L'Etat doit sauver le soldat Brittany !

27 août 2020 à 7h43 par Dolorès CHARLES

La compagnie du nord du Finistère enchaîne les coups durs... entre le Brexit et la pandémie. Aujourd'hui c'est la pérennité de l'entreprise bretonne qui est en jeu.

HIT WEST
Crédit : Britanny Ferries

La Brittany Ferries appelle à l'aide : déjà réduit depuis plusieurs mois, le trafic maritime entre la France et l'Angleterre s'est effondré, depuis le 25 août. Depuis la mise en place d'une quatorzaine au Royaume-Uni, pour les voyageurs en provenance de France. Conséquence : la Brittany Ferries réduit la voilure : la semaine prochaine, 5 de ses 11 bateaux seront à l'arrêt. Les traversées au départ de Saint-Malo sont supprimées. Autour de 800 employés vont être mis au chômage partiel. Alors doit-on craindre, à terme, des licenciements ? La réponse de Christophe Mathieu, directeur général de la Brittany Ferries au micro de Yann Launay :

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"On peut les craindre, on fait tout pour les éviter. Le moment est critique, on attend un message fort de l'Etat dans les jours qui viennent : d'autres pays supportent leur marine marchande avec un concept qu'on appelle le "net wage", qui revient à ce que les armateurs ne supportent que le salaire net de leurs marins. On demande à l'Etat de nous accorder ce statut pendant au moins 5 ans, pour que l'on puisse éponger la dette que représente le prêt garanti par l'Etat, et pour continuer à investir dans notre flotte, dans notre outil de travail."

Des commandes confirmées, et un nouveau bateau

Mais pas question pour la compagnie bretonne de suspendre le renouvellement de sa flotte : un nouveau navire, le Galicia, entrera en service dans 3 mois, entre l'Angleterre et l'Espagne... et deux autres navires commandés doivent être livrés en 2022 et 2023 : des commandes confirmées :

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"Aujourd'hui, ce sont des contrats qui sont signés, que l'on est obligé d'honorer. Si on faisait marche arrière, d'abord on aurait d'énormes pénalités, et d'autre part, si on commence à laisser péricliter notre outil de travail... Il faut assurer une qualité de service, il faut aussi muter au niveau environnmental : on veut aussi investir dans des technologies plus propres, et ça vous ne pouvez le faire qu'en modernisant votre flotte, en la remplaçant."

La Brittany Ferries annonce l’arrivée de son navire neuf le Galicia (215m) en fin d’année ! Ce ferry-croisière assurera 2 rotations / semaine entre Portsmouth au Royaume-Uni et Santander au Nord de l’Espagne et une rotation / semaine entre Cherbourg en France et Portsmouth. Après des essais en mer, le navire « Hola » quittera la Chine début septembre pour un voyage d’un mois vers la France.

Les élus locaux au chevet de la compagnie

Le Brexit appliqué au 1er janvier 2021, la pandémie de coronavirus et la quatorzaine décidée par le Gouvernement britannique aux passagers français. Une annonce qui, à elle-seule, a entraîné des milliers d’annulations ou de reports de voyages. La compagnie du nord du Finistère (Roscoff) enchaîne les coups durs... Aussi en juillet, celle qui assure les liaisons vers l'Irlande, l’Espagne et la Grande-Bretagne, a enregistré une fréquentation en baisse de 70% sur un an. Brittany Ferries demande à l’Etat un répit sur les charges salariales et patronales pour pouvoir rembourser son prêt (117 M€ accordé par l’Etat). Un appel relayé aussi par les élus locaux, à l’image du député du Morbihan et conseiller régional, Paul Molac, joint par Dolorès Charles.

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« Ce qu’il faut bien comprendre c’est que deux tiers des passagers de la Brittany sont des britanniques qui viennent sur le continent, que c’est une sale affaire pour la compagnie, et puis c’est la seule compagnie transmanche française que nous ayons. C’est un pôle important à la fois pour l’exportation d’un certain nombre de marchandises et puis pour les liens que nous avons avec le Royaume Uni… C’est tout un aspect transmanche très important à la fois au niveau social, parce qu’il y a beaucoup d’emploi (en jeu) et aussi économique. »

Le chômage partiel touche déjà 500 collaborateurs mais il pourrait en concerner bien plus, et c’est aujourd’hui même la pérennité de la compagnie qui est en jeu.

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« Le problème ce sera évidemment le chômage partiel pour qu’il n’y ait pas de licenciement. (Il faut que le prochain plan de relance (présenté dans une semaine jeudi 3 mars) comporte quelque chose sur les transports et puis vous savez que les transports c’est quand même une consommation de pétrole et / ou de gaz très importante et que justement la Brittany Ferries est en train de changer le mode de propulsion de navire, c’est quelque chose que l’on peut prendre en compte : cela va tout à fait dans le sens de la transition écologique et dans la transformation que nos entreprises doivent faire…»

Brittany Ferries en quelques chiffres

La compagnie transporte en moyenne près de 2,5 millions de passagers par an, et elle pourrait perdre environ 250 M€ de chiffre d’affaires cette année, par rapport à 2019 (CA total 444 millions d’euros). Elle est le 1er employeur de marins français. Entre 2 400 et 3 100 collaborateurs selon la saisonnalité (dont 2000 marins). 6 000 emplois indirects. 12 navires. 12 routes maritimes desservies entre la France, le Royaume Uni, l’Irlande et l’Espagne. 12 ports : Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Caen-Ouistreham, Le Havre, Plymouth, Poole, Portsmouth, Cork, Rosslare, Santander, Bilbao.