L'éthylotest anti-démarrage est en route !

25 octobre 2018 à 13h27 par Katell LAGRE

Depuis quelques semaines en France, six départements, dont le Finistère et la Vendée, expérimentent l'éthylotest anti démarrage "alternatif".

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Les conducteurs contrôlés avec de l'alcool dans le sang se voient proposer au choix : le retrait du permis ou l'installation (à leurs frais) d'un éthylotest dans leur voiture, pendant plusieurs mois. L'éthylotest anti démarrage, l' E-A-D, est proposé aux conducteurs qui ont présenté une alcoolémie comprise entre 0,8g par litre et 1,8g/l. Dans le Finistère, 15 conducteurs ont déjà opté pour l'éthylotest, depuis un mois. Parmi eux : Philippe, un artisan contrôlé alors qu'il venait de boire quelques verres chez un client. C'était son premier contrôle de gendarmerie, et Philippe n'a pas hésité : plutôt que 2 mois de retrait, il a accepté d'installer un éthylotest anti démarrage, à la fois dans son véhicule personnel et dans son véhicule professionnel, et ce pour une durée de 6 mois.

Désormais lorsque Philippe s'installe au volant, il commence par décrocher son éthylotest. Reportage avec Yann Launay.

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"Ca ressemble un peu à un combiné de CB... je suis les instructions : je souffle dedans, j'attends le résultat... résultat positif, je peux démarrer... Au bout de 5 à 20 minutes, l'éthylotest peut se remettre à sonner, il faut que je me gare, que je ressouffle dans l'appareil, c'est pour éviter les abus. Il faut jouer le jeu, je suis déjà bien content d'avoir ce système, je suis conscient que là on me donne une chance de pouvoir conduire."

Philippe devra tout de même se présenter au tribunal, qui garde la possibilité de prolonger l'obligation de l'éthylotest, jusqu'à 5 ans. L'éthylotest anti-démarrage alternatif au retrait de permis doit être généralisé au 1er janvier prochain.

Les récidivistes exclus du dispositif

L'éthylotest anti démarrage ne sera pas proposé à tous les conducteurs contrôlés en alcoolémie : les récidivistes et les jeunes conducteurs n'auront pas accès à cette alternative au retrait de permis. Alors qui est concerné précisément ? La réponse de Pascal Lelarge, préfet du Finistère.

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"Vous avez quelqu'un qui travaille, qui se fait attraper parce qu'il sort d'une fête, d'un mariage : c'est une erreur à un moment donné... plutôt que la sanction du retrait de permis, avec le risque de la désocialisation, de la rupture du contrat de travail et tout ce que cela peut impliquer, on va envisager l'alternative de l'EAD."

Le dispositif est encore en phase de réglage, dans les 6 départements pilotes, une évolution du système reste possible.

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"Si on constate que cela ne marche pas aussi bien qu'on le pense, qu'on est un peu trop angéliques dans notre approche, que trop de gens biaisent : si par exemple un gendarme contrôle quelqu'un équipé d'un EAD et qui a fait souffler son passager, ou s'il a accepté l'EAD, et qu'il ne l'a pas installé, on va en tirer les leçons et ajuster le dispositif."

Un EAD cher pour certains conducteurs

Reste que certains conducteurs refusent l'éthylotest... pour raisons financières : l'installation du système est entièrement à leur charge, et la facture dépasse facilement les 1.000 euros (pour un véhicule). Le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, se dit conscient du problème.

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"On espère que dans toute la France le système va marcher... que l'on en installera beaucoup, et que les prix vont baisser. Les deux fabricants actuels proposent maintenant des formules de location. On espère faire avec ce dispositif une sécurité routière inventive, et c'est la preuve s'il en fallait que nous ne sommes pas contre la ruralité, puisque voilà une mesure dont on peut penser qu'elle va beaucoup bénéficier à ceux qui vivent dans des zones où le véhicule est indispensable.""

Le gouvernement étudie un système équivalent pour les grands excès de vitesse :

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"Alors ce ne sera pas tout à fait la même chose, mais l'idée ce serait que l'on puisse proposer à quelqu'un qui a commis un grand excès de vitesse, de continuer à conduire, sous le monitorat d'un système électronique."

Ce système pourrait voir le jour dans 2 ou 3 ans.

Reportage de Yann Launay.