. Un nantais propose même de mettre à disposition un appartement en ville pour qu’ils puissent les enchaîner plus facilement. La demande d’asile prend enfin forme.

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"Aujourd’hui, après plusieurs aller-retour entre Nantes et Saint-Nazaire, toutes ces démarches font qu’aujourd’hui la demande d’asile est complète. Elle va être examinée, et puis ils vont devoir aller à Paris, à l’Ofpra, pour un entretien de manière à expliquer pourquoi la France doit les accueillir, et comment ont-ils fui leur pays, pourquoi étaient-ils en danger ?"

La solidarité devient une amitié

En moins d’1 mois, une dizaine de nantais a réussi à s’accorder pour donner un peu de temps et d’attention à cette famille afghane. Si la situation est encore loin d’être idéale, le petit réseau local est au moins parvenu à redonner de l’espoir à ce couple et ses 3 garçons, ces derniers mettant un point d’honneur à apprendre le français pour pouvoir s’intégrer rapidement. Une satisfaction pour Frédéric Pineau :

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"De voir déjà le réseau qui s’est formé autour d’eux, avec des gens de tous horizons, qui sont sensibles à une cause, ça prouve que la solidarité dans ce pays n’est pas un vain mot. Les gens sont capables de se mobiliser très vite. D’autre part leur histoire, ce qu’ils ont pu subir mais aussi l’espoir dont ils sont porteurs et l’absence de haine. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas du tout en colère. Au contraire ils sont reconnaissants de tout ce que la France fait pour eux. Ils sont très fatigués, mais ils reprennent pied, c’est ça qui est important."

Retrouvez les témoignages complets de Frédéric Pineau et Didier Chevrel dans le Focus de Sur Place ou à Emporter.