Il ne faut pas avoir peur de la vaccination : Yves Le Tulzo

13 janvier 2021 à 14h24 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

La campagne vaccinale en France a démarré la semaine passée, timidement, par les personnes les plus vulnérables face au coronavirus. Objectif atteindre le million de vaccinés d'ici la fin du mois, contre 200 000 aujourd'hui 13 janvier.

De moins en moins de français sont réticents à se faire vacciner : le dernier sondage montre que moins d'un français sur 2 désormais (47%) n'est pas très enclin à se faire vacciner contre le COVID-19. Ce qui donne une majorité de la population favorable, l'inverse d'il y a une dizaine de jours [sondage Elabe pour BFMTV, 40% sont totalement contre et 13% ne se prononcent pas.] Le Professeur Yves Le Tulzo, chef des maladies infectieuses et du service de réanimation médicale au CHU de Rennes, était l'invité ce midi de l’émission « Sur place ou à emporter » sur Hit West, pour répondre aux questions des audieurs, et de Fabien et Julie. Le médecin a d'abord donné son sentiment sur le début « poussif » de la campagne vaccinale en France, mais il est important pour lui de commencer à protéger les personnes les plus vulnérables :

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"Il y a une idée qui est très louable quand même, c'est de commencer par vacciner des gens, qui meurent actuellement... Ces gens sont ces personnes âgées dans les EHPAD. Pour organiser cela au début, ce n'est pas si simple que ça. Annoncer qu'on vaccine des dizaines et des dizaines de milliers de personnes, si ce ne sont pas des groupes à risque, c'est bien pour l'épidémie mais ça ne sauve pas des vies. L'option qui a été prise en France par le Ministère de la santé, c'est d'abord de s'adresser à des populations qui font des formes graves... C'est difficile à faire au début mais on est en train d'y arriver... Et en plus le gouvernement a été réactif  puisqu'on a étendu la vaccination aux soignants de plus 50 ans, et on va étendre très rapidement la vaccination aux personnes âgées, en ville, à partir de lundi prochain (18 janvier)."

Un avis qui va l’encontre de l’ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal, qui demandait à vacciner en priorité les jeunes.

Forte réticence dans le pays de Pasteur

Les sondages de début janvier relataient une réticence des Français face aux vaccins BioNtech / Pfizer ou Moderna. Une réticence dans le pays de Pasteur, qui s’explique peut-être par la rapidité avec laquelle le(s) vaccin(s) a (ont) été conçu(s) et fabriqué(s), mais il n’y a pas de crainte à avoir pour le Professeur Le Tulzo :

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"En fait, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce type de vaccination où l'on injecte de l'ARN, c'est quelque chose qui est étudié depuis plus de 15 ans. Cela avait été utilisé pour le Zika, cela avait été cherché pour le chikungunya, ainsi que pour Ebola ... et pour Ebola on a vacciné avec un système un peu comparable et ça a marché ... Là, les Chirnois ont produit très rapidement le code génétique qui nous intéressait dnas le virus, ce qui fait qu'il a fallu adapter les recherches préalables à cette information... Toute la recherche fondamentale qui était nécessaire avait déjà était faite. Il n'y avait plus qu'à l'adapter, faire des essais chez l'animal puis démarrer les essais sur l'homme, c'est pour ça que cela a été si vite !"

Les avantages du couvre-feu

Interrogé sur l’éventualité d’un couvre-feu généralisé à 18 heures sur le territoire, le professeur Le Tulzo rappelle que les précédents couvre-feux observés en Guyane et en amont du 2ème confinement dans certaines métropoles, avaient eu un effet positif. Il rappelle par ailleurs que de telles mesures aux effets économiques non négligeables se prennent sur la base d’études scientifiques :

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"Les réponses elles sont données par les modélisations des épidémiologistes de l'Institut Pasteur, c'est intéressant. Je crois que ce couvre-feu s'il est décidé, il nest pas décidé de façon arbitraire, mais sur la base d'études. Il faut savoir que l'on évolue dans un système de connaissances qui n'est pas solide. On est en recherche sur un certain nombre de points, on est plus en recherche sur ces sujets là, que sur l'efficacité du vaccin, où là dessus on a plus de confiance... Moi je me suis fait vacciner dès que j'ai pu le faire, en tant que soignant de plus de 50 ans. Je suis vacciné depuis maintenant 8 jours et sans effet secondaire."

Une interview réalisée par Fabien et Julie, qui animent la tranche midi-14 heures sur Hit West.