Houat et Hoedic veulent une charte pour les plaisanciers

13 août 2020 à 12h15 par Emilie PLANTARD

Les maires des 2 petites îles morbihannaises de Houat et Hoëdic tapent du poing sur la table cet été. De plus en plus, ils constatent des comportements négligents de la part de certains visiteurs, en particulier ceux qui viennent en semi-rigide, un bateau à moteur puissant, qui se loue très facilement.

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Crédit : @Instagram lise_travels

Les maires de Houat et Hoëdic contiennent régulièrement leur colère l’été. En cause, les comportements de certains vacanciers qui respectent peu l’environnement et les règles de vivre ensemble. Ils ont rencontré l’UNAN 56 (l’Union Nationale des Associations de Navigateurs) en juillet pour dénoncer cette situation. Dans le viseur de Philippe Le Fur, le maire de Houat, les utilisateurs de semi-rigides. Ils viennent passer la journée sur l’île mais ne font pas toujours attention aux règles en vigueur :

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"Ils arrivent de l’extérieur, des ports d’en face, du Crouesty, La Trinité et Port Haliguen, la plupart sont des bateaux de location, ils sont nombreux à bord puisque maintenant les Zodiacs font souvent plus de 6m, quand ils viennent à la plage sur nos îles et ils ne respectent pas la règlementation. On a la Grande Plage qui est protégée par une zone de baignade des 300 mètres et un chenal. Or, quand on voit le nombre de Zodiacs qui passent pas dans le chenal mais qui passent à côté dans la zone des baigneurs, moi ça me fait peur. Il y a quand même des gamins qui se baignent, et leurs parents et je trouve ça dangereux."

La peur de l'accident

Un phénomène de plus en plus présent depuis quelques années, qui s’explique probablement par la démocratisation de l’usage de ce genre de bateaux, qui ne nécessite que le permis côtier. Les loueurs sont nombreux sur le littoral et les utilisateurs ne sont pas toujours de grands marins…

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"Il y a aussi le non-respect de la réglementation maritime, et la plupart des gens qui louent ces Zodiacs connaissent très peu. Vous leur demandez ce que signifie un signal sur une tourelle, ils ne savent pas. C’est ça qui m’inquiète. C’est que les gens, ce ne sont pas de vrais navigateurs. Ce sont des « navigateurs du dimanche », ils ont leur permis et après, ils utilisent des engins très puissants et très dangereux."

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La particularité des îles

Un autre problème récurrent est celui des déchets. Ces visiteurs jettent l’ancre de leurs bateaux au bord de la plage, s’installent sur la plage pour déjeuner mais ne repartent pas toujours avec leurs sacs poubelles… Quand ils en ont ! Or la gestion des déchets sur une île est plus complexe que sur le continent.

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"Evidemment quand ils viennent, ils viennent pique-niquer et je ne peux pas les en empêcher, tout le monde a le droit de venir sur Houat, bien au contraire, ça fait marcher le commerce. Mais au moins quand ils partent ils ramassent leurs déchets, qu’ils ne laissent pas tout traîner. Ça arrive aussi, de plus en plus. On retrouve des sachets en haut des dunes. Ce n’est pas bien pour nous. Il y a un agent qui passe pour les ramasser et nous après les déchets on est obligés de les ramener sur le continent, ça nous coûte cher…"

Eviter à tout prix l'interdiction

Les 2 maires ont donc décidé de contacter d’UNAN56 afin de trouver une solution. L’Union des Associations de Navigateurs du Morbihan, qui réunit des associations de plaisanciers, de pêcheurs et plus globalement d’utilisateurs de la mer, envisage de sensibiliser les acteurs de la filière à cette problématique, en les faisant signer une charte de bonne conduite des plaisanciers. Son président, Christophe Roumagnac, ne tient pas à ce qu’une minorité d’utilisateurs de semi-rigides pénalise tout le monde.

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"Un semi-rigide, on passe le permis, en 3 jours on l’obtient et on peut prendre un 300 chevaux ou un 500 chevaux et effectivement ça manque d’expérience, ça manque de discipline, ça manque de respect de l’environnement. Il est absolument nécessaire de trouver des solutions parce que l’interdit ne sera pas la solution, les restrictions n’en seront pas non plus. Il faut absolument défendre la plaisance, défendre les navigateurs, défendre aussi les semi-rigides mais il faut mettre non pas une discipline mais que tout le monde se sente concerné."

Une charte de bonne conduite

Cette charte pourra inciter les différents acteurs de la plaisance à rappeler les règles de navigation, les particularités locales, le nécessaire respect de l’environnement… Christophe Roumagnac envisage de la faire signer par les directeurs de ports, les loueurs de bateaux mais aussi les compagnies qui transportent les passagers sur les îles.

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"On s’engage à faire une campagne d’information, sensibilisation direct de tous, on parle beaucoup des utilisateurs de semi-rigides mais ça nous touche tous. C’est aussi celui qui prend un bateau transporteurs de passagers qui va sur l’île. Par exemple un capitaine de bateau, si le directeur de la compagnie adhère à la charte, quand il prend le micro, il fait la visite guidée et, avant d’arriver sur une île, peut sensibiliser celui qui va débarquer sur l’île."

L’objectif est de faire appliquer cette charte sur le littoral et les îles du Morbihan dans un premier temps, mais si elle fonctionne, cette réponse pourrait bien intéresser d’autres départements, également touchés par ces comportements relâchés de l’été.